mercredi 10 octobre 2012

STAGES EN SYRIE...

Dans une vidéo postée sur Internet, Yann Nsaku, interpellé samedi, raconte les étapes de sa conversion à l’islam radical. Yann Nsaku et deux autres hommes en garde à vue à Nice ont été transférés mardi au parquet de Paris.
Dans une vidéo postée sur Internet, Yann Nsaku, interpellé samedi, raconte les étapes de sa conversion à l’islam radical. Yann Nsaku et deux autres hommes en garde à vue à Nice ont été transférés mardi au parquet de Paris. | (DR.)
L'enquête se poursuit activement après les arrestations de douze personnes, samedi, lors d'un coup de filet contre une cellule islamiste radicale soupçonnée d'un acte et de projets terroristes antisémites. 
Ces douze personnes sont toujours entendues mardi par les policiers, qui recherchent également d'autres suspects. Par ailleurs, trois suspects qui étaient en garde à vue à Nice depuis samedi, parmi les 12 interpellés, ont été transférés mardi matin au parquet de Paris.
 
Les policiers ont décelé des profils inquiétants parmi ces jeunes hommes âgés de 18 à 25 ans. Des Français convertis à l'islam radical et au djihad qui ne sont pas partis s'entraîner dans des camps à l'étranger mais qui étaient prêts à mourir les armes à la main comme Jérémie Louis-Sidney, abattu  samedi lors de son interpellation.
Parmi les trois hommes transférés mardi à Paris, qui avaient été interpellés à Cannes (Alpes-Maritimes) ou au Cannet (commune limitrophe), figure tout d'abord Yann Nsaku, un Français de 19 ans, ancien espoir de football qui s'est converti à l'islam. Il connaissait Jérémie Louis-Sidney, 33 ans, soupçonné d'avoir commis un attentat le 19 septembre contre une épicerie casher de Sarcelles (Val d'Oise).
 
VIDEO. Portrait de Jérémie Louis Sidney et Yann Nsaku
 
Le deuxième homme transféré, âgé de 23 ans, est un Français d'origine tunisienne qui hébergeait Jérémie Louis-Sidney à Cannes avant son départ mercredi pour Strasbourg. 
Le troisième est un Tunisien qui se trouvait dans un des logements perquisitionnés samedi à Cannes et au Cannet. Au total, sept perquisitions ont été réalisées samedi et dimanche dans ces deux villes des Alpes-Maritimes. Cinq testaments y ont été découverts, dont ceux de Louis-Sidney et Yann Nsaku.
Les enquêteurs se concentrent toujours sur les «ramifications éventuelles» du groupe démantelé samedi.
 Une source proche du dossier indique que les enquêteurs s'interrogent sur «l'éventualité d'une piste sérieuse de filière syrienne». Plusieurs membres de cette cellule qui n'ont pas été interpellés se seraient en effet rendus en Syrie pour tenter de rejoindre des groupes jihadistes. Le leader présumé, Jérémy Louis-Sidney, aurait effectué au moins un séjour suspect en Tunisie, cette année.
La famille de Jérémie Louis-Sidney envisage de porter plainte
Au delà des investigations, la mère et la sœur de Jérémie Louis-Sidney envisagent de porter plainte pour «homicide volontaire», selon une information de France info.
 Ses proches doutent du récit fait par la police et la justice des conditions de son décès. «Le projet est en discussion», a déclaré leur avocat, Me Louis Bailing, sur Europe 1.
VIDEO. Strasbourg: l'homme tué était «proche du passage à l'acte»
Le procureur de Strasbourg, Patrick Poirret, avait expliqué samedi que les policiers entrés dans l'appartement de Louis-Sidney l'avaient trouvé «debout une arme au poing» et que l'homme avait «vidé son barillet» sur eux, touchant un policier au casque et un autre au cou, à la jonction de son gilet pare-balles.
La mère de Jérémie Louis-Sidney «a besoin, avec ses filles de connaître les circonstances exactes de la mort de Jérémie», affirme Me Bailing, précisant que le portrait du jeune homme radicalisé et prêt à «mourir en martyr», selon les mots du procureur de Strasbourg, n'est «pas du tout le profil de l'homme et du fils qu'elles connaissaient. Pour le moment, on ne s'interdit pas de déposer plainte mais on est dans la réflexion.»
Jérémie Louis-Sidney : de la délinquance au djihad
Jérémie Louis-Sidney, un converti de 33 ans, petit délinquant au casier judiciaire déjà bien fourni, est soupçonné d'être le leader présumé du groupe de douze personnes composant la cellule islamiste radicale. C'était un homme déterminé, raconte notamment l'Express. Lorsque le GIPN débarque samedi à son domicile à Strasbourg pour l'interpeller, il n'hésite pas à ouvrir le feu et tombe avec son Smith et Wesson 357 Magnum à la main sous les balles de la police.
Natif de Melun, d'origine antillaise, Jérémie Louis Sidney, surnommé «James», était converti à l'islam depuis plusieurs années.
 Son avocate du temps des petits délits, Me Djazayeri, interrogée par Le Nouvel Observateur, date cette conversion de 2009. «Il avait beaucoup changé», explique-t-elle. Alors qu'il ne lui avait jamais parlé «de religion ni de foi», lorsqu'elle le revoit pour un «contentieux l'opposant à son ex-épouse», «il ne parlait que de ça». L'homme «ne jurait que par l'islam». Une conversion progressive avec des voyages et des rencontres avec des imams dans les pays du Maghreb.
Surveillé de près et placé sur écoute au printemps dernier
Au printemps dernier, la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI) commence à s'intéresser au «cas» Jérémie Louis-Sidney. Il est classé apprenti djihadiste. Son environnement est passé au crible, et lui-même est placé sur écoute.
Son profil est «moins abouti que Merah, car aucun élément n'indique pour l'heure que lui ou ses complices aient fréquenté des camps d'entraînement en Syrie ou dans la zone pakistano-afghane» indique une source proche de l'enquête.
Sa trace ADN va être retrouvée sur la cuillère d'une grenade lancée le 19 septembre dans une épicerie casher de Sarcelles (Val-d'Oise). Cet attentat, qui avait fait un blessé léger, a été le point de départ de l'enquête. «On savait qu'il était dangereux», concèdait le patron de la Direction interrégionale de la police judiciaire (DIPJ), Christophe Allain, à la suite du coup de filet. Et d'ajouter que les policiers pensaient pouvoir l'interpeller sans violence grâce à une «minute de surprise» lors de l'intervention matinale. L'effet de surprise n'a pas suffit: le leader présumé avait prévu la visite du GIPN et les attendait de pied ferme, les mains armées.
VIDEO. Le clip de rap de Jérémie Louis-Sidney (cliquer pour vidéos)
Paradoxalement, tout ce petit monde se cachait assez peu, certains affichaient leurs convictions sur Facebook, et ne prenaient pas de précautions lors de leurs conversations téléphoniques. 
C'est le cas de Yann Nsaku, interpellé samedi à Cannes. «On sent un certain amateurisme», explique une source proche du dossier. Mais le coup de filet, et les perquisitions ont apporté «la confirmation du caractère dangereux de ce groupe»:
 «Ils avaient basculé récemment d'une logique radicale à une logique djihadiste.»
 
VIDEO. Terrorisme : mise au jour d'une «cellule» liée à l'islam radical
V.F.
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