POUR "MINUTE", "MARCHANDS ET RACAILLE" C'EST KIF KIF - POUR JPPS, C'EST "PETITS COMMERCANTS ET RACAILLE" !

Pour les marchands comme pour la racaille
Pas de pitié pour les salauds de pauvres
Mailorama avait annoncé une distribution de billets de banque au Champ-de-Mars. Annulée au dernier moment, la manifestation s’est transformée en émeute. Un immense bravo au préfet de police. Et aux organisateurs pour qui la seule valeur, c’est celle de l’argent. Si rien d’autre ne compte pour eux, c’est pareil pour la racaille. Dans leurs rêves, ils n’ont que des dollars. Ils étaient faits pour se rencontrer.
Stéphane Boukris peut être satisfait. Il a réussi à faire parler de lui et, ce qui est encore plus important, de la société dont il est le directeur commercial. Ce jeune homme pressé (de gagner beaucoup d’argent), à droite sur la photo en une de « Libé » (avec les deux billets de 50 euros à la main), avait déjà fait parler de lui en début d’année avec un autre site intitulé faismesdevoirs.com. Les enseignants avaient hurlé à la triche, à l’incitation à la fainéantise, et lui s’était frotté les mains de concert avec son banquier. La morale ? Qu’est-ce que c’est que ce truc ringard ?
En fait, il sait très bien ce que c’est. C’est même grâce à elle qu’il réussit à gagner très confortablement sa vie. Grâce à la morale et à moins malin que lui. En jouant contre l’une et en se jouant des autres, de tous ceux qui croient qu’une « offre commerciale » leur permettant, peut-être, d’obtenir quelque gain n’enrichit pas beaucoup plus celui qui à l’origine de l’offre. Lors du lancement de faismesdevoirs.com, Boukris l’avait reconnu : « La polémique tourne autour de [la triche] et on en joue avec notre nom provocateur. » Il était ravi jusqu’à ce que la polémique enfle et dépasse ses prévisions. C’est comme cela avec le buzz : une fois qu’on l’a suscité, on ne le maîtrise plus, et ses conséquences non plus. Xavier Darcos, alors ministre de l’Education nationale, avait fini par se dire « choqué » par ce « marché du moindre effort », se disant « scandalisé » par « cette conception du mercantilisme appliqué à l’école ».
Le site avait fini par fermer et, sur la page d’accueil de faismesdevoirs.com, on peut encore lire : « Nous avons eu l’idée de mettre à disposition des internautes un outil pédagogique innovant. Nous tenons à vous présenter toutes nos excuses dans la mesure où nous réalisons à ce jour à quel point ce site va à l’encontre de nos propres valeurs. Enfin, nous souhaitons faire en sorte que les générations futures soient meilleures que les précédentes, et FaisMesDevoirs.com ne pourra en rien y contribuer. Les nouvelles technologies doivent servir à nous améliorer et non à nous assister. » Plus écœurant, tu meurs. De l’art de faire croire à la contrition et à la repentance pour mieux préparer l’opération suivante. Encore plus abjecte.
La seule valeur : celle des billets de banque
Le scandale de faismesdevoirs.com se déroula en février-mars 2009. Le site aurait-il fermé en cet automne ? Pas si sûr. Car depuis a germé l’idée, dans des cerveaux à priori pas formatés par des écoles de commerce, de rétribuer les élèves en fonction de leur assiduité – sans pousser la logique, ce qui aurait pu faire rire, jusqu’à proposer de leur ponctionner leur argent de poche à proportion de leur absentéisme. Le fond du problème des émeutes qui se sont déroulées samedi dernier à Paris est bien là : la seule, l’unique « valeur » que notre société post-nationale ait à proposer est la valeur faciale des billets de banque.
Car ce ne sont pas les pauvres qui se sont soulevés samedi, ce ne sont pas les miséreux qui s’en sont pris à des symboles de l’opulence ou qui ont tout simplement pillé pour se nourrir et se vêtir, c’est la racaille, qui mange à sa faim, qui s’habille de fringues de marques, mais qui rêve du mirage américain, l’effort en moins, considérant que tout ce qu’elle voit sur TF1 lui est dû, et qui n’a d’autre ambition dans la vie que de s’emparer des richesses qu’elle est incapable de créer. Et qui méprise les pauvres, en vertu d’un individualisme forcené ou d’un communautarisme solidement ancré – ce qui revient au même puisque les vrais pauvres, il suffit de déambuler dans les rues de Paris pour le voir, n’appartiennent pas à la communauté dont ils sont issus.
S’ils méprisent les pauvres, aussi, c’est parce qu’ils sont Blancs, Français de souche, « souchiens » comme ils disent, et qu’un « souchien » terrassé par la pauvreté ne peut pas être respecté. Il ne vaut rien, moins encore qu’un Boukris qui, lui au moins, connaît les solutions pour « niquer » moins fort que lui. Pour faire de la thune. Pour s’acheter de belles bagnoles et avoir des gonzesses comme à la télé – car les femmes, n’est-ce pas, c’est comme le reste, ça s’achète. Ces « jeunes » qui ont tout cassé, qui ont tabassé, qui ont renversé des voitures, y’en avait-il vraiment qui étaient venus parce qu’ils avaient besoin, vraiment besoin, d’un tout petit peu d’argent ? Pas un. Pille-t-on les magasins d’alimentation pour lancer la nourriture sur les forces de l’ordre quand on a faim ? Vole-t-on des oranges […]
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