Extrait de www.les4verites.com « Lorsque Mozart écrivit en 1782 l’Enlèvement au Sérail, opéra basé sur un scénario dans lequel 4 gentils Européens tentent d’échapper aux griffes de deux caïds à la fois musulmans et Turcs, il ne pouvait pas deviner que, 224 ans plus tard, les metteurs en scène se trouveraient obligés de composer avec le politiquement correct du moment, inspiré notamment par l’islamisation de l’Europe et les préparatifs d’entrée de la Turquie dans celle-ci. On n’y est donc pas allé de main morte à Salzbourg en 2006 (Représentation qui fut retransmise samedi 8 mai à 20 H. 30 sur la chaîne Mezzo), puisque, en sus des traficotages de livret pour faire disparaître les allusions au Prophète, les deux méchants (Osmin et Sélim Pacha) ont été purement et simplement représentés sous l’uniforme d’ecclésiastiques catholiques, avec soutane, barrette de chanoine sur la tête et crucifix en sautoir ! Un seul bémol dans cette musique : aucun indice ne permettait au spectateur de savoir si les deux Pacha-moines étaient pédophiles … » Jean-Luc ESCOFFIER MAI 2010  Les étés passent, mais les opinions du public salzbourgeois ne semblent pas s'adoucir. La controversée mise en scène de l'Enlèvement au Sérail par le Norvégien Stefan Herheim, copieusement chahutée lors de sa création en 2003, suscite toujours autant l'ire des festivaliers, qui manifestent bruyamment leur désapprobation en ce soir de dernière. Il faut bien le reconnaître, c'est sans grande surprise que les huées fusent, une fois le rideau final tombé sur cet « Enlèvement au Sérail » salzbourgeois, qui n'a de turc que le titre ? et les airs. L'équipe dramaturgique, appelée sur scène par le chef Ivor Bolton dans un geste inattendu pour une représentation de clôture, essuie d'un coup la frustration d'un public qui a perdu tous ses repères avec cette reconfiguration complète du premier « Singspiel » mozartien à s'être imposé au répertoire. Mais le problème de cette production semble être essentiellement du domaine du vocabulaire. Des dialogues originaux, nulle trace ici. C'est sur des bases entièrement nouvelles, ou du moins étrangères à ce qu'a connu le public de Mozart, que s'articule le spectacle que nous proposent Stefan Herheim et son complice Wolfgang Willaschek. Spectacle qui, osons l'affirmer au risque de provoquer nombre de crises d'urticaire, nous apparaît d'une valeur et d'un intérêt certains, même si sa trame peut sembler éculée ; nous sommes d'avis qu'elle donne plutôt lieu à un témoignage actuel probant. À l'origine du monde et de sa chute, le désir ; puis l'amour, le sexe, l'impossibilité de la communication, la violence, l'opposition du masculin et du féminin, la dislocation des identités sexuelles, le renoncement, et finalement le néant. On pense à Ibsen, à Strindberg aussi : rien de très réjouissant, en somme, et rien pour faire rire un public d'opéra qui demeure, globalement, parmi les plus conservateurs de la planète. L'équation est connue : à propos dérangeant et antinomique du confort artistique bourgeois, réaction violente et irrité Iconographies et costumes d’un autre temps…  | France 2006 250ème anniversaire de sa naissance Constance, personnage de l'opéra "L'Enlèvement au Sérail". |    Aujourd’hui ?   Lire… A Bruxelles Fernand Bernadi dans « L'enlèvement au Sérail » de Mozart dirigé par Christophe Rousset et mis en scène par Deschamps et Makeïeff Singspiel en trois actes, texte d'après une pièce de Christoph Friedrich Bretzner adapté par Stéphanie Le Jeune ; créé le 16 juillet 1782 au Burgtheater, Vienne http://philippe.gorlier.site.voila.fr/french/Travaux_serail.htm L’œuvre a pour titre véritable Belmonte et Constance ou l’Enlèvement au sérail : l’intérêt y est centré sur la libération des amants de la tyrannie d’un oppresseur puissant, le pacha Selim. Élu opéra de l’année 2003 par la revue Opernwelt, cette production de L'enlèvement au sérail met en avant le côté léger et plaisant de l’œuvre de Mozart. Ici, pas question de confronter deux cultures ou deux systèmes politiques : les senteurs d’Orient ne sont chargées que de sensualité et d’exotisme. Dans la mise en scène de Christof Loy, l'opéra devient un conte sur l’amour et un jeu autour de la figure du trio : Konstanze et Blonde ne sont pas enfermées dans le sérail, mais tiraillées chacune entre deux hommes et prisonnières de leurs sentiments… http://www.arte.tv/fr/accueil/recherche/667392.html Le contexte politique L’Empire ottoman et l’Occident Au début du XVIIème siècle, l’Empire ottoman était le plus puissant du monde. Au centre était la Turquie actuelle. L’empire s’étendait du sud de la Hongrie jusqu’à Jérusalem, en passant par La Mecque, le Caire, et jusqu’aux frontières de l’Algérie. L’Empire ottoman tenta de pousser ses frontières jusqu’à l’Autriche. Ils assiégèrent Vienne pour la première fois en 1529, puis en 1683. A son apogée, l’Empire ottoman se distinguait par un pouvoir central fort, une grande puissance militaire, et une immense richesse. Les années 1600 marquèrent le début d’un long et irrémédiable déclin qui conduira finalement à la dissolution de l’Empire, près de 300 ans plus tard, après la Première Guerre Mondiale. La puissance, le pouvoir et la richesse de l‘Empire reposaient sur ses incessantes conquêtes. Au XVIIème siècle, l’Empire avait atteint sa plus grande taille historique, et les nouvelles conquêtes s’étaient réduites. Sans nouveaux territoires, l’Empire dut faire face au déclin de ses réserves d’argent, de son pouvoir et de la confiance générale. Les chefs de file ottomans tentent alors de prendre d’assaut Vienne pour la deuxième fois consécutive en 1683, espérant que cette victoire rendrait sa gloire à l’Empire en déclin. Mais les armées ottomanes durent faire face à une coalition des forces européennes. L’échec du siège de Vienne était le premier signe visible—pour ses adversaires—des limites et fragilités de l’Empire. Plusieurs autres défaites suivirent. Les Autrichiens reprennent alors la Hongrie. En 1600, le traité de Karlowitz ramène la paix dans les frontières nord ouest—en échange de la péninsule des Balkans, longtemps sous domination ottomane. Du temps de Mozart, les Ottomans (« Turcs ») n’étaient plus une réelle menace pour les Viennois—mais l’avaient été dans une mémoire récente. Les janissaires Les janissaires étaient des soldats d’élite, de l’infanterie ottomane, qui appartenaient à la garde du Sultan. Sous domination ottomane, les communautés chrétiennes, en premier lieu celles des Balkans, devaient chaque année remettre un certain nombre de jeunes garçons âgés entre 8 et 15 ans. Les enfants qui faisaient preuve davantage de force et d’intelligence étaient choisis par le Sultan et intégraient l’école du palais, où ils étaient convertis à l’Islam, et recevaient la meilleure éducation classique : enseignement des langues, de la littérature, de l’histoire, des arts libéraux et militaires. Les plus brillants élèves, à la fin de leurs études, étaient placés dans le gouvernement à des postes importants et influents, où ils pouvaient s’élever au rang où leur talent et ambition les menaient. Les enfants qui n’intégraient pas l’école du palais recevaient une excellente formation militaire et étaient convertis à l’Islam, immergés dans la culture traditionnelle turque. Ils devenaient « janissaires », le corps militaire d’élite du sultan. Leurs vies étaient entièrement dédiées à l’armée, ils vivaient dans des baraquements tous ensemble, ne pouvaient pas posséder de terres, ni se marier, ni exercer une autre activité. Ils étaient célèbres pour leurs prouesses militaires, ainsi que pour la musique entraînante qu’ils jouaient pendant les combats. La musique des janissaires Les Viennois entendirent sans doute la musique des janissaires pendant le siège de Vienne en 1683, et durent être marqués par son impressionnant et percutant pouvoir. Ces ensembles étaient premièrement formés de percussions—tambourins, cloches, triangles, cymbales, etc. Au XVIIIème, le musicologue allemand Christian Schubart, écrivit au sujet de cette musique : « aucun autre genre de musique ne requiert autant de fermeté, de décision, et une prédominance aussi affirmée du rythme. Le premier temps de chaque mesure est si fortement marqué, qu’il est presque impossible de perdre le rythme.» En 1820, le roi de Pologne reçut du Sultan ottoman un ensemble de janissaires. (Stanislas II Augustus fut le dernier roi de Pologne de 1764 à 1795... Note des Manants du Roi)) Bientôt, tous les souverains d’Europe, de la Russie à l’Angleterre, se démènent pour avoir leur propre ensemble et le faire défiler pendant les parades militaires. Ces ensembles sont en fait les ancêtres de la section de percussions de l’orchestre symphonique moderne, où se retrouvent le tambour, les cymbales et les triangles, qui sont aux sources de la musique des janissaires. Les efforts des compositeurs pour intégrer les sons percutants de ces ensembles—en premier lieu dans les partitions inspirées de musiques traditionnelles turques—se traduisent par un reconnaissable « style turc », fin du XVIIème, début XVIIIème siècle. Le style consiste en une marche à 2/4, une pédale tonique, beaucoup de percussions, une ligne mélodique agrémentée de notes d’une gracieuse dissonance, et d’harmonies simples. En fait « les effets à la Turc » étaient si populaires du temps de Mozart que les fabricants de piano en réponse à cet engouement équipèrent certains instruments de cloches, tambourins, et cymbales. Le Chœur des janissaires dans l’Enlèvement au sérail, est un brillant exemple du « style turc ». La lubie turque en Europe Après le siège de Vienne en 1683, la figure du Turc devient très populaire à travers toute l’Europe. Les Européens sont fascinés parce qu’ils s’imaginent être la culture turque : l’univers du harem, les soieries, le narguilé, et les tortures horribles infligées à l’ennemi. Dans les bals costumés, le « Turc » est le déguisement à la mode, et les personnages de Turcs font leur apparition au théâtre comme à l’opéra. « L’Enlèvement au sérail » vient s’ajouter à d’autres pièces très populaires à l’époque auxquelles les dramaturge Bretzner et librettiste Gottlieb Stephanie empruntèrent certaines idées. Par exemple « Le Sultan, ou un Intrus dans le sérail » met en scène un tyrannique intendant de harem nommé Osmin et une jeune femme anglaise, qui ressemble pour beaucoup à Blonde. De son côté, « L’esclave libre » met en scène un personnage turc, Selim, qui retient prisonnières deux jeunes européennes. Singspiel En Autriche du temps de Mozart, Singspiel était utilisé comme un équivalent du terme italien «Opera». Il est intéressant de noter que « L’Enlèvement au sérail » a été écrit pour le nouveau théâtre fondé par Joseph II pour encourager la représentation d’opéras en allemand—malgré la préférence des Viennois pour l’opéra italien. Ce n’est qu’au début du XIXème siècle que Singspiel est employé pour désigner des oeuvres plus courtes et plus légères. http://books.google.fr Lire… « L’Enlèvement au Sérail » An II, ou comment persévérer dans l’erreur |
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