ALBION : TOUJOURS AUSSI PERFIDE !
Royaume-Uni : la droite courtise le « vote ethnique »
Le parti a identifié ce problème comme crucial en vue des élections de 2015.
Les conservateurs britanniques craignent d'être
hantés par le même problème que la droite américaine : s'ils ne
parviennent pas à séduire davantage le vote ethnique, leur existence
même est menacée.
Si l'on en croit la
chroniqueuse du « Times » Rachel Sylvester, Andrew Cooper, le conseil en
stratégie du Premier ministre David Cameron et fondateur du sondeur
Populus, a récemment fait devant les ministres du parti la démonstration
froide qu'il y avait urgence.
Ainsi, 37 % des Blancs ont voté à droite
en 2010, contre seulement 16 % des non-Blancs, et c'est un problème
qu'il faut résoudre dès avant les prochaines élections, prévues en 2015.
Le vote ethnique peut en effet faire
pencher la balance dans plus de la moitié de 80 circonscriptions
désignées comme en balance lors de cette échéance électorale. Mais
surtout, à plus long terme, la droite ne peut pas ignorer que la
proportion des Blancs diminue, les Blancs britanniques ne représentant
déjà plus la majorité à Londres, selon le recensement de 2011. La
proportion des Blancs en Angleterre et au pays de Galles (l'Ecosse a un
recensement séparé) est passée de 94 % en 1991 à 86 % en 2011. Et le
mouvement est plus marqué dans les catégories des plus jeunes.
Anthony
Wells, politologue chez YouGov, explique que les tories sont
particulièrement délaissés par les Noirs et les Asiatiques musulmans et
un peu moins impopulaires auprès des hindous et des sikhs. Il précise
que les travaillistes ont de leur côté souffert de la guerre en Irak,
particulièrement auprès des musulmans, mais semblent avoir reconquis du
terrain. Aux dernières élections, ils ont en tout cas recueilli deux
tiers du vote non blanc.
David Cameron aurait donc expliqué à son cabinet que ce sujet était « de la plus haute importance ». Le
nombre d'élus conservateurs de couleur est passé de 2 à 11 en 2010,
mais c'est insuffisant : il faut resserrer les liens avec les
organisations communautaires. L'idée a aussi été avancée d'exiger des
entreprises des statistiques ethniques de leur staff mais elle a été
rejetée comme trop chère pour elles.
Un problème d'image
Si
l'on en croit les études d'opinions, les tories souffrent avant tout
d'un problème d'image, celui d'être un parti de Blancs privilégiés
servant les intérêts des Blancs.
Les écarts racistes dans l'histoire du
parti - un fameux discours du député Enoch Powell en 1968 ou des slogans
électoraux de 1964 invitant à voter travailliste « si vous voulez un nègre comme voisin » -
restent en mémoire.
Les politiques de droite en elles-mêmes ne semblent
pas en revanche être la cause de la désaffection. Beaucoup d'Indiens
sont des petits entrepreneurs qui veulent payer moins d'impôts.
« Paradoxalement,
beaucoup d'habitants de minorités ethniques sont même en phase avec la
politique dure des conservateurs sur l'immigration, mais interprètent
comme raciste la rhétorique du parti », explique Anthony Wells.
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