lundi 12 octobre 2009

RIOUFOL : "POURQUOI JE DEFENDS MITTERAND"

Beaucoup de commentaires, ici même ce week-end, me reprochant de ne pas m'associer aux accusations contre Frédéric Mitterrand.

Certains me soupçonnent, au mieux de me plier à des consignes, au pire de cautionner la pédophilie, le tourisme sexuel et que sais-je.

La vérité est plus simple:

j'exècre la chasse à l'homme, l'esprit de meute, la force aveugle du nombre.

Bref, cette "âme des foules" dont Gustave Le Bon, dès 1895, avait décrit les effets destructeurs dans
"La psychologie des foules".

De lui, j'avais noté ceci : "Ce ne sont pas les rois qui firent ni la Saint-Barthélemy ni les Guerres de religion, pas plus que Robespierre, Danton ou Saint Just ne firent la Terreur.

Derrière de pareils événements se retrouve toujours l'âme des foules".

Ce lynchage contre Mitterrand m'est insupportable, comme me le furent ceux contre Renaud Camus, Alain Finkielkraut, Dominique Baudis, Christian Vanneste, etc.

Ceux qui reprochent à la politique, avec raison, de se perdre dans la pipolisation
et l'anecdote
ne peuvent la réduire ici à un procès sans juges.

Je n'ai pas de complaisance pour la pédophilie ni le tourisme sexuel, mais j'observe que le ministre de la Culture a condamné l'un et l'autre, même s'il a pu pratiquer le second.

Or, je me refuse à condamner un écrivain ayant eu, il y a quatre ans, la franchise d'avouer sa "mauvaise vie" passée.

Les jeteurs de pierres sont-ils si sûrs d'être exemplaires?

Je combats assez le politiquement correct, l'écologiquement correct,
le moralement correct, pour ne pas me ranger au sexuellement correct.

Que le moralisme fasse les choux gras du Front national et d'une partie du Parti socialiste, j'en prends acte. Mais cette dérive intégriste me semble dangereuse.

D'ailleurs, ce lundi, deux-tiers des Français disent ne pas souhaiter la démission de Mitterrand.

Un homme politique doit être exemplaire dans l'exercice de ses fonctions, et rien ne permet de dire que Mitterrand ne l'est pas aujourd'hui.

Au contraire : je trouve qu'il a bien passé les épreuves, et l'opinion versatile pourrait bien l'absoudre.

Mais un politique doit surtout être jugé sur ses actes. De ce point de vue, en revanche, je ne suis pas convaincu. Pour avoir écouté à plusieurs reprises le ministre de la Culture, j'en ai retenu cette impression qu'il ne semblait pas toujours bien maîtriser ses sujets et qu'il se réfugiait un peu vite dans les clichés impensés, quand il déclare par exemple :

"Je veux prendre en compte le caractère résolument multiculturel de la société française" (propos entendus lors du dernier dîner de la Revue des Deux mondes).

Pour ma part, c'est sur ce terrain politique que je veux me placer.

Les chasses à courre, y compris contre Roman Polanski, se feront sans moi.

Je participerai, jeudi, à l'émission "On refait le monde" sur RTL (19h15-20h).

(www.blog.lefigaro.fr/riuofol)

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