LES AMALGALMES
mardi 26 juil 2011
Du bon usage du fondamentalisme
Pour une fois on saluera ce matin le bon sens du frère Borloo, qui s'exprimait dans ce sens sur RTL (1)⇓.
Non la tuerie abominable, qui s'est déroulée en Norvège, ne permet certainement pas d'assimiler le geste d'un fou à ces partis qu'en Europe on appelle globalement "populistes".
À ce jour, en dehors de la rupture du personnage avec le parti de la liberté norvégienne, auquel il reproche sa modération, et son affiliation non démentie, et d'ailleurs indéniable, à la franc-maçonnerie, on ne dispose que d'une seule indication : celle du démarquage prouvé (2)⇓ de son délirant manifeste sur celui du fameux tueur psychopathe nord-américain Unabomber.
Contrairement à M. Benoît Hamon, qui s'y livre à cœur joie, on ne doit accepter dans cette affaire aucun amalgame : ni avec les francs-maçons en général, ni avec la communauté supposée des utilisateurs de Microsoft-Windows, ni avec tous les Norvégiens et Norvégiennes, ni avec tout autre groupe évidemment innocent de ce crime.
En revanche il est permis de s'interroger sur l'apparition d'un néologisme sous la plume ou dans les ordinateurs de nos incultes gazetiers.
Quelqu'un, je ne sais qui, leur a suggéré d'étiqueter le "tueur présumé" en tant que "fondamentaliste chrétien". Et on a lu et entendu en boucle et à l'envi ce non-sens sur toutes les radios, sur tous les sites internet, dans tous les médiats.
Il convient donc de faire le point sur cette expression de "fondamentalisme".
Faisons justice de ce mot, et notamment de son application à la religion mahométane. Il signifie strictement que la seule source de la foi se trouve dans l'Écriture sainte.
On l'a donc utilisé, tout à fait à tort, pour parler des "salafistes" musulmans. Au sens vrai du mot, l'islam en général ne pratique pas cette approche puisqu'il "se définit aussi par une autre source parallèle au Coran : ce sont les récits des affirmations authentiques et des manières de vivre attribuées à Mohammad. Ces récits sont dénommés hadith. Les hadiths restent largement subordonnés au Coran."
On citera ici un seul exemple, essentiel pour comprendre la relation entre musulmans et chrétiens : le fameux adage "celui qui change de religion tue-le". Dans la pratique sans être nécessairement inscrit dans la loi des 57 pays de la Conférence islamique, il n'est démenti dans aucun. Toute agression toute mise à mort du musulman qui se convertit au christianisme reste finalement tolérée.
Or, il ne s'agit pas là d'un précepte tiré du Coran mais d'une tradition, apparue elle-même au IXe siècle en Asie centrale. La seule référence scripturaire, souvent invoquée par les partisans de "l'islam tolérant" se trouverait [j'emploie ici le conditionnel car le contexte ne me paraît pas convaincant] Sourate 2 "nulle contrainte en matière de religion". (3)⇓
Le mot de "fondamentalisme" ne s'applique en fait qu'à une seule école de pensée religieuse, celle qui, au sein des églises issues de la Réforme, reprend à son compte le sola scriptura du XVIe siècle. (4)⇓
Pour les "fondamentalistes" on doit ne considérer comme autorité indiscutable que ce qui est écrit dans la Bible. C'est pourquoi par exemple une partie d'entre eux souhaitent interdire l'enseignement du darwinisme et de la Théorie de l'Évolution.
N'étant pas moi-même protestant, persuadé (5)⇓ que le christianisme doit se penser et se pratiquer en Église, reconnaissant l'autorité des Pères et la communion des Saints, je ne me sens aucun titre à parler au nom des fondamentalistes.
Mais il me semble assez clair qu'aucun chrétien, surtout fondamentaliste, ni d'ailleurs aucun juif ou aucun bouddhiste ne peut échapper à la règle absolue du "tu ne tueras pas".
À notre époque ce ne sont donc certainement pas les chrétiens qui tuent.
On ne disputera pas ici "globalement" des Croisades en général, ni de la participation des Norvégiens à cette aventure aux facettes multiples finie depuis plusieurs siècles.
Elle ne saurait être tenue pour fondamentaliste, au sens indiqué plus haut. Elle fait, par ailleurs, partie intégrante de l'Histoire de France. Le souvenir de saint Louis le dernier "roi croisé", né au ciel en 1270 en atteste. Tout cela remonte à plus de sept siècles, et notamment le pillage de Constantinople par la quatrième "croisade".
On remarquera certes que dans le fatras plagiaire du "tueur présumé" figure le Plaidoyer pour la nouvelle milice, texte fondateur des Templiers.
De manière très injuste sans doute ceux-ci furent persécutés au XIVe siècle par le roi de France et par le Pape.
Certains prétendent qu'ils servent aujourd'hui encore de référence aux francs-maçons et que les actes criminels les plus chargés de symboles de la révolution française visaient à les venger.
Soyons bon princes, pas plus que l'on n'imputera pas à Mme Joly le crime de son compatriote, on ne chargera pas de cette opprobre l'ensemble des loges maçonniques.
Non toute la gauche ne s'est pas associée à l'apologie de 1975 à 1977 des Khmers rouges par les communistes, auxquels elle était cependant alliée durant la même période. Il faut certainement condamner tous les amalgames.
JG Malliarakis
Apostilles
- RTL le 26 juin.⇑
- par les corrections du logiciel Word utilisé.⇑
- verset 256 de la sourate II⇑
- cf. sur "Les cinq 'soli' des Réformateurs 1. Sola Scriptura".⇑
- ce qui peut paraître le contraire du "sola scriptura" [voir "commentaires"].⇑
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