mardi 16 avril 2013

BIENTOT : INTERDIT DE DENONCER L'ABATTAGE RITUEL !


Les Etats-Unis veulent punir ceux qui dénoncent la cruauté envers les animaux




Elevage de porcs en Virginie. Crédits photo: N/A/The HSUS
Elevage de porcs en Virginie. Crédits photo: N/A/The HSUS Crédits photo : N/A

Plusieurs Etats américains veulent limiter ou mettre fin à la possibilité de filmer le sort des animaux dans les fermes d'élevage ou les abattoirs.





Un veau encore en vie auquel on retire la peau, des cochons à qui l'on donne des coups de pied dans la tête, des porcelets que l'on balance comme des sacs de pommes de terre... 

Ces images, souvent prises par des membres d'organisations de défense des animaux, donnent parfois lieu à des scandales retentissants. 

En 2008 notamment, grâce à des caméras cachées, le traitement cruel subi par des vaches en Californie a été révélé, entraînant le plus grand rappel de viande dans l'histoire des Etats-Unis et la fermeture de l'usine. 

Ce genre d'images risque toutefois de se faire de plus en plus rare dans le pays: sous la pression de l'industrie agroalimentaire, plusieurs Etats ont mis en place - ou sont sur le point de le faire - des lois criminalisant toute personne (journalistes, défenseurs des droits des animaux...) qui s'introduirait dans des fermes d'élevage pour dénoncer les violations en matière de sécurité alimentaire ou les mauvais traitements infligés aux animaux. Elles sanctionneraient également ceux qui diffusent ces images.

Des activistes considérés comme des «terroristes»

Ces lois, que le journaliste du New York Times Mark Bittman avait baptisé «Ag-gag» (pour «agricultural gag», «bâillon sur l'agriculture») en 2011, ne sont pas nouvelles. Trois Etats les appliquent déjà sous des formes diverses: l'Iowa, le Missouri et l'Utah. Mais depuis le début de l'année, plusieurs Etats semblent vouloir suivre l'exemple. Le Tennessee devrait examiner une loi en ce sens mardi, l'Indiana en passer une dans les semaines à venir.

En Californie, un texte à l'étude prévoit notamment de contraindre toute personne ayant filmé ou pris en photo des abus dans un complexe agricole de transmettre les preuves à la police dans les 48 heures, sous peine de sanctions. «Nous croyons que les membres de la communauté agricole et ceux des organisations humanitaires partagent les mêmes préoccupations concernant la cruauté envers les animaux», déclare ainsi à l'agence Associated Press le chef de cabinet de Jim Patterson (membre de l'Assemblée de l'Etat) qui présente la loi. «S'il y a abus, pas besoin de le laisser continuer le temps de faire une vidéo», ajoute-il. Et ce en ignorant l'argument des ONG selon lequel il faut parfois des mois pour mener des investigations pour déterminer s'il y a abus ou pas, et si les employés agricoles en sont complices.

Ces lois sont bien entendu soutenues par de nombreuses associations d'éleveurs. Parmi elles figure le «Animal and Ecological Terrorism Act» (AETA) , un projet qui prévoyait d'inscrire ceux qui s'immiscaient dans les fermes d'élevage sur le «registre terroriste». Un texte mis en place par le puissant think tank conservateur American Legislative Council (ALEC), soutenu par les lobbies de l'agroalimentaire. Pour les défenseurs de ces lois, ce genre de vidéo servent surtout les ambitions des «anti-viande» qui veulent que tout le monde devienne végétarien. Ils estiment qu'un individu ne devrait pas plus avoir le droit de venir filmer dans votre ferme que d'entrer chez vous pour filmer votre vie privée. 

Comme l'explique au New York Times Kelli Ludlum, de la American Farm Bureau Federation, abattre un animal, pour quelqu'un qui ne travaille pas dans ce domaine, est répugnant, même si cela est fait dans les meilleurs conditions. Et les industriels ont peur d'en pâtir, même s'ils font leur travail correctement.

«Le pouvoir de faire taire les dénonciateurs»

Les ONG comme Peta ou Human society of the United States (HSUS), quant à elles, en appellent au respect du premier amendement de la constitution américaine (qui garantit la liberté d'expression). Elles craignent surtout ne plus pouvoir combler le manque de régulation dans ce secteur. Pour Ana West, de l'ONG Human society of the United States (HSUS), à Washington, «ces lois ont pour but de provoquer un effet dissuasif sur les employés qui dénoncent les activités immorales et illégales dans les élevages industriels». Selon elle, «elles mettent le public américain en danger par l'octroi aux élevages industriels, dont le manque de transparence est déjà flagrant, le pouvoir de faire taire les dénonciateurs». 

Son ONG mène d'ailleurs une campagne contre ces lois, images chocs à l'appui. Même son de cloche chez Peta: «Les législateurs américains devraient avoir honte d'être redevables de l'industrie agroalimentaire», indique l'ONG dans un communiqué. Selon l'organisation de défense des animaux, «les législateurs devraient plutôt voter des lois pour rendre obligatoire la mise en place de caméras dans tous ces lieux». 

Comme le rappelle le Boston Globe, citant des sources officielles, 48 millions de personnes tombent malades et 3000 meurent chaque année aux Etats-Unis, des suites d'intoxications alimentaires.




  • journaliste
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