mardi 2 juin 2009

LA REMARQUE ABERRANTE DE LA SEMAINE (sur LIBE, Bien sûr)


Pour Eric AESCHIMAN, journaliste et écrivain, le sabotage d'installations ferroviaires, "constitue une forme de post-situationnisme" .....
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Un journal purement révolutionnaire :Anarkhia

Réponse:

Qu'elle sont les critiques apport�s aux Situationistes?

� Au-del� d'une critique perp�tuelle quelles �taient les propositions de l'IS ? �. Contrairement � d'autres mouvements de la m�me �poque (par exemple le mao�sme ou le structuralisme), les propositions de l'IS sont quasi-inexistantes.En 2004, plus de trente ans plus tard, le situationnisme reste toujours aussi myst�rieux : au-del� de la critique permanente, quels �taient ses buts, son existence, son (ou ses) influence(s), ses retomb�es... ? N'�tant pas partisane de la prise de pouvoir, l'IS reste encore aujourd'hui dans le flou. Et s'il semble encore trop t�t pour r�pondre � ce genre de questions, simplement plusieurs lignes de forces semblent peu � peu se d�gager :

Ainsi, aujourd'hui, de nombreux conseillistes continuent � se dire situationnistes. Certains pensent cependant qu'il est abusif de se d�clarer aujourd'hui situationniste et que cela revient � une r�cup�ration du mouvement, d�nonc�e d�s l'origine. Cela dit, les membres de l'IS affirmaient aussi eux-m�mes que leur pens�e et leur pratique �taient faites pour �tre r�appropri�es par chacun : la th�orie situationniste n'appartient dans ces conditions � personne. Mais ce � chacun � d�signe-t-il les OS des usines Renault ou un � petit microcosme d'�tudiants attard�s, de professeurs Nimbus enferm�s dans un monde � part � (Alain Gesmar) ?

Depuis les ann�es 1970, les th�ses situationnistes ont �t� critiqu�es par le reste de l'ultra-gauche. Cette critique d�nonce plusieurs aspects du discours et des pratiques des situationnistes, notamment leurs origines bourgeoises, leur intellectualisme, leur �sot�risme, leur �litisme et leur moralisme suppos�s. Les Brigades RougesLes situationnistes ont �t� consid�r�s par certains pour des tenants de th�ories du complot :
Guy
Debord et Gianfranco Sanguinetti sont cens�s avoir cru que les Brigades Rouges �taient une filiale des services secrets de l'�tat italien, alors que les lettres qu'ils �changent ne font qu'exprimer des doutes sur l'autonomie r�elle du groupe qui a perp�tr� et l'enl�vement et le meurtre d'Aldo Moro.
Le sida
Les situationnistes ont �t� �galement critiqu�s car ils auraient �nonc� une th�orie n�gationniste selon laquelle le sida (syndrome d'immuno-d�ficience acquise) n'existe pas et qu'il n'est qu'une invention de la CIA pour briser l'�mancipation sexuelle des populations.
Pourtant, Debord a �t� l'un des seuls � soutenir Le Temps du sida, un livre de Michel Bounan qui ne nie absolument pas la r�alit� du sida mais le relie aux conditions de vie ex�crables qui r�gissent le monde moderne, sans chercher � y placer un complot �tatique ou sous-�tatique. De plus, Guy Debord a soutenu les premiers mouvements Act-up.Critique historiqueDe nos jours, le mouvement situationiste qui, pour Alain Krivine, n'�tait qu'un � rassemblement d'intellectuels de gauche sans prise aucune avec les r�alit�s concr�tes des classes laborieuses �, appara�t plus comme un laboratoire d'id�es que comme un r�el mouvement politique ou m�me r�volutionnaire qui suppose comme finalit� la prise de pouvoir.

Qu'est-ce que l'Internationale Situationisme ?

L'Internationale situationniste (ou IS) �tait une organisation r�volutionnaire d�sireuse d'en finir avec la soci�t� de classes en tant que syst�me oppressif et de combattre le syst�me id�ologique de la civilisation occidentale : la domination capitaliste. L'IS �tait, au niveau des id�es d�velopp�es, issue de diff�rents mouvements r�volutionnaires apparus depuis le XIX si�cle, notamment de la pens�e marxiste d'Anton Pannekoek, de Georg Lukacs ainsi que du communisme de conseil.
L'Internationale situationniste pouvait �tre apparent�e � un groupe d'ultra-gauche, mais elle �tait �galement l'h�riti�re des tentatives r�volutionnaires des avant-gardes artistiques de la premi�re moiti� du XX si�cle, comme le surr�alisme ou le dada�sme...Ce mouvement, cr�� formellement en 1957, est n� au sein d'un autre mouvement contestataire des ann�es 1950 :
l'Internationale lettriste, les fondateurs de l'IS (notamment Guy Debord) lui reprochant son insuffisance. L'IS est le produit de la fusion de l'Internationale lettriste, du Mouvement International pour un Bauhaus Imaginiste, et du Comit� Psychog�ographique de Londres.
L'une des principales caract�ristiques des id�es situationnistes est la lib�ration des conditions historiques pour une r�appropriation du r�el, et ce dans tous les domaines. Le d�passement de l'art fut un des objectifs de d�part de l'IS, qui s'est vite orient�e vers une critique de la soci�t� du spectacle, la soci�t� � spectaculaire-marchande � doubl�e d'un d�sir de r�volution sociale qui s'est notamment fait conna�tre en France en mai 1968.

Qu'est-ce que le Situationisme ?

Le projet situationniste est un programme marxiste libertaire reposant sur � la r�alisation de la philosophie �, con�ue comme un projet historique. Ce projet repose sur :
le communisme de conseil : lutte r�volutionnaire pour l'abolition des �tats et du capitalisme et l'instauration de l'autogestion g�n�ralis�e par le pouvoir des conseils ouvriers (d�mocratie directe). Les situationnistes luttent avant tout pour une soci�t� �galitaire d�barass�e des rapports marchands, c'est-�-dire pour le communisme.

la r�volution de la vie quotidienne, projet libertaire et h�doniste que l'on pourrait r�sumer par ce slogan : � Jouissons sans entraves ! �. La r�volution de la vie quotidienne ne peut se faire que dans le cadre de l'autogestion g�n�ralis�e, sur des bases �galitaires, et en supprimant les rapports marchands. Elle s'appuie sur plusieurs id�es :

l'abolition du spectacle en tant que rapport social
la participation des individus (refus des repr�sentations)
la communication (refus des m�diations)
la r�alisation et l'�panouissement de l'individu (oppos�e � son ali�nation) :
le libertinage est un des aspects de cet �panouissement, mais globalement, la subjectivit� radicale de chacun-e est cens�e se d�velopper dans le refus des contraintes, et ce dans tous les domaines.

l'abolition du travail en tant qu'ali�nation et activit� s�par�e, r�sum�e par le slogan de Guy
Debord �crit � la craie sur un mur de la rue de Seine (� Paris) : � Ne travaillez jamais �.

le refus de toute activit� s�par�e du reste de la vie quotidienne :
les situationnistes luttent pour l'abolition de l'art contemplatif, des loisirs, et de l'universit� et pour la r�unification de toutes les activit�s humaines : fin de la division du travail et des s�parations entre les diff�rentes sciences.
Ils ne font ainsi que reprendre le projet communiste de Marx :
l'autogestion communiste permet � l'activit� de production de ne plus �tre un travail et de fusionner avec toutes les autres activit�s humaines sous une forme artistique et po�tique.
Ainsi, l'activit� de production n'est plus s�par�e de l'�panouissement individuel, des loisirs et de la sexualit�. De mani�re plus g�n�rale, le projet situationniste aspire � ce que toutes les activit�s humaines prennent une forme artistique : celle de la libre cr�ation des individus, en un mot celle de l'autogestion.
Pour d�crire le capitalisme moderne, Guy
Debord r�utilise le concept de � spectacle � invoqu� par Marx. Ce concept a plusieurs significations. Le spectacle est avant tout l'appareil de propagande du pouvoir capitaliste mais c'est aussi un rapport social m�diatis� par des images.� Le spectacle est la religion de la marchandise � Il appara�t avec la soci�t� de consommation, dans les ann�es 1930.
Guy Debord distingue deux formes de spectacle :1. le spectaculaire concentr� des soci�t�s totalitaires (capitalisme d'�tat)2. le spectaculaire diffus des soci�t�s lib�rales. Alors qu'en URSS et dans les pays de l'est le spectacle se concentre sur la personne du dictateur (Staline puis Khrouchtchev puis Brejnev), le spectacle se pr�sente dans les soci�t�s lib�rales occidentales de mani�re diffuse, sous la forme de marchandises qui contiennent en elles-m�mes toute la propagande de l'id�ologie capitaliste.
Guy Debord observe que dans les ann�es 1980 les deux formes de spectacle ont fusionn� sous la forme du � spectaculaire int�gr� � : d�sormais, le spectacle n'est plus seulement dans les marchandises ou dans la simple propagande du pouvoir.� D�sormais, le spectacle est pr�sent partout � Il r�git tous les rapports sociaux, puisque d�sormais tous les rapports sociaux tendent � devenir des rapports marchands :
les rapports sociaux ne sont plus que des rapports de seuls signifiants, autrement dit de simulacres. Ils sont eux m�mes des simulacres.Au-del� m�me des rapports sociaux, le spectaculaire int�gr� est pr�sent dans l'architecture, la g�ographie, le paysage, les consciences, et m�me la nature (pollutions diverses, radioactivit�, r�chauffement climatique, organismes g�n�tiquement modifi�s).
La revue L'Internationale situationniste fut �galement une revue dirig�e par Guy Debord, Mohamed Dahou, Giuseppe Pinot-Gallizio, Maurice Wyckaert, Constant, Asger Jorn, Helmut Sturm, Attila Kotanyi, J�rgen Nash, Uwe Lausen, Raoul Vaneigem, Mich�le Bernstein, Jeppesen Victor Martin, Jan Stijbosch, Alexander Trocchi, Th�o Frey, Mustapha Khayati, Donald Nicholson-Smith, Ren� Riesel, Ren� Vi�net, etc. 12 num�ros furent publi�s entre 1958 et 1969.
Cette revue �tait un terrain d'exp�rimentation discursif et �galement moyen de propagation des id�es.
L'IS a largement influenc� les mouvement r�volutionnaires. Elle a particip� activement au mouvement des occupations d'usines, lors de la gr�ve g�n�rale de mai 1968. Bien qu'auto-dissoute en 1972, l'Internationale situationniste reste aujourd'hui un mouvement largement �tudi� en raison de son passage spectaculaire dans l'histoire de la pens�e de la politique et dans l'histoire des th�ories artistiques ainsi que par la contemporan�it� - c'est-�-dire la modernit� quand un situationniste ne veut pas l'utiliser avec un sens p�joratif - de son discours critique.
Les situationnistes ne reconnaissent pas non plus la propri�t� intellectuelle.
Dans ce sens, n'importe qui pourra toujours se dire situationniste (ou disons, s'approprier et user th�oriquement et pratiquement des id�es situationnnistes), � condition bien s�r de critiquer l'IS. Car un situationniste qui ne critiquerait pas les situationnistes n'en serait pas un : l� r�side la diff�rence entre les situationnistes et ceux qu'ils d�non�aient eux-m�mes sous le terme de � pro-situs � (les adeptes de l'id�ologie fig�s dans le � situationnisme �). En effet, le concept de � situationnisme � a toujours �t� d�nonc� par les situationnistes, puisqu'il sous-entend l'existence d'une id�ologie situationniste avec ses dogmes et sa doctrine, ce qui est le contraire de la th�orie situationniste, qui repose sur la critique permanente et le d�passement.
En 1972, l'IS �tait devenue une forme d'organisation d�pass�e mais surtout � d�passer, car elle avait achev� son r�le historique. Les membres de l'IS ont donc d�cid� de dissoudre leur organisation cette ann�e-l�. En 1974, des anciens membres de l'IS ont alors cr�� l'Antinationale situationniste.
ndlr: Je publie ce texte de la revue "ANARKHIA", bien évidemment, "sous toutes réserves"......JPPS
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