UN EXCELLENT ARTICLE DE MON VIEL AMI PIERRE JOUVENTIN PUBLIE HIER DANS "LIBERATION"
Le Conseil Constitutionnel a refusé
de condamner la corrida, ce que demandaient les associations de défense des
animaux. Le même vendredi 21 octobre en Californie, le tribunal de Los Angeles
a refusé de revenir sur son interdiction de produire et vendre du foie gras, ce
que demandaient les producteurs qui l’estimaient contraire aux lois du
commerce et donc inconstitutionnelle !
La souffrance animale était donc
condamnée au-delà de l’Atlantique le même jour qu’une plus grande encore était
encouragée chez nous.
Ce télescopage fortuit et pédagogique
relativise l’échec des anti-corridas qui sont pourtant majoritaires dans notre
pays d’après les sondages. Quand on connait la composition du Conseil
Constitutionnel, c’était plus que prévisible mais c’est néanmoins un succès en
matière de communication puisque presque tous les médias ont invité les
défenseurs des animaux à s’exprimer.
Comment se fait-il que la défense des
animaux qui fait la loi dans un pays ami soit considérée comme une lubie
sectaire chez nous ? Peu de nos compatriotes savent que, depuis quarante
ans, se développe dans les pays anglophones un mouvement dit ‘de libération
animale’ qui se veut l’héritier des mouvements anti-esclavagistes, antiracistes et féministes. Alors que chez
nous, les droits de l’homme sont opposés à ceux de l’animal, ils sont là-bas
considérés par beaucoup comme complémentaires et, dans les universités
nord-américaines, on enseigne la philosophie environnementale, l’éthique
animale et le droit animalier.
Est-ce, chez nous, un reliquat de la tradition
rurale et du cartésianisme qui niait la pensée et la souffrance animales ?
Pourtant les connaissances scientifiques, en particulier en éthologie, ont
démontré que cette vision est complétement erronée et dépassée.
Darwin a mis un siècle pour percer dans notre pays mais
tout homme cultivé sait aujourd’hui que
l’homme a une origine animale et qu’à peine plus d’1% de notre ADN nous
différencie des chimpanzés. Cela ne signifie pas que nous sommes semblables
mais que nous en sommes très proches morphologiquement… et aussi
psychologiquement.
Il ne faut pas
désespérer puisque cette année l’agrégation de philosophie a ajouté dans son
programme la relation homme/animal et, en ce moment, un livre est publié chaque
mois sur ce sujet pour combler le retard. Les politiques sont en retard sur les
citoyens qui se désintéressent de plus en plus de ces loisirs de mort, ce qui
oblige les municipalités à subventionner ces entreprises déficitaires. Claude
Lévi-Strauss qualifiait d’ ‘humanisme dévergondé’ cette opposition entre
l’homme et l’animal.
Il estimait que nous avons créé une frontière artificielle
qu’il a suffi de déplacer pour inclure dans la catégorie des êtres inférieurs
ceux que nous voulons exploiter sans problème de conscience, que ce soit la
femme, le juif, le noir ou l’animal.
Pierre Jouventin,
Directeur de
Recherche au CNRS
et auteur de ‘Kamala, une louve dans ma famille’
http://kamala-louve.fr/
http://kamala-louve.fr/
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