"FRANCE, TA LAICITE FOUT LE CAMP" TITRE "FRANCE-SOIR" - CE JOURNAL AURAIT PU DIRE "FRANCE, TON AME FOUT LE CAMP !
Dans les rues, à l’école ou à l’hôpital : la laïcité en danger
Charles Desjardins, Guillaume Rameaux,
le lundi 14 septembre 2009
« Il faut une loi », martèle le député UMP de Paris Bernard Debré. Une loi comme celle dont il a été question en juin dernier. Une soixantaine de députés, emmenés par le député PCF de Vénissieux (Rhône) André Gérin, avaient demandé la création d’une commission d’enquête parlementaire sur le port en France de la burka ou du niqab, le voile intégral. L’idée a finalement été abandonnée au profit d’une mission parlementaire d’information, qui devrait rendre son rapport fin janvier 2010.
Après la philosophe Elizabeth Badinter et la présidente de Ni putes ni soumises, Sihem Habchi, la semaine dernière, les auditions reprendront mercredi à l’Assemblée nationale, avec des représentants d’associations laïques. Et les discussions devraient être animées. Alors qu’une note de la sous-direction de l’information générale (SDIG) évaluait à 367 le nombre de femmes concernées, Le Figaro annonçait la semaine dernière que le chiffre était en réalité plus proche de 2.000, selon un rapport confidentiel du même service.
Face aux cinq millions de musulmans que compte la France, la pratique peut donc sembler minoritaire, et la polémique quelque peu dérisoire. Cependant, alors que dans les hôpitaux ou les écoles, la cohabitation avec les multiples principes religieux est parfois difficile, la bataille pour la sauvegarde de la laïcité de la République apparaît bel et bien plus que nécessaire : indispensable. Que la solution soit législative ou non, le principe, vécu par certains comme un facteur d’exclusion, mérite à coup sûr de conserver son but premier : garantir l’unité nationale.
Une préoccupation européenne
Autant le principe de la laïcité est éminemment français, autant son application soulève des tensions qui vont bien au-delà de notre territoire national…
Si tous les pays ne partagent pas les valeurs laïques de la France, ils sont néanmoins plusieurs en Europe à rencontrer des problèmes similaires. En Belgique, un Etat neutre face aux religions et non officiellement laïc, les directions de quelque 700 établissements scolaires publics de langue néerlandaise relevant de la Communauté flamande ont opté vendredi dernier pour une interdiction générale du port du foulard musulman à l’école. Cette décision du Conseil de l’enseignement de la Communauté flamande intervient alors que la volonté de deux lycées d’Anvers (nord) d’interdire à partir du 1er septembre l’accès aux élèves portant un foulard avait été accueillie par des protestations.
Au début du mois, une femme a témoigné pour la première fois dans un tribunal danois en portant le niqab, un voile couvrant le visage, même si la justice interdit chapeau, lunettes de soleil et visage masqué à la barre. Le président à la cour d’appel de Copenhague a expliqué cette exception par le fait qu’une femme juge, pendant cette audience, avait pu vérifier son identité en levant discrètement le voile du témoin. Le port de la burka et du niqab fait l’objet de débats ces dernières semaines sur la scène politique danoise, à la suite d’une proposition du parti conservateur de la coalition bipartite au pouvoir (avec les libéraux), visant à l’interdire dans l’espace public.
Dans le nord de l’Italie, un maire membre de la Ligue du Nord, le mouvement anti-immigrés, a interdit le port du burkini, maillot de bain islamique, sous peine d’une amende de 500 euros. « La vue d’une femme masquée pourrait troubler les plus petits enfants, sans parler des problèmes d’hygiène », a déclaré Gianluca Buonanno. A Oslo, les autorités ont choisi une voie inverse. La capitale norvégienne vient d’autoriser le port de cette tenue dans les piscines de la ville, la comparant aux combinaisons intégrales des nageurs professionnels.
Turbans pare-balles
De l’autre côté de la Manche, les agents de police sikhs demandent au gouvernement britannique qu’il mette au point un turban à l’épreuve des balles, afin qu’ils puissent être totalement intégrés à la force publique. « Des agents de police sikhs n’ont pu passer au grade d’officier armé en raison de l’interdiction religieuse d’enlever leur turban », a déclaré l’inspecteur Gian Singh Chahal, vice-président de l’association de la police britannique sikh. « Des recherches ont été entreprises afin de produire un matériel en fibre synthétique qui assurerait un certain degré de protection », a-t-il ajouté. En Croatie enfin, à quelques mois de la fin de son mandat, le président Stipe Mesic affronte l’Eglise catholique locale, politiquement très influente, qu’il a irritée par un appel au respect de la laïcité de l’Etat. Le président a notamment critiqué la présence de symboles religieux, en l’occurrence catholiques, dans des institutions publiques, ce qu’aucune loi n’interdit spécifiquement.
(www.francesoir.fr) ----------------------------------------------------------------------------------------------------------
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