samedi 24 octobre 2009

LA PAROLE AUX CATHOS D'EXTREME-GAUCHE : GOLIAS

L’info du jour
Le dialogue avec l'Islam au programme du Synode africain
Chroniques intempestives sur le Synode Romain pour l’Afrique

Le dialogue avec l’Islam au programme du Synode africain


Les évêques travaillent en carrefour à la rédaction du message pour le peuple et des propositions pour le pape.

Cela nous laisse le temps pour revenir sur le thème important des relations avec l’Islam et les Musulmans.


Sur ce point encore plus que sur d’autres, l’Afrique est plurielle mais Mgr Maroun Elias LAHHAM, Évêque de Tunis « que l’Instrumentum laboris parle de l’Islam dans un seul paragraphe (102), en des termes génériques et qui touchent l’Islam en Afrique subsaharienne.

Or, la très grande majorité des musulmans africains vit en Afrique du Nord, zone géographique totalement absente dans l’Instrumentum laboris.

Un autre point est que près de 80% des 350 millions d’arabes musulmans vivent dans les pays de l’Afrique du nord.

Ceci pour dire que les rapports islamo-chrétiens en Afrique du Nord sont différents de ceux de l’Europe et de l’Afrique subsaharienne, et même des pays arabes du Moyen Orient. » Et notre évêque de préciser : « ce survol des Églises de l’Afrique du Nord lorsqu’on parle de l’Afrique, et surtout de l’Islam nous surprend ; nous l’avons fait savoir aux instances compétentes. »

En effet, « la spécificité des relations islamo-chrétiennes dans les Églises de l’Afrique du Nord peut enrichir les expériences de dialogue vécues ailleurs (en Europe ou en Afrique subsaharienne) et désamorcer les réactions de peur et de refus de l’Islam qu’on commence à ressentir dans certains pays.

Nous savons tous que la peur est une mauvaise conseillère. En quoi consiste la spécificité de l’expérience des Églises de l’Afrique du Nord ? -

C’est une Église de la rencontre. Même si elle n’a pas toute la liberté qu’elle souhaiterait, elle n’est pas persécutée. - C’est une Église qui vit dans des pays musulmans à presque 100%, et où l’écrasante majorité de ses fidèles est composée d’étrangers qui ne restent, pour la plupart, que quelques années. - C’est une Église qui, depuis l’indépendance des pays de l’Afrique du Nord, s’est fortement engagée dans le service humain, social, culturel et éducatif des pays qui l’accueillent.

- C’est une Église qui jouit d’une marge assez large de liberté pour l’exercice du culte chrétien pour les milliers de ses fidèles, en Tunisie par exemple.

- C’est une Église qui vit dans des pays musulmans où il y a un début de mouvement de pensée critique à l’égard d’un Islam rigoriste et fanatique.

Il y a même une école « maghrébine » d’étude rationnelle des textes et des traditions musulmanes.

- La collaboration de l’Église est souvent sollicitée dans cette nouvelle manière de penser et de vivre l’Islam.

Cette sollicitation est demandée à des prêtres ou des évêques qui ont passé plusieurs années dans les pays du Maghreb, et elle s’est accrue depuis la nomination d’évêques arabes dans certains sièges épiscopaux. »

Si diversité, il y a, on imagine bien que tous les évêques ne partagent pas cette vision d’un dialogue pacifique et Mgr Claude RAULT, Évêque de Laghouat (ALGÉRIE) affirme qu’il « il y a un dialogue comme il y a une peur croissante de l’islam.

Il y a certainement une poussée d’un islam prosélyte appuyé par les pays du pétrole.

Chaque fois qu’on parlait de l’islam dans la salle du synode ou dans les carrefours, dit-il dans la chronique qu’il envoie à son diocèse, il y avait des points de vue divergents » et il liste les difficultés : - méfiance qui empêche un dialogue serein. - conflits à l’occasion des mariages mixtes. - intolérance de certains groupes islamiques. - préjugés défavorable et hostilités. - positions doctrinales de certains par rapport à la Jihad. - tendance à la politisation des appartenances religieuses ».

Le Cardinal TAURAN confirme quant à lui que si « l’islam est en constante progression grâce à trois moyens : les confréries, les écoles coraniques et les mosquées »,

« Il est généralement tolérant, sauf quelques situations bien connues (Nigeria). »

Il oublie sans doute quelques pays.

Ainsi par exemple, Mgr Matthias N’GARTÉRI MAYADI, Archevêque de N’Djaména au Tchad, rappelle-t-il qu’en « 2008, nous avons eu un début de djihad déclenché à Kouno, une ville au sud de l’Archidiocèse de N’Djamena, située à environ 150 km de Sarh.

Pour mémoire, il faut aussi noter que quelques Tchadiens fondamentalistes ont été cités parmi les acteurs de la djihad qui avait eu lieu récemment au nord du Nigeria en septembre 2009. » Et d’ajouter : « Selon notre constitution, le Tchad est un état laïc, et cela nous a aidé comme Église à vivre et à poursuivre librement nos activités, mais jusqu’à quand ?

Cette laïcité est menacée et si le Tchad bascule dans un régime islamiste, c’est toute l’Afrique centrale qui en subira les conséquences ».

En Tanzanie aussi, tout n’est pas simple. Mgr Norbert Wendelin MTEGA, Archevêque de Songea le dit :

“Nous aimons les musulmans. Cela fait partie de notre histoire et de notre culture de vivre avec eux.

Mais le danger qui menace la liberté de l’Afrique, la souveraineté, la démocratie et les droits de l’homme est tout d’abord le facteur islamique politique, comme par exemple le plan délibéré et le processus clair d’ “identification de l’islam avec la politique et vice-versa” dans chacun de nos pays africains. Deuxièmement, le facteur monétaire islamique par lequel d’immenses sommes d’argent provenant de pays étrangers sont investies dans nos pays afin de déstabiliser la paix et d’éradiquer le christianisme.” On pourrait aussi citer le Soudan, les Comores...

Mais quelques soient les difficultés, la tonalité générale des interventions est celle du dialogue. Il faut, selon Mgr Giorgio BERTIN, Évêque de Djibouti en Somalie, « collaborer avec les musulmans de bonne volonté pour isoler et neutraliser l’œuvre néfaste des groupes islamiques radicaux qui sont la cause de problèmes, surtout pour les musulmans eux-mêmes et, ensuite, pour les autres ».

Même perspective pour le Burkina et le Niger. Mgr Ambroise OUÉDRAOGO, Évêque de Maradi : « L’Eglise de Dieu, qui est au Niger, fait du dialogue islamo chrétien une priorité pastorale dans sa mission d’Evangélisation. Sans prétendre réaliser des actions extraordinaires ou mener des initiatives éclatantes, les communautés chrétiennes, soutenues et encouragées par leurs pasteurs, s’efforcent de rechercher et de vivre une fraternité universelle dans un esprit de gratuité avec leurs frères et soeurs musulmans, à travers le dialogue de vie, l’écoute et le respect de l’autre et les échanges de bons procédés lors des événements marquants de la vie humaine.

Au niveau de la commission interdiocésaine chargée des relations islamo chrétiennes, nous sommes parvenus à organiser des sessions de formations qui ont regroupé chrétiens et musulmans.

Ces sessions, conjointement animées par des prêtres et des imams, ont permis non seulement de nous rencontrer entre chrétiens et musulmans autour d’une table, mais surtout de prier, d’échanger et de réfléchir ensemble sur le rôle de leaders religieux dans l’éducation civique, la prévention des conflits et la lutte contre la pauvreté au Niger. Enfin, la présence de l’Archevêque de Niamey dans le comité ad hoc chargé de la prévention de conflits politiques et sociaux au Niger en dit long sur l’estime et la crédibilité que les autorités politiques ont à l’endroit de l’Eglise au Niger. Notre conviction, aujourd’hui, est que le dialogue entre chrétiens et musulmans est non seulement possible mais nécessaire et urgent au regard des conflits, de guerres et des violences que traversent notre Afrique et notre monde.

Si nous voulons une Afrique réconciliée où règnent la Justice, la Paix, ce serait utopique et contreproductif que des croyants africains travaillent en ordre dispersé. Il nous faut unir nos forces et nos talents pour prier et œuvrer ensemble pour qu’advienne et naisse une Afrique de paix, de Justice et de Pardon. »

Monsieur Jacques DIOUF, Directeur Général de la FAO, n’affirmait pas autre chose en conclusion de sa conférence : « je voudrais surtout souligner la convergence des enseignements religieux, notamment ceux de l’Église Catholique et de l’Islam, vers la nécessité de veiller à la gestion rationnelle des ressources sur la base d’une stratégie d’action respectueuse des personnes et des biens de ce monde, loin des excès et du gaspillage. Tous ces enseignements soulignent le rôle fondamental de la responsabilité sociale, recommandant la sollicitude envers les plus démunis. » On ne peut qu’être d’accord, à condition de ne pas oublier les « autres », c’est-à-dire les hommes et les femmes de bonne volonté qui n’appartiennent à aucune religion. Il est vrai qu’on n’a pas encore fait allusion aux athées durant ce Synode… parce que le pape a dit que l’Afrique était religieuse ?

Pourtant, l’expérience d’Armand GARIN, petit frère de Jésus, en Algérie (ndlr: un débile mental ! JPPS),

vaut pour tout dialogue :

« dans les pays du Maghreb à quasi totalité musulmane, à l’exemple de Jésus de Nazareth et à la suite de Charles de Foucauld, en fidélité à l’évangile, des chrétien(ne)s s’efforcent de vivre en frères avec leurs voisins et amis musulmans. Il croient qu’i1 est possible de vivre une authentique vie de partage, d’écoute, d’accueil et de service en se faisant proches des musulmans, surtout des petits et des pauvres. Cela suppose de connaître l’autre comme de l’intérieur dans ses traditions culturelles et religieuses.

L’étranger, sans le savoir, nous amène à approfondir notre foi et à vivre l’évangile de manière plus vraie, plus radicale. Les paraboles ou les exemples de la vie de Jésus nous apparaissent sous un jour nouveau.

Et peut naître alors avec les amis musulmans, croyants au Dieu unique, une véritable solidarité spirituelle, à travers des gestes qui ont parfois saveur d’éternité et sont le signe d’une véritable communion.

Nous croyons que Jésus est mystérieusement présent dans nos rencontres. »


écrire aux auteurs : Pascal janin

(www.golias.fr)
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