jeudi 23 juillet 2009

UN EXCELLENT ARTICLE DE GUILLAUME DE THIEULLOY, DANS LES 4 VERITES

La France va-t-elle devoir déclarer la guerre à la Chine ?

Thieulloy de Guillaume

jeudi 23 juillet 2009

La province chinoise du Xinjiang, dont la plupart des Français n’avait jamais entendu parler avant ce mois de juillet, est désormais célèbre dans le monde entier.

C’est un vaste territoire (1,6 million de km2), situé à l’ouest de la Chine.

C’est une région autonome, comme beaucoup de provinces chinoises.

Mais surtout, c’est une région peuplée à près de 60% par des personnes ethniquement non chinoises, dont l’immense majorité sont Ouïghours
(on estime que ces derniers sont un peu plus de 7 millions).

Et, désormais, depuis le début du mois, c’est donc une province en lutte
contre le pouvoir central et en proie à la guerre civile.

Naturellement, il n’est pas difficile de deviner que Pékin a les moyens
de « restaurer l’ordre ».

Des dizaines de milliers de policiers et de militaires ont été envoyés dans la province.

Il est par conséquent peu probable que l’été d’Urumqui dure plus que le printemps de Tien An Men en 1989…

Cependant, la répression ne va rien changer à la réalité ethnique, politique, culturelle du Xinjiang.

Avant comme après la « pacification », nous aurons quelques millions de Chinois « de souche » face à quelques millions de Ouïghours.

À ce stade, un Français pourrait bien se dire :
après tout, si l’empire chinois implose, comme naguère l’empire soviétique,
en quoi cela nous regarde- t-il ?


Nous pourrions même nous réjouir de constater que les nationalismes
et les identités perdurent sous le matraquage de la propagande marxiste-léniniste…

Seulement, voilà, ces Ouïghours nous touchent de près.

Pourquoi donc ?

Parce qu’ils sont turcophones.

Implantés dans la région depuis des millénaires, en concurrence avec les Chinois eux-mêmes, ces Ouïghours sont issus des hordes mongoles qui ont déferlé
sur l’Asie centrale et jusqu’à Constantinople.

Or, légalement, tous les turcophones ont accès à la nationalité turque.

Ce qui nous ramène au problème, crucial pour les années à venir,
des négociations relatives à l’entrée de la Turquie dans l’Union européenne.

Certes, on peut facilement imaginer que tous les Ouïghours ne vont pas demander dans les années qui viennent un passeport turc.

Certes, on peut aussi facilement imaginer que l’une des conditions à l’adhésion turque soit l’abolition de cette disposition légale permettant aux dizaines de millions de turcophones d’obtenir des papiers turcs.

Il me semble d’ailleurs que c’est ce qui s’est passé avec le Portugal.
Les Brésiliens, eux aussi, ont juridiquement accès à la nationalité portugaise.

Pour autant, cet accès automatique a été limité pour empêcher que les Brésiliens ne bénéficient par ricochet d’un accès automatique à l’espace européen unifié.

Cependant, le problème n’est pas uniquement un problème de papiers et de visas.

Admettons donc que l’UE demande à la Turquie de limiter la portée de cette disposition de son code de la nationalité.

C’est une pure hypothèse d’école, puisque, pour l’instant, les autorités européennes ont l’air de céder à tous les caprices d’Ankara et n’ont toujours
pas exigé le départ des troupes turques de Chypre, pourtant membre de l’UE !

Mais admettons tout de même.

Le problème qui va se poser est le suivant :
la Turquie ne pourra évidemment pas rester inerte dans la répression au Xinjiang.

Elle va prendre une série de mesures de rétorsion.
L’Union européenne va-t-elle être tenue de la suivre dans ces mesures
de rétorsion ?

Qui ne voit que cette question ouïghoure (comme la plupart des conflits
ethniques en Asie centrale) est la meilleure raison d’arrêter tout de suite
les discussions avec Ankara ?


Comme naguère le problème sudète, le problème ouïghour serait tout à fait capable de nous déclencher une guerre mondiale, si l’Occident tout entier était tenu, par ses alliances, de suivre les positions intenables de la Turquie
en matière de relations internationales.

Nous ne sommes plus au temps de Tamerlan ou de Gengis Khan.

Et, s’il était déjà difficile de mobiliser les foules pour mourir pour Dantzig, comment allons-nous dire aux Français qu’ils doivent mourir pour Urumqui ?

Et, pourtant, dans l’indifférence générale, les négociations avec Ankara continuent.
Trois nouveaux chapitres de négociation ont été ouverts en juin.


Le 26 juin, la Suède, nouvelle présidente de l’UE, a annoncé son intention
d’en ouvrir encore de nouveaux.

Les « élites » européennes ont beau nous répéter sur tous les tons que
l’adhésion de la Turquie n’est pas pour demain, le projet – qui apparaît chaque jour plus absurde – n’en continue pas moins son petit bonhomme de chemin…

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