LA CHRONIQUE DE PHILIPPE RANDA
mercredi, 06 mars 2013
Dealers délogés, dealers arrêtés, mais dealers libérés…
La chronique de Philippe Randa
Il
y a comme cela des juxtapositions d’événements qui donnent à réfléchir.
Si le hasard existait, cela simplifierait tout… mais le hasard
n’existant pas, il faut bien dire que deux articles parus dans Le Figaro de ce jour sont particulièrement significatifs de l’état de la sécurité en France.
Le premier est titré « Nanterre : ils délogent des dealers de leur immeuble
»… soit l’action menée par des locataires d’une résidence des
Hauts-de-Seine : lassés d’assister au trafic qui avait lieu dans le hall
de leur immeuble, ils s’y sont regroupés tous les jours aux « heures de
bureau » des délinquants qui ont préférés, depuis, aller « trimer »
ailleurs.
« L’ancien président de l’amicale des locataires a eu l’idée de cette occupation après avoir vu un reportage sur une initiative similaire à Lille.
En janvier dernier, une cinquantaine d’habitants d’une tour HLM du
quartier de Wazemmes s’étaient en effet relayés pendant plusieurs jours
pour empêcher des dealers d’envahir leurs couloirs pendant la nuit. »
Le
maire communiste de Nanterre a bien été forcé de saluer l’initiative –
électoralement parlant, il aurait sans doute été désastreux de la
condamner –, mais en espérant bien sûr que – idéologiquement parlant, ça
« craint » – les « habitants ne s’organisent pas en milice et ne se substituent pas à la police. »
L’autre article, dans Le Figaro du même jour est titré, lui : « Dix dealers présumés libérés par erreur : la police s’indigne. »
Autre page, autre réalité de la « douce France. »
« L’erreur
de calendrier d’un juge a conduit à relâcher les membres présumés d’un
important réseau de drogue du Val-de-Marne. La police s’indigne. »
C’est ballot, tout de même, cette rigueur de la Justice qui permet ainsi à « une
fratrie de Champigny-sur-Marne, qui avait mis en coupe réglée la cité
des Boullereaux, considérée alors comme la deuxième plaque tournante du
trafic de cannabis dans la région parisienne » de retrouver l’air
libre de « Shitland », joli nom dont ils avaient eux-mêmes rebaptisé
leur cité où ils rackettaient les riverains, « leur faisant payer
parfois 10 euros pour emprunter l’ascenseur des HLM, leur prélevant
même, de temps en temps, une partie de leurs courses quand ils
rentraient du marché. »
La police, paraît-il, est écœurée : « Le
pire, c’est que ces trafiquants vont revenir parader au nez et à la
barbe des témoins, qu’ils pourront les menacer, faire des pressions de
toute sorte sur de braves gens et que rien garantit désormais qu’ils se
présenteront tous à leur procès prévu en avril. »
Écœurée
? On se demande bien pourquoi… Sauf si certains pandores craignent de
les voir également reçus en grandes pompes à l’Élysée… telle Florence
Cassez qui fut, rappelons-le, elle aussi extraite des geôles mexicaines
pour un vice de procédure…
En
tout cas, les rackettés de Shitland peuvent au moins être assurés que
leur ascenseur ne tombera jamais en panne. À 10 euros le passage, la
joyeuse bande de Justiciables de retour à l’air libre y veillera
sûrement avec une attention scrupuleuse.
Note
(1) www.lefigaro.fr, 5 mars 2013.
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