NOTRE FOI NE NOUS APPARTIENT PAS
dimanche 18 novembre 2012
Ayez la foi de Dieu
Hier samedi, fête de saint Grégoire le Thaumaturge, étonnant faiseur de
miracle qui fait penser à Padre Pio.L'Evangile de saint Marc dans le
texte latin fait dire à Jésus : 'Ayez la foi de Dieu" (Mc 11).
Traduction habituelle des lectionnaires : "Ayez foi en Dieu". Le Christ
se serait donné loa peine de nous dire une banalité pareille ! Pas la
peine de s'incarner pour si peu ! Texte latin : Habete fidem Dei. Grec :
echete pistin Theou. Français : Ayez la foi de Dieu, la foi qui
appartient à Dieu.
Nous sommes obsédés par notre foi EN Dieu, par sa faiblesse souvent
vacillante et nous oublions "la foi DE Dieu", nous oublions que notre
foi est une vertu théologale, qu'elle a Dieu pour "auteur" comme dit
l'épître aux Hébreux (12, 2) et saint Paul ajoute : Dieu comme
"consommateur", comme réalisateur.
Fides Dei ! On comprend mieux. La
foi, notre foi est divine, divine par son origine, divine par son objet,
divine par son actualisation, par sa réalisation ultime. Cela devrait
pouvoir nous unir : notre foi ne nous appartient pas.
Nous sommes
vétilleux sur la moindre expression de cette foi ? Nous critiquons le
voisin quand il ne l'exprime pas exactement comme nous ? Ne nous sentons
donc pas propriétaire de cette foi qui vient de Dieu. Ne nous érigeons
pas trop vite en modèle normatif de la foi : Dieu seul est le modèle de
la science nouvelle que cette foi nous donne. Et l'Eglise a la charge de
nous le rappeler.
Nous avons trop souvent peur que notre foi nous échappe, qu'elle se
dissolve dans le matérialisme ambiant... Il faudrait que nous ayons peur
que notre foi nous dépasse. Il faudrait que nous nous disions de temps
en temps que nous n'en sommes pas dignes.
Nous avons trop souvent peur que notre foi soit trop petite, nous ne
connaissons pas sa grandeur divine. Nous n'aurions pourtant qu'à nous
laisser faire. La foi est le grain de sénevé qui devient un grand arbre
impossible à cacher et qui a pour vocation d'abriter tous les oiseaux du
ciel, oui : tous les paumés que nous sommes peuvent y faire leur nid,
c'est l'Evangile que nous lisons aujourd'hui.
"Ayez la foi de Dieu". Instructif est le contexte de cette parole
apparemment si simple du Christ et finalement si profonde, si nous
voulons bien nous donner la peine de la lire. Nous sommes le dimanche
des Rameaux. Jésus vit ses dernières heures de triomphe humain. Il sait
que bientôt tout sera consommé. Il maudit un figuier parce qu'il ne
porte pas de fruits. "Et pourtant, commente l'Evangéliste, ce n'était
pas la saison des figues". Le lendemain, les apôtres s'étonnent de voir
le figuier désséché, selon la malédiction que le Christ lui avait
infligé. Et la réponse du Christ est celle-ci : "Ayez la foi de Dieu".
Bien entendu le Christ n'a rien contre ce figuier. A la manière des
prophètes, il s'agit d'une leçon de choses qui est une parabole. Nous
sommes tous des saisonniers de Dieu. Nous avons naturellement des hauts
et des bas. Dans le Royaume de Dieu, il n'y a pas de saison. Il faut
être des permanents, il faut comme dit saint Paul quelque part "racheter
le temps" qui use tout ce qu'il touche, il faut faire mentir l'entropie
et devenir de vrais progressistes. En continu ! Sans nous lasser...
Sans nous laisser impressionner quand l'ordre des saisons nous est
contraire, quand le sens de l'histoire (car il existe) rame contre nous,
quand le souffle du temps semble nous mépriser.
Il y a une très belle parabole dans saint Marc, que l'on connaît peu et
que je me permets de recopier ici. Elle nous indique ce qu'il faut faire
quand ce n'est pas la saison... apparemment : "Jésus disait : le
Royaume des cieux est semblable à un homme qui jette la semence en terre
: qu'il dorme ou qu'il soit debout, la nuit et le jour, la semence
germe et grandit, il ne sait comment. D'elle-même la terre produit
d'abord l'herbe, puis l'épi, enfin le blé plein l'épi, et dès que le blé
est mûr on met la faucille car c'est le temps de la moisson" (Mc 4,
26-29).
Notre foi appartient à Dieu, il la fait germer quand il veut.
L'important ? Comme le paysan : savoir faire son bouleau quand il le
faut. Que notre inertie ne soit pas un obstacle à l'aide de Dieu.
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