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Vincent Geisser, imposteur intellectuel et politique
Evaluation scientifique rigoureuse ? Toute personne issue des migrations, de quelque origine que ce soit, à commencer par une migration de la province vers Paris, sera confrontée à un problème d’intégration dans une structure aux traditions établies.
Tout cela est de l’imposture intellectuelle et en aucun cas de la recherche scientifique.
Or, compte tenu de l’engagement politique de Vincent Geisser et de la nature de ses soutiens, notamment Olivier Roy et Alain de Libera, c’est une affaire
Vincent Geisser n’est donc qu’un archétype de ces « imposteurs intellectuels » qui utilisent l’alibi de la science pour faire passer une idéologie politique extrémiste. Plusieurs chercheurs de la même mouvance se sont précipités pour attester du caractère scientifique de ses travaux.
Un dernier test :
Qu’en est-il dans la réalité prosaïque ?
Il restait à notre gaillard le moyen de trouver une voie de sortie.
Jules Dupont
lundi 22 juin 2009
par Jules Dupont
Cette affaire, enfin, ce prurit médiatique, a du bon :
elle m’a fait relire le petit livre de Jacques Bouveresse « Prodiges et vertiges de l’analogie » qui s’est voulu le prolongement de l’ouvrage de Sokal et Bricmont, « Impostures intellectuelles ».
Physiciens, Sokal et Bricmont, en bons scientifiques, se contentaient de démolir le recours abusif de nos têtes pensantes, les Derrida, M. et Mme Sollers et autres, à la justification de leurs théories par le recours aux mathématiques et à la physique, disciplines auxquelles ils ne connaissaient ni ne comprenaient rien, mais utilisaient pour épater le chaland et donner une apparence scientifique à leur production.
Bouveresse reprit le flambeau en philosophe sage, soit le philosophe qui, à la manière de Socrate proclame « Ce que j’ai compris est grand et noble ; je pense qu’il en est de même pour ce que je n’ai pas compris ».
Je me contenterai de mettre en appétence le lecteur en ne citant que quelques titres de chapitre « de l’art de passer pour un « scientifique » aux yeux des littéraires » ; « Comment les coupables se transforment en victimes et en accusateurs » ; « Les avantages de l’ignorance et la confusion considérée comme une forme de compréhension supérieure »…
M. Vincent Geisser et ses souteneurs pour une liberté de pensée qui serait mise à l’abri de toute liberté de critiquer par l’intimidation politico- médiatique, s’inscrivent totalement dans cette lignée.
Que l’on considère le travail scientifique de M. Geisser, sa fameuse « enquête nationale sur les trajectoires socioprofessionnelles des enseignants-chercheurs issus des migrations ».
C’est un modèle du genre.
L’objet de l’étude tel qu’il apparaît à première vue semble légitime.
Il est normal de s’interroger sur la capacité du premier organisme de recherche français à accueillir des chercheurs étrangers.
D’une part parce que la capacité à attirer les meilleurs du monde entier est un des enjeux de la compétition internationale dans le monde de la recherche.
D’autre part, parce que le monde de la recherche, du fait même des exigences académiques, peut se montrer conservateur et rétif aux apports allogènes qui sont nécessaires pour maintenir une recherche exigeante et sachant se remettre en cause en permanence.
C’est un facteur clé pour la compétitivité nationale.
« Compétitivité nationale » ?
vous vous doutez bien que tel n’est pas le souci de Vincent Geisser et l’entrée dans son questionnaire nous le montre vite.
Il nous est tout d’abord dit que celui-ci est « strictement anonyme ».
Mais n’importe quel étudiant débutant un Master recherche aura vite identifié le biais : lorsque l’on croise la question
1 « Quel est votre statut actuel au sein de votre unité de recherche ? »,
la 7 « par quel concours êtes-vous entré au CNRS ? » ,
la 16 « si vous êtes né(e) à l’étranger, quelle est votre année d’arrivée en France ? », la profession de la conjointe (Q 19), sa nationalité (Q 20), la liste et le lieu d’obtention des diplômes (Q 39),
la Q60 « les types de partenariat dans lesquels vous êtes personnellement impliqué », bref, supposez que la personne réponde qu’elle est directeur de recherche de classe exceptionnelle, née à Alger, ayant fait ses études dans une « université dans un pays du Maghreb » (Q 37.5) et étant impliqué dans un partenariat avec l’université X, vous aurez vite fait de repérer de qui il s’agit.
C’est sur ces bases que le fonctionnaire de sécurité défense a alerté le directeur de l’Institut de Geisser sur le risque pénal lié à la constitution de fichiers nominatifs basés sur des références ethniques et religieuses sans déclaration à la CNIL, celle-ci s’opposant à la constitution de fichiers nominatifs, via des sondages permettant de faire un lien entre un nom et l’appartenance à une communauté.
Car là est bien le but de Geisser qui situe sans aucune ambiguïté son enquête dans le prolongement de son livre « la nouvelle islamophobie ».
Sur le site europalestine.com (10/06/2009)
il donne le vrai but de son enquête « il s’agissait pour mon équipe de faire une évaluation scientifique rigoureuse de la contribution des « chercheurs et des universitaires maghrébins » au rayonnement de la recherche française dans le monde ». Ce n’est pas du tout le titre de l’enquête qui a été validée par le CNRS et reçu une subvention de 20 000 euros. Vincent Geisser reconnaît donc avoir avancé masqué.
Evaluation scientifique rigoureuse ? Toute personne issue des migrations, de quelque origine que ce soit, à commencer par une migration de la province vers Paris, sera confrontée à un problème d’intégration dans une structure aux traditions établies.
Comment répondre à la question 49 « D’une manière générale, estimez-vous que le CNRS favorise l’insertion professionnelle des chercheurs originaires du Maghreb ? ».
D’abord, on ne voit pas pourquoi le CNRS favoriserait l’insertion de chercheurs originaires du Maghreb plus que d’autres. Ensuite, on pourrait remplacer « originaire du Maghreb » par « originaire de l’Auvergne », de Nouvelle-Zélande ou de Kuala Lumpur, la réponse serait forcément NON.
De même, qui va répondre « NON » à la question 52 « avez-vous rencontré des difficultés d’insertion au sein du CNRS ? ».
Dans une institution aussi conservatrice, tout le monde en aura. Et j’ai peine à imaginer ce qu’aurait été mon intégration si par malheur j’avais été affecté dans l’Institut de M. Geisser !
Tout cela est de l’imposture intellectuelle et en aucun cas de la recherche scientifique.
Quand on fait une telle enquête, on teste la problématique ex-ante et l’on vérifie que le questionnaire n’introduise pas un biais dans les réponses, et surtout on n’a pas défini avant les réponses que l’on veut obtenir !
Or, compte tenu de l’engagement politique de Vincent Geisser et de la nature de ses soutiens, notamment Olivier Roy et Alain de Libera, c’est une affaire
« Aristote au Mont St Michel » dans l’autre sens qui se mettait en place :
il s’agissait de montrer que la recherche française était tributaire du Maghreb, ou, dans le cas contraire, que les chercheurs maghrébins étaient victimes de discrimination, la combinaison des deux étant bien sûr l’optimum.
Vincent Geisser n’est donc qu’un archétype de ces « imposteurs intellectuels » qui utilisent l’alibi de la science pour faire passer une idéologie politique extrémiste. Plusieurs chercheurs de la même mouvance se sont précipités pour attester du caractère scientifique de ses travaux.
Or, dans le monde académique sérieux, ce n’est pas comme çà que çà marche : si on est évalué par ses pairs, on ne se fait jamais évaluer par ses copains. Un travail scientifique est toujours évalué, tant que faire se peut, en double aveugle par des chercheurs ne connaissant pas l’auteur ni aucun enjeu d’intérêt avec lui.
Ce sont les Suisses qui ont développé le meilleur système d’évaluation, en faisant venir chaque année au pays une équipe étrangère qui ne reste qu’un an et qui n’a aucun lien avec les universitaires suisses !
Un dernier test :
allez sur Google Scholar, le moteur qui permet d’identifier les publications scientifiques.
Les écrits de M. Geisser, qui se renvoient sans cesse les uns aux autres,
ne sont en fait que des pamphlets politiques sur lesquels il a mis le tampon
« CNRS », au service d’une idéologie dont Caroline Fourest a dit ce qu’il fallait en dire.
Qu’en est-il dans la réalité prosaïque ?
M. Geisser s’est retrouvé dans de mauvais draps.
Le Directeur des systèmes d’information de l’IREMAM a jugé qu’il n’était pas possible d’aboutir à un dossier présentable à la CNIL, suite à une réunion tenue à l’IREMAM le 2 février 2006 en présence du délégué régional du CNRS et du fameux « fonctionnaire sécurité défense ».
Le 15 mars 2007, le secrétaire général du CNRS, Alain Resplandy-Bernard envoyait à Vincent Geisser une note décidant de clore le dossier et lui demandant de détruite tous les éléments collectés « et en particulier tout fichier sous forme papier ou informatique pouvant présenter un caractère nominatif » et de lui rendre compte du bon accomplissement desdites consignes.
Il restait à notre gaillard le moyen de trouver une voie de sortie.
Le FSD était une cible toute indiquée. On imagine bien sûr ce que les mots de « défense nationale » doivent provoquer chez des Geisser.
De plus notre FSD a commis une faute majeure :
il a quitté le terrain qui est le sien pour entrer dans une polémique avec Geisser en lui reprochant de favoriser les musulmans aux dépens de chrétiens.
Geisser tenait sa bouée de sauvetage, le FSD avait attrapé l’attrape-nigaud.
Dès lors, il lui restait à mettre en place tout le tohu-bohu auquel on assiste aujourd’hui.
Jules Dupont
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