LE BLOC IDENTAIRE NE PEUT FAIRE ALLIANCE AVEC LES BLING BLING...
Dans sa logique de « droitisation », l’UMP emprunte moins d’idées au FN qu’au… Bloc identitaire, jugé « sarkocompatible ».
La majorité irait même jusqu’à faire des propositions indécentes au petit poucet de la droite nationale.
Le 13 février, à la suite des jugements de valeur du ministre de l’Intérieur Claude Guéant sur les civilisations, Olivier Bobineau et Sylvie Taussig, chercheurs au CNRS, ont écrit, sur le site « Saphir News », que « cette hiérarchisation des civilisations [plaçait] clairement Guéant à la droite du Front national, à proximité des différentialistes du GRECE, ou encore du Bloc identitaire »
Pour insultant que se veuille cet amalgame, il n’est pas si éloigné de la vérité.
Car à écouter Nicolas Sarkozy en campagne, on a clairement l’impression que son équipe a moins emprunté d’idées au Front national, jugé trop à gauche et trop hexagonal, qu’au Bloc identitaire, apparemment plus « sarko-compatible ». Au point qu’à l’approche des législatives, une partie de l’UMP ferait même de drôles de propositions au Bloc identitaire !
Mais parlons d’abord des idées. Les plus criants emprunts de l’UMP au Bloc identitaire sont évidemment liés à l’opposition aux prières de rue dans le XVIIIe arrondissement de Paris.
C’est à la suite de l’agitation des identitaires, en 2010, que l’UMP s’est emparée du sujet, interdisant (théoriquement) l’occupation sauvage de l’espace public. [Photo en Une : l'apéro saucisson-pinard organisé par le Bloc Identitaire place de l’Etoile à Paris le 18 juin 2010 après l'interdiction de celui qu'il avait prévu à la Goutte d'Or]
Plus symbolique, en septembre dernier, la Droite populaire (DP), branche « dure » de l’UMP, avait carrément organisé un apéro saucisson-pinard pour fêter son premier anniversaire ! Un « hommage » transparent, qui avait fait tousser.
Sur le terrain, un rapprochement conjoncturel se fit même sur la question de la légitime défense, médiatisée à l’occasion de l’affaire Papy Galinier. On se souvient du pauvre vieillard qui, en août 2010, avait fini en prison pour avoir tiré sur deux jeunes Tsiganes venues le cambrioler.
Ainsi que le notait alors le site Rue 89, « les identitaires sont parmi les plus actifs dans le soutien de “Papy la gâchette” (sic) ». Mais très vite, le député de l’Hérault Elie Aboud (UMP-DP) était intervenu. En lien avec le Comité Galinier, proche du BI, il avait visité le papy incarcéré, faisant remonter l’affaire jusqu’à l’Elysée, obtenant finalement, après deux rejets, la mise en liberté sous contrôle judiciaire de René Galinier.
Aujourd’hui, la campagne « droitière » de Nicolas Sarkozy se poursuit assez éhontément sur les thématiques du BI.
Outre la lutte contre l’immigration et l’islam, communes au Front national, les têtes chercheuses de l’UMP ont, ainsi que le notent Bobineau et Taussig, fait un hold-up sur le concept spécifiquement identitaire de « défense de la civilisation européenne ».
Il faut peut-être n’y voir qu’une coïncidence, mais il est également frappant de constater que le programme économique de Sarkozy reprend certaines idées explorées et présentées par les identitaires en décembre 2010, au colloque sur le localisme, en présence de l’économiste Hervé Juvin. Citons le protectionnisme déguisé par le biais d’une TVA sociale, la taxation des transactions financières, ou encore la relocalisation et le maintien en France de l’emploi, dont Sarkozy, pris par sa logique ultralibérale, n’avait jamais parlé auparavant.
Sans parler de copie, la sarkocompatibilité du BI est encore manifeste sur la question de la France face à l’Europe. Le Bloc identitaire bataille en effet pour un protectionnisme européen, non spécifiquement français. Et les régionalistes identitaires, hostiles à l’Etat centralisateur, sont sans doute ravis lorsque Sarkozy défend la « souveraineté européenne » par le biais de la collaboration franco-allemande (sans mauvais jeu de maux) !
Comment des élus UMP tentent de séduire le Bloc
Voilà peut-être pourquoi, sur le plan tactique, des contacts entre dirigeants du BI et représentants de l’UMP pourraient avoir lieu prochainement, au cours des Assises nationales contre le droit de vote des étrangers [Assises « La France en danger »], thématique aussi chère au Bloc qu’à la Droite populaire.
Encore plus fort : certains élus de droite, dans le Sud et l’Est de la France, auraient même proposé de financer des candidatures identitaires, avec l’objectif évident de rogner les scores du Front national.
Contacté par « Minute », Fabrice Robert, président du Bloc, ne nie pas ces contacts: « Nous ne sommes pas responsables des propositions honnêtes ou malhonnêtes que l’on nous fait ! Mais si vous savez cela, vous savez aussi que nous avons refusé. Toutefois, comme n’importe quelle formation politique, nous avons évidemment des contacts avec les autres partis, il n’y a rien d’étonnant. J’ai par exemple plusieurs fois proposé à Marine Le Pen d’envoyer des signaux – sur l’identité, l’Europe, le régionalisme, etc. – hélas, sans résultat.
Pour être clair, concernant nos relations avec les autres structures, vous devez comprendre que le BI n’est l’auxiliaire d’aucun parti: ni de l’UMP, ni du FN! »
Dans une période aussi cruciale, en terme électoral, le Bloc n’est-il pas, alors, réduit à l’impuissance ? « Nous poursuivons nos propres objectifs, sachant que la course électorale n’est qu’un moyen de mener le combat, pas un but. Nous croyons à la force des stratégies d’influence. Ainsi, nous préférons provoquer un débat et mobiliser l’attention de l’opinion publique autour des prières de rue ou de la légitime défense, plutôt que d’avoir deux conseillers régionaux impuissants dans une assemblée hostile.
Notre véritable objectif est de populariser nos opinions. Même si elles sont portées par d’autres, le plus important, c’est que nos idées s’imposent dans le débat public ! »
Lionnel Humbert
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