STAGES EN SYRIE...
Dans
une vidéo postée sur Internet,
Yann Nsaku, interpellé samedi, raconte les étapes de sa conversion à
l’islam radical. Yann Nsaku et deux autres hommes en garde à vue à Nice
ont été transférés mardi au parquet de Paris.
| (DR.)
L'enquête
se poursuit activement après
les arrestations de douze personnes, samedi, lors d'un coup de filet
contre une cellule islamiste radicale soupçonnée d'un acte et de
projets terroristes antisémites.
Ces douze personnes sont
toujours entendues mardi par les policiers, qui recherchent
également d'autres suspects. Par ailleurs, trois suspects qui étaient en
garde à vue à Nice depuis samedi, parmi les 12 interpellés,
ont été transférés mardi matin au parquet de Paris.
Les
policiers ont décelé des profils
inquiétants parmi ces jeunes hommes âgés de 18 à 25 ans. Des
Français convertis à l'islam radical et au djihad qui ne sont pas partis
s'entraîner dans des camps à l'étranger mais qui étaient
prêts à mourir les armes à la main comme Jérémie Louis-Sidney,
abattu samedi lors de son interpellation.
Parmi
les trois hommes transférés
mardi à Paris, qui avaient été interpellés à Cannes
(Alpes-Maritimes) ou au Cannet (commune limitrophe), figure tout d'abord
Yann Nsaku, un Français de 19 ans, ancien espoir de football qui s'est
converti à l'islam. Il connaissait Jérémie Louis-Sidney, 33 ans,
soupçonné d'avoir commis un attentat le 19 septembre contre une épicerie
casher de Sarcelles (Val d'Oise).
VIDEO. Portrait de Jérémie Louis
Sidney et Yann Nsaku
Le
deuxième homme transféré, âgé de 23
ans, est un Français d'origine tunisienne qui hébergeait Jérémie
Louis-Sidney à Cannes avant son départ mercredi pour Strasbourg.
Le
troisième est un Tunisien qui se trouvait dans un des
logements perquisitionnés samedi à Cannes et au Cannet. Au total,
sept perquisitions ont été réalisées samedi et dimanche dans ces deux
villes des Alpes-Maritimes. Cinq testaments y ont été
découverts, dont ceux de Louis-Sidney et Yann Nsaku.
Les
enquêteurs se concentrent toujours
sur les «ramifications éventuelles» du groupe démantelé samedi.
Une
source proche du dossier indique que les enquêteurs s'interrogent sur
«l'éventualité d'une piste sérieuse de filière syrienne».
Plusieurs membres de cette cellule qui n'ont pas été interpellés se
seraient en effet rendus en Syrie pour tenter de rejoindre des groupes
jihadistes. Le leader présumé, Jérémy Louis-Sidney,
aurait effectué au moins un séjour suspect en Tunisie, cette année.
La famille de Jérémie Louis-Sidney
envisage de porter plainte
Au
delà des investigations, la mère et
la sœur de Jérémie Louis-Sidney envisagent de porter plainte pour
«homicide volontaire», selon une information de France info.
Ses proches
doutent du récit fait par la police et la justice des
conditions de son décès. «Le projet est en discussion», a déclaré
leur avocat, Me Louis Bailing, sur Europe 1.
VIDEO. Strasbourg: l'homme tué était
«proche du passage à l'acte»
Le
procureur de Strasbourg, Patrick
Poirret, avait expliqué samedi que les policiers entrés dans
l'appartement de Louis-Sidney l'avaient trouvé «debout une arme au
poing» et que l'homme avait «vidé son barillet» sur eux, touchant
un policier au casque et un autre au cou, à la jonction de son gilet
pare-balles.
La
mère de Jérémie Louis-Sidney «a
besoin, avec ses filles de connaître les circonstances exactes de la
mort de Jérémie», affirme Me Bailing, précisant que le portrait du
jeune homme radicalisé et prêt à «mourir en martyr», selon
les mots du procureur de Strasbourg, n'est «pas du tout le profil de
l'homme et du fils qu'elles connaissaient. Pour le moment, on ne
s'interdit pas de déposer plainte mais on est dans la
réflexion.»
Jérémie Louis-Sidney : de la
délinquance au djihad
Jérémie
Louis-Sidney, un converti de
33 ans, petit délinquant au casier judiciaire déjà bien fourni, est
soupçonné d'être le leader présumé du groupe de douze personnes
composant la cellule islamiste radicale. C'était un homme
déterminé, raconte notamment l'Express. Lorsque le GIPN débarque
samedi à son domicile à Strasbourg pour l'interpeller, il n'hésite pas à
ouvrir le feu et tombe avec son Smith et Wesson 357
Magnum à la main sous les balles de la police.
Natif
de Melun, d'origine antillaise,
Jérémie Louis Sidney, surnommé «James», était converti à l'islam
depuis plusieurs années.
Son avocate du temps des petits délits, Me
Djazayeri, interrogée par Le Nouvel Observateur, date cette
conversion de 2009. «Il avait beaucoup changé», explique-t-elle.
Alors qu'il ne lui avait jamais parlé «de religion ni de foi»,
lorsqu'elle le revoit pour un «contentieux l'opposant à son
ex-épouse», «il ne parlait que de ça». L'homme «ne jurait que par
l'islam». Une conversion progressive avec des voyages et des rencontres
avec des imams dans les pays du Maghreb.
Surveillé de près et placé sur écoute
au printemps dernier
Au
printemps dernier, la Direction
centrale du renseignement intérieur (DCRI) commence à s'intéresser
au «cas» Jérémie Louis-Sidney. Il est classé apprenti djihadiste. Son
environnement est passé au crible, et lui-même est placé
sur écoute.
Son profil est «moins abouti que Merah, car aucun
élément n'indique pour l'heure que lui ou ses complices aient fréquenté
des camps d'entraînement en Syrie ou dans la zone
pakistano-afghane» indique une source proche de l'enquête.
Sa
trace ADN va être retrouvée sur la
cuillère d'une grenade lancée le 19 septembre dans une épicerie
casher de Sarcelles (Val-d'Oise). Cet attentat, qui avait fait un blessé
léger, a été le point de départ de l'enquête. «On savait
qu'il était dangereux», concèdait le patron de la Direction
interrégionale de la police judiciaire (DIPJ), Christophe Allain, à la
suite du coup de filet. Et d'ajouter que les policiers pensaient
pouvoir l'interpeller sans violence grâce à une «minute de surprise»
lors de l'intervention matinale. L'effet de surprise n'a pas suffit: le
leader présumé avait prévu la visite du GIPN et les
attendait de pied ferme, les mains armées.
VIDEO. Le clip de rap de Jérémie
Louis-Sidney (cliquer pour vidéos)
Paradoxalement,
tout ce petit monde se
cachait assez peu, certains affichaient leurs convictions sur
Facebook, et ne prenaient pas de précautions lors de leurs conversations
téléphoniques.
C'est le cas de Yann Nsaku, interpellé samedi
à Cannes. «On sent un certain amateurisme», explique une source
proche du dossier. Mais le coup de filet, et les perquisitions ont
apporté «la confirmation du caractère dangereux de ce groupe»:
«Ils avaient basculé récemment d'une logique radicale à une logique
djihadiste.»
VIDEO. Terrorisme : mise au jour d'une
«cellule» liée à l'islam radical
V.F.
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