LE NIQAB, ENCORE ET TOUJOURS...
Burqa : les représentants de l'islam hostiles à une loi
Article de Cécilia Gabizon
publié le 15 octobre 2009
Les représentants du Conseil français du culte musulman (CFCM) ne veulent pas de loi interdisant la burqa. Avec des arguments désormais rodés, Mohammed Moussaoui, le président, a rappelé mercredi que ce voile intégral « n'était pas une prescription du Coran» . Pour autant, s'acharner à le combattre présenterait un risque de «stigmatisation» . «Cela pourrait faire naître un sentiment d'injustice, même parmi les musulmans hostiles au voile intégral» .
André Gerin, le député communiste et président de la mission avait pourtant espéré que les «musulmans modérés» condamneraient sans ambiguïté ce voile «qui transforme les femmes en fantôme». «Beaucoup se révoltent contre cette tenue qui avilie les femmes» , assure-t-il.
Mais à l'heure d'interdire, les laïques sont inaudibles et les organisations musulmanes serrent les rangs. Au nom des «injustices» dont souffrent les familles musulmanes, beaucoup, comme le CFCM rejettent une mesure «démagogique» , qui ne s'attaquerait pas aux causes de l'islamisme.
Le port du voile intégral doit être contenu par «le dialogue et la concertation» a plaidé Mohammed Moussaoui. Seul Dalil Boubakeur, le recteur de la Mosquée de Paris fait entendre une autre voix. «La burqa est marginale. Mais elle signe la montée en puissance des fondamentalistes.»
Des débats enflamment toute l'Europe. La Belgique, qui a vu la burqa s'installer dans des quartiers de Bruxelles, l'Italie, le Danemark ou encore les Pays-Bas cherchent comment la proscrire de l'espace public. La base juridique reste étroite, selon les juristes entendus par la mission d'information. Tous se sont montrés réticents à une interdiction générale, comme le professeur de droit public Denys de Béchillon qui était reçu mercredi. En revanche, il serait possible de bannir les couvre-chefs rendant l'identification impossible dans des lieux qui nécessitent des mesures de sécurité particulières. Ce subterfuge perturbe cependant les débats, car les partisans d'une loi voudraient l'interdire au nom du droit des femmes ou encore de la lutte contre l'islamisme et ne se satisfont pas d'un argumentaire plus «technique».
«Le niqab n'est qu'une tradition»
La problématique pourrait cependant évoluer tandis que le monde musulman s'empare du sujet. En Égypte, le ministre de l'Enseignement, Yousri al-Gamal, a décidé cette semaine de faire appliquer une directive datant de 1995 et interdisant le port du niqab, voile intégral ne laissant apercevoir que les yeux, dans les lycées. La montée du port du niqab inquiète les autorités égyptiennes et certains responsables religieux, qui y voient un signe de progrès de l'islam fondamentaliste, dans un pays déjà très conservateur dans ce domaine.
La semaine dernière, l'imam de la prestigieuse mosquée cairote d'Al-Azhar, Mohammed Sayyed Tantaoui, avait ordonné à une collégienne d'ôter son niqab. «Le niqab n'est qu'une tradition» qui n'a «pas de lien avec la religion», aurait-il avancé, déclenchant un tollé parmi les Frères musulmans, le principal groupe d'opposition, qui réclame sa démission.
Autre changement : des voix musulmanes s'élèvent de pays multiculturalistes, comme le Canada, pour réclamer une interdiction. L'organisation progressiste, le Congrès musulman canadien en appelle à l'État pour interdire cette «tenue islamique qui marginalise les femmes» , selon sa porte-parole Farzana Hassan. «Le Coran invite les musulmans à la modestie (…) Cela n'implique pas que vous deviez vous voiler la face ou porter sur vous une sorte de tente.»
(www.voxfnredekker.canalblog.com)
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