lundi 24 décembre 2012

: INDONESIE : POUR LES MUZZ, TOUS LES COUPS SONT BONS !

En Malaisie, les chrétiens aborigènes sont recensés comme… musulmans


On n’arrête pas le progrès, dit-on. Parfois il faudrait mieux l’arrêter…
 Les cartes d’identité ont beau être de haute technologie en Malaisie, cela n’empêche pas qu’elles transforment des chrétiens en musulmans ! 

Un article incroyable d’Église d’Asie nous explique le pourquoi et le comment de la chose.


Dans la partie malaisienne de l’île de Bornéo, les chrétiens aborigènes, en raison de leur patronyme, continuent d’être systématiquement enregistrés comme musulmans sur leur carte d’identité.

Depuis 1999, la carte d’identité nationale, le passeport et le permis de conduire ont été progressivement remplacés en Malaisie, par une carte d’identité « universelle », la MyKad, établie sur des données biométriques.

Présentée comme le fruit d’une technologie avancée, cette carte à puce universelle d’identité contient des informations telles que la date et le lieu de naissance, le sexe, le nom des parents, l’origine ethnique, la religion, une photo et les empreintes digitales. Tout citoyen âgé de plus de 12 ans doit aujourd’hui posséder sa MyKad où sont en outre enregistrées des données confidentielles concernant sa santé. Elle permet en outre de réaliser des opérations bancaires et d’avoir accès à diverses télé-procédures administratives. L’ensemble de ces données sont tenues à jour par le National Registration Department (NRD).

Or, la MyKad, unique outil d’identification officiel des personnes aujourd’hui en Malaisie, est l’objet de nombreuses critiques depuis sa mise en place : erreurs d’enregistrement des données, manque de rigueur dans le recensement de la population (ce qui a pour conséquence « l’oubli » de plusieurs milliers de Malaisiens, qui n’ont pas de MyKad et donc aucune existence légale, etc.

Parmi ces dysfonctionnements épinglés par la presse malaisienne, la question des chrétiens aborigènes de Sabah, enregistrés systématiquement comme musulmans sur leur MyKad est aujourd’hui sur le devant de la scène médiatique.

 L’Etat de Sabah, deuxième territoire de Malaisie par sa superficie, est l’un de ceux comptant le plus de chrétiens, et ce, malgré une immigration musulmane récente en provenance de la péninsule malaisienne et d’Indonésie.

L’affaire, qui dure depuis plus de deux ans, concerne trois chrétiennes aborigènes de Pulau Banggi, dans le nord de Sabah, qui ne peuvent obtenir que soit retirée de leur MyKad la mention d’appartenance à l’islam qui leur a été attribuée par erreur. Leur cas est loin d’être isolé ; tous les chrétiens autochtones de l’Etat de Sabah ont été eux aussi enregistrés comme musulmans, et ce en raison de leur patronyme.

Les trois femmes de l’ethnie Dusun Bonggi – dont l’action en justice symbolise aujourd’hui le préjudice de l’ensemble de la communauté chrétienne de Bornéo – ont été baptisées au sein de l’Eglise protestante Sidang Injil Borneo (SIB), la plus importante communauté protestante indigène de Sabah. Mais Intim binti Lambatan, veuve âgée de 53 ans, ainsi que ses deux filles, Norina binti Nuhudan, 28 ans et Listin Nuhudan, 22 ans, sont des Bumiputra, aborigènes que le gouvernement assimile aux Malais et considère donc comme musulmans de fait.
Le NRD, auquel, comme beaucoup d’aborigènes dans le même cas, les trois chrétiennes aborigènes s’étaient adressées en premier lieu, leur avait répondu qu’il « était parfaitement fondé à inscrire en tant que musulmans les Bumiputra et continuerait à le faire tant que leurs patronymes comporteraient les termes ‘bin’ et ’binti’ », considérant visiblement ces derniers comme des preuves de leur appartenance à l’islam.

Cette confusion entre la pratique de la langue arabe et l’islam est récurrente au sein de l’administration malaisienne, comme en témoigne la polémique qui dure depuis des années sur l’utilisation du mot ‘Allah’ par des non-musulmans, et ce, bien qu’il soit attesté que ce terme, d’origine préislamique, a toujours été employé par les chrétiens de langue malaise pour dire « Dieu ».

Le Département des Affaires religieuses islamiques de Sabah (Jabatan Hal Ehwal Agama Islam Negeri Sabah – JHEAINS), saisi de la question, a consulté ses registres et constaté que les trois femmes n’étaient inscrites ni parmi les croyants musulmans, ni parmi les apostats. Il a cependant, tout comme le NRD, refusé de statuer et enjoint aux plaignantes de demander au tribunal islamique un certificat de non-appartenance à l’islam.

Ont suivi de multiples ajournements d’audience devant la Kudat Syariah High Court, dont le dernier, le 29 octobre 2012, a porté l’exaspération des chrétiens à son comble et donné le signal d’une médiatisation de l’affaire. Dès le 9 novembre, Herald Malaysia faisait sa Une sur « l’islamisation forcée des Bumiputras de Sabah par la MyKad », tandis que différentes organisations comme la Christian Fellowship Commission on Sabah Affairs (NECF-COSA) ou encore le regroupement multiconfessionnel Malaysian Consultative Council of Buddhism, Christianity, Hinduism, Sikhism and Taoism (CCBCHST), qui défend les droits des non-musulmans de Malaisie, demandaient au gouvernement d’intervenir.

Dans une déclaration adressée au ministère fédéral de l’Intérieur fin novembre, le CCBCHST pressait les autorités de Malaisie de convaincre le NRD de corriger ses erreurs sans que les victimes soient forcées de passer devant le tribunal islamique, mais aussi de reconnaître officiellement que les termes ‘bin’ et ‘binti’ étaient utilisés par les chrétiens comme les musulmans, sans connotation à caractère religieux.

Le 12 décembre, le gouvernement malaisien déclarait donner « officiellement son feu vert » au NRD pour qu’il corrige les erreurs des MyKad sans accord préalable du tribunal islamique. Une déclaration qui était accueillie avec soulagement par la Christian Fellowship Commission : « C’est un pas dans la bonne direction pour que dorénavant il n’y ait plus de confusion entre le statut de Bumiputra et celui d’une religion à Sabah », a déclaré Datuk Jerry Dusing, président de la NECF-COSA le 16 décembre, ajoutant espérer que cette avancée profiterait aux autres chrétiens en butte aux mêmes difficultés.

Parmi les différents leaders chrétiens ou militants des droits de l’homme qui se sont félicités publiquement de cette déclaration gouvernementale, Teo Chee Kang, à la tête du Liberal Democratic Party (LDP), a rappelé que le recours au tribunal islamique demandé par le NRD avait été une « absurdité constitutionnelle », étant donné que « l’application de la charia ne concernait que les musulmans ».

Evoquant également les « longueurs administratives » qui peuvent résulter de consignes générales mais peu précises, Teo Chee Kang a ensuite encouragé le gouvernement fédéral à fournir rapidement une ‘feuille de route’ au NRD, afin qu’il puisse appliquer la décision gouvernementale sans ambiguïté. 
Cette déclaration du leader du LDP intervenait alors que le NRD venait de faire savoir qu’il était dans l’impossibilité technique de « rectifier dans l’immédiat » les erreurs commises sur les MyKad. 

Source : Églises d’Asie
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