MINUTE : L'HEBDOMADAIRE POLITIQUEMENT INCORRECT
Avant-première – Minute n°2434
du 11 novembre 2009 :
Le coup de force de Sarkozy contre les français de souche
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Le coup de force anti-français de Sarkozy
Identité nationale : le débat interdit
Un débat sur l’identité nationale ? Mais quel débat ? Contrairement à ce qu’il nous fait croire, Eric Besson n’a lancé aucun débat sur l’identité nationale. Il applique juste la feuille de route que lui a assignée Nicolas Sarkozy et dont il partage l’objectif : faire de la France un pays métissé dans lequel « l’expression Français de souche aura disparu ». Avec des méthodes dignes d’un régime totalitaire.
La vie politique française a ceci de lassant qu’elle est dotée d’un rythme propre, de plus en plus rapide, qui ne laisse pas à ses acteurs – terme malheureusement parfaitement approprié – le temps de la réflexion, un rythme qui n’a plus rien à voir, comme à peu près tout ce qui régit notre société, avec le rythme naturel de la vie et de la pensée humaines. Aussi tout le monde s’est-il engouffré dans le piège tendu par Eric Besson sans prendre le temps – l’une des valeurs humaines qui devraient compter plus que tout – de chercher à en comprendre les tenants et aboutissants, les plus méfiants n’y voyant qu’une manœuvre électoraliste à quelques mois des élections régionales, aspect qui n’est qu’une facette de la manipulation et pas la plus grave. Comme toujours, pour comprendre où l’on veut nous mener, il faut situer l’événement dans son contexte historique ou du moins dans sa continuité politique.
Sa vraie « rupture », c’est avec la France
Or ce que le ministre de l’Immigration, de l’Intégration, de l’Identité nationale et du Développement solidaire présente comme un « débat » n’est en fait que l’application, stricto sensu, d’une part de la « lettre de mission » que lui a adressée le chef de l’Etat, et qui n’a pas le moindre rapport avec une quelconque volonté de définir l’identité nationale de la France, d’autre part du désir de Nicolas Sarkozy d’en finir avec ce que le général De Gaulle, dont il s’est réclamé de façon ignominieuse durant la campagne présidentielle, appelait une « certaine idée de la France » (s’attirant d’ailleurs cette très belle réplique de François Mitterrand : «La France, je n’ai pas besoin de m’en faire une idée, je la vis.»).
Mais quelle que soit l’approche, intellectuelle chez De Gaulle, sensitive chez François Mitterrand – et quelles que soient la politique que chacun a menée –, ils avaient tous deux ce point commun de se sentir investis d’une mission inscrite dans une histoire de France qu’ils connaissaient et qu’ils aimaient puisqu’ils savaient qu’elle les avait faits tels qu’ils étaient. Si l’un et l’autre – De Gaulle en 1958, Mitterrand en 1981 – ont procédé à une « rupture », elle n’était en aucun cas une rupture avec la France mais une rupture au nom de l’intérêt qu’ils se faisaient de celle-ci – et de l’intérêt qu’ils portaient aux Français et à leur avenir. Et comme, de plus, ils pensaient l’un comme l’autre écrire l’Histoire, il ne leur serait pas venu à l’idée un instant de ne pas s’inscrire dans l’histoire de France.
La « rupture » prônée par Nicolas Sarkozy durant sa campagne présidentielle est d’un tout autre ordre. Elle n’est ni de l’ordre gaullien (rupture institutionnelle qui conduit en fait la France à renouer avec sa tradition monarchique et à retrouver la faculté d’influer sur le cours de son histoire), ni de l’ordre mitterrandien (tentative de rupture plus complexe et personnelle autant que politique que François de Grossouvre, qui fut son compagnon puis son conseiller, résumait à peu près en ces termes : « Si j’ai suivi François Mitterrand, c’est qu’il était le seul à même de réconcilier les Français [sous-entendu : des blessures nées des années 1940] et de réduire le Parti communiste »).
Pour en finir avec les Français de souche
La « rupture » de Nicolas Sarkozy n’est pas de celles qui consistent, comme les deux évoquées, à vouloir replacer la France dans sa continuité ni à permettre aux Français de se retrouver. C’est une rupture avec la France. C’est une rupture avec toute son histoire. C’est une rupture avec tout, absolument tout ce qui a fait la France depuis des millénaires, soit avant même que la France ne soit la France. C’est une rupture avec toutes les strates sur lesquelles ce « cher et vieux pays » s’est construit. C’est la déconstruction méthodique et voulue de ce pays qui, dans un moment d’égarement collectif, l’a porté au pouvoir et dont la convocation de la Psychologie des foules de Gustave Le Bon ne suffira pas à en comprendre tout de suite les raisons.
Nous avions titré notre numéro 2266 du 19 juillet 2006 (ci-contre) : « Sa France n’est pas la nôtre ». Nicolas Sarkozy, candidat à la présidence de la République, venait de publier un livre, Témoignage (1) , dans lequel il exposait ses projets pour le pays. Il avait fait grand bruit. Nous, nous l’avions lu. Et c’est parce que nous l’avions lu que nous écrivions en préambule ceci :
« Le livre que vient de publier Nicolas Sarkozy révèle jusqu’où le président de l’UMP est prêt à aller dans sa démarche de “rupture“. Ce qu’il propose, c’est tout simplement de rompre avec la France – tout en prétendant, bien sûr, pouvoir la sauver. C’est en fait à l’assaut d’un pays qu’il ne connaît pas que Nicolas Sarkozy s’est lancé, et qu’il pourrait bien détruire. » (2)
Qu’écrivait Nicolas Sarkozy qui justifiait une telle opposition de notre part ? Que « notre politique d’intransigeance […]
Bruno Larebière
(1) Témoignage, éditions XO, 2006.
(2) Qu’on me permette une confidence personnelle, qui éclairera peut-être les crétins (ils se reconnaîtront) qui croient que « Minute », et moi en particulier, roulons pour Nicolas Sarkozy : c’est en juillet 2006, après avoir lu et relu cet ouvrage tellement j’étais ébahi par ce que j’y trouvais, que j’ai décidé que je ne voterais jamais pour Nicolas Sarkozy. Quel que soit le candidat face auquel il se trouverait opposé au second tour. Ça valait pour 2007, ça vaudra pour 2012 – et ça, ça n’engage que moi et pas « Minute ».
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