mercredi 19 décembre 2012

MENTALLY RETARDED TONY BLAIR IS CONVINCED HE HAS A SOLUTION...

Tony Blair, médiateur entre chrétiens et musulmans au Nigeria


L’ancien résident du 10 Downing Street a lancé, jeudi 22 novembre 2012, une initiative encourageant le dialogue et la compréhension entre les religions. A ses côtés, l’évêque de Durham, Justin Welby, anglican évangélique, qui deviendra officiellement archevêque de Cantorbéry et second de l’Eglise d’Angleterre le 21 mars 2013, et le prince Ghazi ben Muhammad de Jordanie pour une mission sous l’égide de la Tony Blair Faith Foundation créée en 2008 par celui qui gouverna le Royaume-Uni. L’initiative a été rendue officielle le jour où Londres a inscrit Boko Haram sur sa liste noire et peu avant que la Cour pénale internationale n’accuse la secte terroriste de crimes contre l’humanité.

Depuis le début des années 2000, la tension est palpable entre musulmans et chrétiens au Nigeria, elle s’est parfois mue en importantes violences. A cela, s’ajoute le combat mené par la secte Boko Haram contre les chrétiens surtout, mais également le pouvoir, et qui a fait plus de 1 200 morts civils des deux confessions depuis 2009, année où le mouvement islamiste, accusé de crimes contre l’humanité par un rapport de la Cour pénale internationale, a commencé à attaquer les chrétiens. Dimanche après dimanche, les islamistes attaquent des églises. Si la médiation ne peut prévenir la folie meurtrière de Boko Haram, dont le nom signifie « Livres interdits » (1), elle vise à instaurer le dialogue entre les chrétiens et les musulmans de bonne volonté. C’est l’ambition de la fondation lancée par Tony Blair dont le credo est que, en travaillant ensemble pour résoudre les problèmes sanitaires ou économiques, les fidèles des diverses religions peuvent apprendre à se respecter.

La Tony Blair Faith Foundation ou la croyance en un monde meilleur
Tony Blair, anglican pratiquant qui s’est converti au catholicisme après quelques critiques sur l’appréhension de sujets de société par Rome, a été le Premier ministre britannique exposant le plus ses convictions religieuses depuis Willam Ewart Gladstone, qui fut le chef du Gouvernement à plusieurs reprises jusqu’en 1898. Time du 9 juin 2008 rapporte le témoignage d’Alastair Campbell, conseiller de Blair, suite à la tuerie, en Ecosse, de seize enfants dans une école : à la question « Que fait votre Dieu de cela ? », posée par Campbell, le Premier ministre répondit : « Ce n’est pas parce que l’homme est mauvais que cela signifie que Dieu n’est pas bon » (2).


Couverture du "Time" du 9 juin 2008
Couverture du « Time » du 9 juin 2008


« La foi fait partie de notre avenir ! La foi et les valeurs qu’elle comporte sont une part essentielle du chantier de la globalisation », selon Sir Anthony Blair, qui affichait comme première cible la malaria qui tue environ 850 000 enfants chaque année. Des lits prophylactiques, protégeant des moustiques, réduiraient ce chiffre macabre. Et c’est là que l’ancien dirigeant politique fait intervenir la religion : « Si les églises, les mosquées et les juifs travaillent main dans la main pour fournir des lits anti-insectes nécessaires pour éliminer le paludisme, combien fantastique ce serait ! Nous verrions la foi à l’œuvre, cela montrerait l’importance de la coopération entre les croyances religieuses, ainsi que ce que la foi peut faire pour le progrès » (3).
C’est cette méthode que prétend appliquer La Blair Foundation au Nigeria avec, comme but final, la paix interconfessionnelle. D’après l’organisation, les chefs religieux et les jeunes vont travailler ensemble, avec la Fondation, sur des défis communs tels que la prévention des décès liés au paludisme. L’initiative devrait « faire tomber les barrières et donner aux étudiants les connaissances nécessaires pour résister aux voix extrémistes et  à l’idéologie, afin d’aboutir à une paix durable dès la prochaine génération ».

L’ancien Premier ministre est accompagné du futur primat de toute l’Angleterre, l’évêque Justin Welby, qui a déjà visité le Nigeria a 70 reprises. Le Révérend Welby a décrit en 2007 la possibilité d’une collaboration entre chrétiens et musulmans, permettant de mieux se connaître, en prenant l’exemple de la lutte commune contre l’Apartheid en Afrique du Sud, dans un texte intitulé « La réconciliation avec l’islam est-elle possible ? » Avec eux, le prince Ghazi ben Muhammad de Jordanie qui a mené une délégation de musulmans au Nigeria du 22 au 26 mai 2012 en coordination avec une délégation  de chrétiens conduite par le Révérend Olav Fykse Tveit. La mission conjointement soutenue par la Royal Jordanian Aal Al Bayt Institute et le Conseil mondial des Eglises avait pour but de comprendre les raisons des violences religieuses depuis l’an 2000. Elle avait notamment retenu, de ses rencontres, que nombreux étaient ceux des deux côtés ne voulant pas de ce conflit. Mais Boko Haram souffle sur les braises de la haine.


L’instrumentalisation des rancoeurs par Boko Haram
Le president de l’Association chrétienne du Nigeria, le Pasteur Ayo Oritsejafor, et le sultan de Sokoto, Alhaji Muhammad Sa’ad Abubakar III, considéré comme le leader spirituel des 70 millions de musulmans du pays, ont salué cette initiative. Le primat de l’Eglise [anglicane] du Nigeria a estimé que des prédateurs politiques se servaient de la religion. Le Président Goodluck Jonathan, un chrétien, a également dénoncé les motivations politiciennes des tensions religieuses. Les causes sont diverses, économiques, politiques ou religieuses, se croisant les unes les autres.

En juillet 2012, cinquante chrétiens avaient été brûlés vifs dans la maison de leur pasteur. Si la police accuse Boko Haram, elle pointe également du doigt la complicité de bergers de l’ethnie foulanie, majoritairement musulmane. Les tensions entre Foulanis et Biroms sont habituelles et leurs raisons sont plus économiques que religieuses. Mgr Ignatius Ayau Kaigama, Archevêque de Jos et Président de la Conférence épiscopale du Nigeria, donne d’ailleurs une lecture dépassionnée du conflit : « A mon avis, le problème est de nature économique. Les pasteurs Foulanis se sentent victimes d’une injustice parce que leur bétail est tué ou volé et qu’ils ne sont pas dédommagés pour les pertes subies. Je pense que la colère dérivant de cette situation les pousse à attaquer de cette manière terrible. » Le trésorier de l’Association des éleveurs de bétail Miyatti Allah, AlHaji Husseini Sidi affirme que les Foulanis ne sont pas considérés comme des gens de cet Etat : « Quand nous sommes attaqués, personne ne réagit. Mais quand les Biroms sont ciblés, ça barde ! Nous ne sommes pas heureux de ce qui s’est passé et je peux vous assurer que nous ne les avons pas attaqués. Si quelque chose se produit, c’est habituel pour le Gouvernement de nous accuser. Si les autorités veulent que la paix dure, elles doivent nous traiter équitablement. » Si les dénégations sont largement balayées par les analyses et  les témoignages, et par les victimes et par les autorités, les accusations quant à une injustice de traitement méritent d’être prises en compte, tout en considérant que le christianisme et l’islam se retrouvent dans chacune des deux ethnies.

Le conflit politique dure, lui, depuis le début des années 2000 dans l’ensemble du pays, surtout le Nord.  En 2001, 2004 et 2008 déjà, de lourdes violences avaient endeuillé l’Etat du Plateau, majoritairement musulman, et fait plus d’un millier de victimes, la population islamique voyant d’un mauvais œil grandir la participation politique des chrétiens au niveau fédéral.  Il y a deux ans, des musulmans peuls avaient attaqué des villages et fait 500 morts, selon les autorités, dont des femmes et des enfants tués à la machette. Deux mois auparavant, en janvier, le nombre de morts avait atteint les 300. La secte Boko Haram qui n’est entrée clairement en guerre contre les chrétiens qu’en 2011 cherche à profiter des rancœurs pour bénéficier de l’aide des musulmans foulanis et donner une motivation confessionnelle à leurs crimes risquant de les fanatiser davantage.

Boko Haram et le domaine de la guerre
En 1999, avait été élu un président chrétien, Olusegun Obasanjo, déjà chef de l’Etat à la fin des années 1970. Réélu en 2003, dans un contexte de fortes crispations religieuses, Obasanjo avait cédé le pouvoir à son dauphin, le musulman Umaru Yar’Adua en 2007. A la mort de ce dernier en 2010, la présidence, déjà assumée par intérim depuis trois mois par le vice-président Goodluck Jonathan, un chrétien, est revenue à ce dernier, ensuite largement oint par le peuple lors de l’élection du 16 avril 2011. Si l’imposition de la charia dans le nord a satisfait les salafistes et même les soufis, le mouvement Boko Haram, bien que salafiste, n’était pas concerné, pratiquant une autre forme d’islam. Mais depuis l’élection de Goodluck Jonathan, la secte islamiste a orienté sa stratégie vers une lutte sans concession contre les chrétiens.

Dans l’islam, le monde est divisé en plusieurs demeures, notamment celle des soumis à la loi musulmane (le « Dar al-Islam » ou « maison de la paix, de la soumission ») et celle de ceux qui ne relèvent pas du droit islamique (le « Dar al-Harb » ou « domaine de la guerre »). Le musulman a pour devoir de conquérir ces régions et les offrir à Allah. C’est ainsi que Boko Haram, dont le nom officiel est « Jama`at ahl al-sunna li-da`wa wa-l-qital » – c’est-à-dire « Peuple engagé dans la propagation de l’enseignement du Prophète et du jihad » – croit qu’il relève de sa mission de supplanter un État considéré comme ennemi et de chasser les chrétiens de son territoire par la terreur.

Dans le tourbillon de violences, certains jeunes chrétiens veulent se venger. Parfois, aveuglés par la rage, ils tuent des musulmans innocents, ce qui entraîne une radicalisation de leurs voisins de confession islamique qui ne prenaient pas part aux actes de violence. Le jeu de Boko Haram est de pousser le Nigeria dans le gouffre de la haine mutuelle afin de chasser au plus vite les chrétiens du pays et renverser l’Etat démocratique. Le projet de la Tony Blair Faith Foundation relève peut-être du seul rêve, mais les croyants de bonne volonté pourraient, à défaut de stopper la violence, développer une compréhension mutuelle.

(1) Autrement dit, « L’éducation occidentale est un péché. »
(2) Time, Tony Blair’s Leap of Faith, 9 juin 2008, p. 26.
(3) Ibid., p. 27.
Droit d’auteur : JD Amadeus d’Aigre de Ruffec
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