vendredi 9 novembre 2012

PERSECUTION DES CHRETIENS EN IRAN

                                                            (Le pasteur Farshid Fathi)

Arrestations en masse de chrétiens en Iran et condamnations pénales


La libération du pasteur Youcef Nadarkhani, condamné à mort pour avoir quitté l’islam, le 8 septembre 2012, sous la pression internationale, n’a été qu’une parenthèse dans la politique menée par les autorités iraniennes à l’encontre des chrétiens.

 Depuis la fin septembre, ce sont des dizaines de fidèles et  pasteurs qui ont été arrêtés. Ils rejoignent la vingtaine de chrétiens en prison depuis plusieurs mois. A ce triste bilan, s’ajoute la condamnation de trois ministres du culte et de l’épouse de l’un d’entre eux, détenus depuis décembre 2011, à un an de prison chacun. Ils devraient être libérés dans près de deux mois.

Ce ne sont pas moins de 40 chrétiens, anciennement musulmans, qui ont été arrêtés fin septembre à Shiraz et Cavarz, dans le sud du pays, selon Adyan, un média public, rapporte Farsi Christian News Network, un réseau d’information sur les chrétiens d’Iran. L’opération a été dirigée par le ministère des Informations religieuses, qui est lié aux Renseignements. Cette rafle coïncide avec le procès de cinq chrétiens qui a débuté le 15 octobre. Ils avaient été illégalement arrêtés le 8 février 2012 pendant un culte et depuis privés de leurs droits judiciaires.

Tout le mois d’octobre, les interpellations et placements en détention se sont poursuivis. Le 12, sept autres chrétiens, des fidèles du mouvement « Eglise d’Iran », ont été enfermés à la prison de Shiraz après une descente de la police pendant un service religieux dans la demeure de l’un d’eux. Exactement une semaine plus tard, deux autres chrétiens de la même dénomination ont été arrêtés. Au début du mois, des centaines de chrétiens auraient été interpellés. Cette répression accrue se situe dans un contexte de développement du christianisme, particulièrement à Shiraz. Les autorités tenteraient même de désolidariser les chrétiens par le biais d’accusations injustifiées quant à la doctrine théologique de certains qui les priverait de la qualification de chrétiens. Ils sont enfermés à la « Pelak 100 », une propriété de l’armée équipée de huit salles pour  les interrogatoires.

Critiques politiques internationales, soutien sélectif d’ONG chrétiennes
Parmi les détenus, les dix-neuf chrétiens de l’Eglise d’Iran sont des fidèles d’une communauté qui n’est pas considérée comme réellement chrétienne par diverses organisations spécialisées dans le soutien aux églises persécutées. 

En cause, le credo de la dénomination qui serait unitarien – une croyance ancienne dont le plus connu des adhérents est probablement le philosophe américain Ralph Wado Emerson – en opposition avec l’idée communément admise par la plupart des chrétiens d’un dieu trinitaire, en trois personnes. N’étant pas perçus comme chrétiens au sens classique, ces croyants n’entrent pas dans le champ de travail d’une ONG comme Open Doors ou ne bénéficient pas d’un plein soutien de sa part.

Pourtant, la lecture de la profession de foi de cette communauté ne permet pas de relever son adhésion à une théologique unitarienne. Le premier point du document révèle, au contraire, sa croyance dans le concept de trinité. Pour le pasteur Andronicus Khandjani, les chrétiens d’Occident se font manipuler par le Renseignement iranien qui joue sur la définition généralement admise du christianisme pour diviser les croyants. Des partisans de la doctrine modaliste, non trinitaire, essaient de diffuser leurs croyances au sein de l’Eglise d’Iran, et le pouvoir profite de l’occasion pour laisser entendre, lors de diverses arrestations, que les personnes interpellées sont d’obédience unitarienne. Si ces chrétiens sont négligés, car considérés comme n’entrant pas dans le champ de compétences des associations ad hoc, c’est cependant bien en tant que chrétiens que les autorités les arrêtent.

C’est cette diffusion de fausses données concernant la croyance du pasteur Nadarkhani qui l’a privé d’un certain soutien associatif. En revanche, la diplomatie n’entrant pas dans certaines distinctions théologiques, le pasteur condamné à la pendaison a pu bénéficier des pressions internationales sur Téhéran, davantage soutenues par la mobilisation des fidèles chrétiens que par celle d’Open Doors qui a plutôt suivi le mouvement en informant au bout d’un certain temps.

Le 29 octobre 2012, un groupe de parlementaires britanniques a présenté un rapport intitulé « Le harcèlement des chrétiens convertis en Iran » Leur étude rejoint les observations des rapporteurs spéciaux de l’ONU dans le pays, présentées le 20 septembre 2012. Le Rapporteur spécial pour la situation des droits de l’homme, Ahmed Shaheed, et le Rapporteur spécial pour la liberté de religion et de croyance, Heiner Bielefeldt, appellent Téhéran à « alléger le climat de peur dans lequel évoluent diverses églises, particulièrement les églises de maison protestantes évangéliques ». Les représentants des Nations unies dénombrent 300 chrétiens arrêtés arbitrairement dans tout le pays depuis juillet 2010.

Les autorités, qui essaient d’obtenir des églises les noms des fidèles, font tout pour éviter des conversions surtout en masse. The Daily Caller du 10 mai dernier rapporte que, selon l’une de ses sources, un ancien officier des services du renseignement intérieur, il y avait 30 000 dossiers concernant des convertis au christianisme pour la seule ville de Shiraz, peuplée d’un million d’habitants. 

La répression accrue sur les chrétiens de cette localité vise à contenir autant que possible par la terreur et l’exemple aussi bien les velléités de prosélytisme des chrétiens que l’intérêt des musulmans pour le christianisme, de plus en plus de jeunes rejetant l’islam

 Et si les quatre chrétiens, membres des Assemblées de Dieu de Téhéran, une dénomination protestante, récemment condamnés à un an de prison pour évangélisation n’ont pas été sanctionnés pour apostasie, ce qui aurait permis de terroriser et chrétiens et musulmans tendant à l’apostasie, il semblerait surtout que ce soit dû à la pression internationale.


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