vendredi 22 avril 2011



Pour le Jeudi saint, Benoît XVI médite sur les actes de Pierre

Le pape a présidé la messe de la Cène jeudi 21 avril en la basilique Saint-Jean de Latran à Rome C’est à la basilique Saint-Jean-de-Latran, à Rome, que Benoît XVI, ce Jeudi saint 21 avril à 17 h 30, a célébré la messe de la Cène. Le même jour, à 9 h 30 à Saint Pierre de Rome, devant 1 600 prêtres du diocèse de Rome, il a célébré la messe chrismale, bénissant les huiles destinées au baptême, au sacrement des malades et à la confirmation. C’est ce jeudi soir, à proprement parler, que débute le Triduum pascal, qui doit être compris non comme trois jours de préparation à Pâques, mais comme la célébration de Pâques durant trois jours, comme prend soin de le préciser le Bureau des célébrations liturgiques, au Vatican. Durant cette célébration, Benoît XVI a lavé les pieds de douze prêtres du diocèse de Rome, rappelant le geste effectué par Jésus sur ses apôtres. Les dons recueillis durant cette célébration seront transmis aux victimes du tremblement de terre au Japon.

Accent personnel

Dans son homélie, Benoît XVI, a insisté sur « une supplique que, selon Jean, Jésus a répétée quatre fois au cours de sa Prière sacerdotale. Combien a-t-elle dû le préoccuper en son for intérieur ! Elle reste constamment sa prière au Père pour nous : c’est la prière pour l’unité. Jésus dit explicitement que cette supplique n’est pas valable seulement pour les disciples présents à ce moment-là, mais qu’elle concerne tous ceux qui croiront en lui (cf. Jn 17, 20). Elle demande que tous soient un ‘comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi, afin que le monde croie’ (Jn 17, 21) ». Cette « supplique » correspond à un axe fort du pontificat de Benoît XVI. Pour lui, elle ne peut se concevoir « que si les chrétiens sont intimement unis à lui, à Jésus. Foi et amour pour Jésus, foi dans son être un avec le Père et ouverture à l’unité avec lui sont essentiels. Cette unité n’est donc pas seulement quelque chose d’intérieur, de mystique. Elle doit devenir visible, visible au point de constituer pour le monde la preuve que Jésus a été envoyé en mission par le Père. » Donnant un accent personnel à son homélie, au sixième anniversaire de son élection, Benoît XVI a poursuivi, évoquant Satan cité par Luc dans la prière de Jésus pour l’unité : « Simon, Simon, voici que Satan vous a réclamés pour vous cribler comme le froment ; mais moi j’ai prié pour toi, afin que ta foi ne défaille pas. Toi donc, quand tu seras revenu, affermis tes frères » (Lc 22, 31s).

Lecture critique des attitudes de Pierre

C’est bien le successeur de Pierre qui s’exprime : « Aujourd’hui nous constatons de nouveau avec douleur qu’il a été concédé à Satan de cribler les disciples, de manière visible, face au monde entier. Et nous savons que Jésus prie pour la foi de Pierre et de ses successeurs. Nous savons que Pierre qui, à travers les eaux agitées de l’histoire va à la rencontre du Seigneur et risque de couler, est toujours à nouveau soutenu par la main du Seigneur et guidé sur les eaux. ». Le pape se livre alors à une véritable lecture critique des attitudes de Pierre : « Jésus prédit à Pierre sa chute et sa conversion. De quoi Pierre a-t-il dû se convertir ? Au début, lors de son appel, effrayé par le pouvoir divin du Seigneur et par sa propre misère, Pierre avait dit : ‘Éloigne-toi de moi, Seigneur, car je suis un homme pécheur !’ (Lc 5, 8). À la lumière du Seigneur, il reconnaît son imperfection. C’est précisément ainsi, dans l’humilité de celui qui se sait pécheur, qu’il est appelé. Il doit toujours retrouver à nouveau cette humilité. Près de Césarée de Philippe, Pierre n’avait pas voulu accepter que Jésus ait à souffrir et à être crucifié. Cela n’était pas conciliable avec l’image qu’il se faisait de Dieu et du Messie. Au Cénacle, il n’a pas voulu accepter que Jésus lui lave les pieds : cela n’allait pas avec son idée de la dignité du Maître. Au Jardin des Oliviers, il a frappé de son glaive. Il voulait démontrer son courage. Cependant, devant la servante, il a affirmé ne pas connaître Jésus. À ce moment-là, cela ne lui semblait qu’un petit mensonge, pour pouvoir rester près de Jésus. Son héroïsme s’est effondré à cause d’un jeu mesquin pour une place au centre des événements. »

Un grand réconfort de savoir que tous prient pour le pape

Et Benoît XVI développe alors une comparaison qui lui tient à cœur, en utilisant un « nous » qui se veut plus collectif que de majesté : « Nous tous, nous devons toujours à nouveau apprendre à accepter Dieu et Jésus-Christ tel qu’il est, et non tel que nous voudrions qu’il soit. Nous aussi nous avons du mal à accepter qu’il se soit lié aux limites de son Église et de ses ministres. Nous non plus nous ne voulons pas accepter qu’il soit sans pouvoir en ce monde. Nous aussi nous nous cachons derrière des prétextes, lorsque notre appartenance au Christ devient trop coûteuse et trop dangereuse. Nous tous nous avons besoin de conversion pour accueillir Jésus dans son être-Dieu et son être-Homme. Nous avons besoin de l’humilité du disciple qui observe la volonté du Maître. En cette heure, nous voulons le prier de nous regarder nous aussi comme il a regardé Pierre, au moment propice, avec ses yeux bienveillants, et de nous convertir. » Enfin, le pape reprend son bâton de pèlerin pour un ultime remerciement : « Chers amis, pour le pape c’est un grand réconfort que de savoir qu’au cours de chaque célébration eucharistique, tous prient pour lui ; que notre prière s’unit à la prière du Seigneur pour Pierre. C’est seulement grâce à la prière du Seigneur et de l’Église que le pape peut accomplir sa tâche d’affermir ses frères, de paître le troupeau de Jésus et de se porter garant de cette unité qui devient témoignage visible de la mission de Jésus de la part du Père. »
FRÉDÉRIC MOUNIER, à Rome
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