QU'EST-IL ADVENU DE LA PROPOSITION DE LOI DU BIGOT ROUBAUD ?
(archives)
Un député UMP propose de rétablir le délit de blasphème
Le député UMP Jean-Marc Roubaud veut réformer la loi sur la liberté de la presse pour interdire les atteintes aux religions.
Député UMP du Gard, Jean-Marc Roubaud a déposé une proposition de loi "visant à interdire les propos et les actes injurieux contre toutes les religions".
En réponse à la controverse sur les caricatures de Mahomet, le bon député Roubaud apporte son grain de sel au "délicat problème des libertés d'opinion et de la presse face aux libertés de religion et de pensée".
Ainsi, selon ce brave homme, "La liberté d'expression ne saurait donner le droit de bafouer, de désinformer ou de calomnier les sentiments religieux d'aucune communauté ou d'aucun État quel qu'il soit" (article 2 de la proposition de loi).
Un souci d'oecuménisme qui conduit ce bon Monsieur Roubaud à proposer rien moin que de rétablir le délit de blasphème qui avait été aboli en 1791 en modifiant la loi sur la liberté de la presse :
"Tout discours, cri, menace, écrit, imprimé, dessin ou affiche outrageant, portant atteinte volontairement aux fondements des religions, est une injure".
Les fanatiques musulmans n'ont pas besoin de semer la terreur en France, l'UMP se charge d'introduire leurs principes dans la législation !
(communautarisme.net)
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Le « Blasphème » est une irrévérence envers ce qui est vénéré par les religions.
Le mot vient du grec ἡ βλασφημία, τῆς βλασφημίας / blasphêmía, dérivé de βλάπτειν / bláptein, "injurier", et φήμη/φάμα / phếmê ou pháma (dialecte dorien), "réputation", qui a donné blasphemia en latin et dénote littéralement diffamation.
La notion de blasphème telle que définie par le dictionnaire Larousse est « une parole ou un discours qui insulte violemment la divinité ».
Il s'agit d'un outrage, ou d'une injure envers la divinité ou ses représentants.
La notion est définie au XVIe siècle par le théologien espagnol Francisco Suárez comme
« toute parole de malédiction, reproche ou irrespect prononcé contre Dieu ».
Comme le rappelle l'Encyclopédie catholique, le blasphème ne concerne que le domaine de la religion : « tandis que le blasphème, étymologiquement, peut dénoter un manque de respect dû à une créature aussi bien qu'à Dieu, dans sa stricte acception il n'est utilisé que dans le dernier sens. »
C'est le mot, utilisé par le religieux, pour désigner une atteinte à sa déité.
Utilisé dans un cadre plus général, le blasphème est une irrévérence à ce qui est considéré sacré ou inviolable.
Laïcité et législation sur le blasphème
La critique de la législation sur le blasphème a une longue histoire, qui remonte au siècle des Lumières.
À cette époque, Voltaire prend le cas du Chevalier de La Barre, dernier cas de torture et d'exécution pour blasphème en France, comme une démonstration de l'obscurantisme des lois religieuses et de la nécessité de la liberté de pensée.
L'affirmation des libertés d'expression et de pensée par la révolution française s'inscrit -de fait- contre ce qu'avait été la position de l'Église dans ce domaine; elle met fin à son rôle historique de fondement de l'ordre social.
La loi sur la liberté de la presse de 1881 intervient dans un contexte de laïcité et d'anticléricalisme militants; elle rend légitime des campagnes de presse extrêmement violentes (de part et d'autre), qui achèvent de briser l'idée d'un lien naturel entre État et religion, et conduisent finalement à la Séparation de l'Église et de l'État.
Depuis, cette séparation est garantie par les lois des nations modernes et est entrée dans les mœurs, avec les droits de l'homme en général.
La notion de tolérance, - soit l'acceptation et le respect d'une pluralité d'idées et de croyances au sein d'une même société -, la garantie et la protection de la liberté d'expression, et la reconnaissance du pluralisme dans tous les domaines (politique et religieux mais aussi dans les divers secteurs de la société) rendent impensable l'imbrication de l'Église dans les institutions, qui traduisait la centralité de la religion dans la société.
Athéisme militant
Athéisme militant
Le militantisme antireligieux reste actif, et est favorable à la distinction juridique, politique et culturelle moderne qui renvoie la notion de blasphème à la seule sphère du religieux et à celle des croyances particulières.
Avec la liberté de pensée qui est un pilier des sociétés démocratiques, l'idée que les Églises puissent poursuivre comme blasphémateurs les incroyants et les athées n'est plus de mise.
Pourtant, c'est un thème récurrent dans le discours militant.
Des groupes existent en Angleterre qui s'occupent spécifiquement de lutte contre la répression du blasphème.
Il n'existait rien de pareil sur le continent européen.
C'est pourquoi, prenant en considération l'affaire Rushdie mais aussi et d'abord, chronologiquement parlant, les poursuites contre les athées allemands, un groupe s'est constitué en Belgique en 1989, la Ligue pour l'Abolition des lois réprimant le Blasphème et le droit de s'exprimer Librement .
Dans ce contexte, le refus de la suppression de l'interdiction du blasphème dans l'Europe occidentale contemporaine, voire le désir de la rétablir là où c'est nécessaire, n'est pas interprété comme le souci de protéger une communauté, mais comme un obstacle dans la lutte contre la religion.
Pour ces associations, il provient sans doute pour une part de milieux qui s'inscrivent dans des courants qui relèvent de la "nouvelle évangélisation".
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