CELINE DETESTAIT BRASILLACH
Monday, March 27, 2006
Entre Céline et Brasillach
"Ferdine, tu te dégonfles" ? (Brasillach -"Je Suis Partout" 23mai 1939).
"Vous ergotez, Brasillach, je ne vous traite pas de lope, ni de salope moi, si j'avais envie de la faire, je ne choisirais pas un prétexte. J'irais vous le dire en homme et en face..." "Je vous ai dit que nous avions déjà deux procès. Faut-il que nous en prenions trente-six pour vous faire jouir, fillette ?"(Céline) (Cahiers Céline 7).
"Brasillach est un petit employé zélé de la Propaganda-Staffel, ambitieux, politiqueux, pédaleux, néronien" (Céline) (Cahiers Céline 6).
Quels étaient les liens entre les deux écrivains maudits de la Seconde
Guerre Mondiale : Céline, le docteur pamphlétaire, le misanthrope ami
des pauvres, qui bouffait du juif comme les radicaux bouffaient du
catholique mais qui consacra sa thèse universitaire à un médecin
israélite génial regrettablement oublié (Semmelweiss) ; et Robert
Brasillach, le poète fasciste, celui dont le talent dépassait largement
Aragon, sacrifié en bouc émissaire sur l’autel du totem Dogol parce que
trop talentueux pour la France gaulchévique ?
Ancien secrétaire de
rédaction de l’hebdomadaire Je suis partout (ce qui lui valut une
condamnation à perpétuité en 1947 cassée en 1952), ami de Léopold
Senghor, Henri Poulain (1912-1987) avait la chance d’être l’ami de ces
deux géants de la littérature française de l’entre-deux-guerres.
Il
rencontrera d’ailleurs sa première épouse Edith au dispensaire de Céline
où elle travaillait. Nos amis du Bulletin Célinien ont eu l’idée de
rééditer un de ses textes de 1964, La Vraie patrie des entêtés, suivi
d’une contribution de Marc Laudelout, L’Impossible rencontre où il fait
état des relations souvent houleuses entre ces deux personnalités qui ne
s’appréciaient pas du tout. Tout opposait en effet Céline et Brasillach
: le premier était un autodidacte, le second un intellectuel bardé de
diplômes. Le grand avantage de cette brochure, notamment dans les notes
en bas de pages, est de mettre fin à des ragots colportés par nos
ennemis ou les « opposants officiels ». Ainsi, Marc-Edouard Nabe en
prend pour son grade.
Le moucheron binoclard, qui est à Céline ce que
l’Olympique de Saint-Etienne est à l’ASSE, avait déclaré dans son livre
Coups d’épée dans l’eau que « Brasillach a pris Mein Kampf pour la Bible
». Or, voici l’opinion de Brasillach sur le livre de Hitler : « C’est
très réellement le chef d’œuvre du crétinisme excité où Hitler apparaît
comme une espèce d’instituteur enragé. Cette lecture m’a affligé »
(lettre à Jean Dupin, 1935). De même, il tord le cou aux mensonges de la
très talmudique Anne Kaplan, dont le père participa au génocide
allemand, dans son pamphlet sans grand intérêt Intelligence avec
l’ennemi.
Le procès Brasillach » paru chez Gallimard en 2001 : Robert
Brasillach était si peu « homosexuel » qu’il avait une tendre amie,
Marguerite Cravoisier, et de plus, contrairement à François Mitterrand,
Brasillach ne doit pas sa libération de l’oflag aux Allemands mais à
Vichy qui lui avait proposé la direction du cinéma officiel, poste où il
ne resta en place que quelques jours… Céline, c’est le self-made man,
qui a appris la vie dans les tranchées (grièvement blessé en 1914-1918,
le maréchal des logis Destouches sera décoré de la croix de guerre et
cité deux fois) et au contact des pauvres. Brasillach, c’est l’enfant
prodige, élève brillant, normalien, chroniqueur à 22 ans à L’Action
Française.
On comprend qu’il suscite les jalousies des médiocres, tel
Jérôme Garcin qui, dans Le Nouvel Obs’ du 25 octobre 2001, insulte
l’écrivain martyr dans le journal où Jean Lacouture fit l’apologie du
génocide du peuple khmer. Garcin a de la chance. Il ne mourra jamais
fusillé. On fusille les hommes, pas les cloportes… Entre Céline et
Brasillach, le malentendu date d’octobre 1932, lorsque le jeune
chroniqueur (23 ans !) préfère Les Loups, le roman du rival de Céline,
le Prix Goncourt Guy Mazeline à Voyage au bout de la nuit. Le 11 juin
1936, Brasillach massacre Mort à Crédit qu’il juge ennuyeux. Céline
éreintera Brasillach dans Bagatelles pour un massacre… que Brasillach
louera à la page 198 de Notre avant-guerre !
Brasillach était cependant
choqué par les violentes diatribes antisémites de Céline, considérant le
racisme antisémite comme « une folie pure » mais lui propose d’écrire
des articles pour Je suis partout, ce que Céline déclinera.
Le 17
février 1939, Brasillach critique le pangermanisme de Céline dans son
livre L’Ecole des cadavres où il traite notamment Maurras de juif.
Brasillach reconnaîtra cependant en 1944 la lucidité de Céline quant aux
vrais fauteurs de guerre et à la nécessité qu’il y avait alors à
l’alliance allemande.
La guerre voit Brasillach devenir lieutenant
d’infanterie en Alsace et Céline médecin à bord du paquebot
réquisitionné Le Chella. En décembre 1941, Vichy (à savoir l’amiral
Darlan) interdit le livre de Céline Les Beaux draps : « Ne tirez pas sur
le prophète » clame Brasillach dans Je Suis Partout du 10 janvier 1942.
Céline essaye de contribuer à l’hebdomadaire, mais Brasillach lui
censure la quasi-totalité de ses contributions pour cause de « délire
raciste », notamment lors de ses harangues contre les « narbonnoïdes
dégénérés », à savoir les Français de souche latine vivant au sud de la
Loire…
Le 2 août 1943, Céline écrit à Brasillach pour l’avertir,
prophète illuminé !, que le peuple français tuera non pas les Allemands
mais les gens comme eux. Leur destin va alors diverger.
Céline s’enfuit
en Allemagne puis se réfugie au Danemark.
Brasillach reste. Son ancien
camarade de classe Roger Vailland, lui conseille de fuir. « Ce n’est pas
la peine, on va m’arrêter et me fusiller. C’est vrai mais c’est aussi
bien comme ça. La boucle est bouclée ».
Il tombera sous les balles
gaulchéviques le 6 février 1945.
Pour conclure, Marc Laudelout signale
que Claude Lorne a été le premier et le seul à revendiquer sa préférence
pour Brasillach par rapport à Céline. Je conçois Céline comme un
illuminé (au sens noble du terme), un mystique de la race aux
fulgurances géniales, comme l’a été dans son domaine Adolf Hitler (que
Céline n’appréciait pas plus…), mais j’ai un soupçon de préférence pour
Brasillach, un militant qui est allé jusqu’à l’holocauste de sa vie pour
ses idées.
Henri POULAIN – Entre Céline et Brasillach – Le Bulletin Célinien – BP 70 – B-1000 BRUXELLES 22 – Belgique – 20 € - ISBN : 2-9600106-1-2
Henri POULAIN – Entre Céline et Brasillach – Le Bulletin Célinien – BP 70 – B-1000 BRUXELLES 22 – Belgique – 20 € - ISBN : 2-9600106-1-2
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