INSOLENT : LE SITE DE JEAN-GILLES MALLIARAKIS
jeudi 16 avr 2009
Des bandes de barbares et autres organismes nuisibles
On peut, et on devrait, partager la préoccupation du gouvernement de mettre un terme à la prolifération sur le sol de l'Hexagone des bandes de barbares.
Quand on prête attention à toutes les nouvelles, distillées en boucle par les grands moyens d'information, et d'intoxication, comment ne pas s'inquiéter en effet de la concurrence que ces petites compagnies font sauvagement aux organismes nuisibles employés quotidiennement à polluer notre existence.
On a beaucoup communiqué de la sorte autour d'une rixe mortelle à Paris, entre deux bandes, au cours de laquelle un gamin de 17 ans a trouvé la mort.
Le conflit opposait nous dit-on un groupe plus ou moins voyoucratique, venu d'Aulnay-sous-Bois, en Seine-Saint-Denis à un autre venu d'Athis-Mons, dans l'Essonne.
Qu'ils se soient retrouvés à proximité de la gare de Lyon, n'empêche pas que les deux communes sont éloignées de 36 km, c'est-à-dire beaucoup plus que la distance séparant à Vérone la demeure des Montagu de celle des Capulet.
Et comme la rue de leur affrontement tragique et sanglant jouxte, non plus le pavillon des manants, mais le fief de notre plus haute technocratie, celle de la citadelle Bercy, on conçoit que l'insécurité interpelle, enfin, l'État.
L'Agence Reuters, à ce propos présentait le recensement du phénomène de la manière suivante :
Selon les chiffres du ministère de l'Intérieur, on dénombre aujourd'hui en France environ 220 bandes organisées composées de 2 500 'membres réguliers' et de 2 500 'membres occasionnels'.
Près de la moitié d'entre eux sont des mineurs et 80 % des ces groupes sont localisés en région parisienne.
Cette évaluation se formulait de manière plus précise quelques jours auparavant et le Canard enchaîné en trouvait cocasse l'administrative certitude, l'attribuant à quelque maladroit rédacteur de nos archaïques Renseignements généraux, que l'on croyait réformés : pensez à cette étrange affirmation "222 bandes" et "2 453 voyous".
Mais pour prétendre à une telle exactitude dans les chiffres, encore faudrait-il s'accorder sur les définitions : que faut-il entendre par "bandes", et comment faut-il s'y prendre avec les "voyous" ?
La technocratie communicante a donc rendu la statistique moins ridicule, et je trouve cela presque dommage car la question reste entière.
Telle se situe d'ailleurs la problématique de la loi future.
Et l'on ne peut souhaiter que beaucoup de sens de l'efficacité à M. Estrosi, maire de Nice, auquel échoit officiellement la tâche d'en piloter la rédaction.
Il devra, nous assure-t-on a été chargé de rédiger une proposition de loi pour le début du mois de mai. Ainsi, le gouvernement maître de l'agenda la donnera à examiner par le Parlement dès le mois de juin.
Ce délai coïncide avec la campagne des élections européennes.
Mais il faut beaucoup de mauvais esprit pour y voir un lien quelconque. D'ailleurs, à ce jour les Français semblent se préoccuper très peu de ce scrutin.
Nous nous trouvons en présence d'une avancée juridique importante.
On s'apprête à créer un nouveau délit, celui de "participation à un groupe ayant commis des violences sur des personnes ou des biens".
Il sera passible de trois ans de prison et de 45 000 euros d'amende.
Ceci ambitionne donc d'affiner le bon vieux concept d'association de malfaiteurs, titre cinquième article 450 de notre nouveau code pénal permettant d'infliger des peines beaucoup plus lourdes, allant jusqu'à 10 ans de prison.
Dans le contexte, je ne me joindrai certes pas à la cohorte de ceux qui dénigreront les efforts sans doute méritoires de M. Estrosi.
Celui-ci déclarait le 16 avril sur I-Télé :
"Il faut être à la fois ferme et juste - ferme avec les voyous et les délinquants et juste avec tous les concitoyens qui ne comprennent plus de les voir rester dans la plus stricte impunité. (…) Or, depuis plusieurs années, on constate une évolution constante de la délinquance.
On est passé des vols à la portière, des agressions, des violences à la personne, à une organisation en bandes.
"C'est pourquoi le texte en préparation visera "les casseurs, les bandes qui s'en prennent aux honnêtes citoyens qui font tranquillement leurs courses dans la rue, les groupes qui s'attaquent aux enseignants dans un établissement scolaire ou encore ceux qui utilisent des chiens comme armes de menace et de chantage et ceux qui portent aujourd'hui des cagoules, des casques dans les manifestations."
"une nouvelle loi, c'est d'abord une nouvelle manière pour Nicolas Sarkozy de communiquer.
C'est sa spécialité dans le domaine de la sécurité, il communique beaucoup.
Nous constatons que depuis qu'il a été ministre de l'Intérieur, Nicolas Sarkozy a passé 23 lois ou décrets, c'est la 23e sur les bandes.
Est-ce qu'aujourd'hui ce pays est plus sûr ?
Non.".
Polémique stérile, direz-vous, débat dans lequel le bilan des socialistes depuis 1981 me semble, pour être franc, encore moins présentable que les tentatives, même maladroites, d'une majorité même critiquable.
Si je pouvais m'autoriser moi, simple contribuable, à émettre un avis, je serais tenté de suggérer que l'application des lois pénales existantes servirait de manière autrement plus efficace au rétablissement de l'ordre public en France que la communication du législateur sur sa débordante activité.
Cela étant, je n'ignore pas non plus la responsabilité de notre médiocre magistrature dans l'impunité des voyous et des petits caïds, et par conséquent dans le discrédit de la loi elle-même.
JG Malliarakis
(insolent)
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Des bandes de barbares et autres organismes nuisibles
On peut, et on devrait, partager la préoccupation du gouvernement de mettre un terme à la prolifération sur le sol de l'Hexagone des bandes de barbares.
Quand on prête attention à toutes les nouvelles, distillées en boucle par les grands moyens d'information, et d'intoxication, comment ne pas s'inquiéter en effet de la concurrence que ces petites compagnies font sauvagement aux organismes nuisibles employés quotidiennement à polluer notre existence.
On a beaucoup communiqué de la sorte autour d'une rixe mortelle à Paris, entre deux bandes, au cours de laquelle un gamin de 17 ans a trouvé la mort.
Le conflit opposait nous dit-on un groupe plus ou moins voyoucratique, venu d'Aulnay-sous-Bois, en Seine-Saint-Denis à un autre venu d'Athis-Mons, dans l'Essonne.
Qu'ils se soient retrouvés à proximité de la gare de Lyon, n'empêche pas que les deux communes sont éloignées de 36 km, c'est-à-dire beaucoup plus que la distance séparant à Vérone la demeure des Montagu de celle des Capulet.
Et comme la rue de leur affrontement tragique et sanglant jouxte, non plus le pavillon des manants, mais le fief de notre plus haute technocratie, celle de la citadelle Bercy, on conçoit que l'insécurité interpelle, enfin, l'État.
L'Agence Reuters, à ce propos présentait le recensement du phénomène de la manière suivante :
Selon les chiffres du ministère de l'Intérieur, on dénombre aujourd'hui en France environ 220 bandes organisées composées de 2 500 'membres réguliers' et de 2 500 'membres occasionnels'.
Près de la moitié d'entre eux sont des mineurs et 80 % des ces groupes sont localisés en région parisienne.
Cette évaluation se formulait de manière plus précise quelques jours auparavant et le Canard enchaîné en trouvait cocasse l'administrative certitude, l'attribuant à quelque maladroit rédacteur de nos archaïques Renseignements généraux, que l'on croyait réformés : pensez à cette étrange affirmation "222 bandes" et "2 453 voyous".
Mais pour prétendre à une telle exactitude dans les chiffres, encore faudrait-il s'accorder sur les définitions : que faut-il entendre par "bandes", et comment faut-il s'y prendre avec les "voyous" ?
La technocratie communicante a donc rendu la statistique moins ridicule, et je trouve cela presque dommage car la question reste entière.
Telle se situe d'ailleurs la problématique de la loi future.
Et l'on ne peut souhaiter que beaucoup de sens de l'efficacité à M. Estrosi, maire de Nice, auquel échoit officiellement la tâche d'en piloter la rédaction.
Il devra, nous assure-t-on a été chargé de rédiger une proposition de loi pour le début du mois de mai. Ainsi, le gouvernement maître de l'agenda la donnera à examiner par le Parlement dès le mois de juin.
Ce délai coïncide avec la campagne des élections européennes.
Mais il faut beaucoup de mauvais esprit pour y voir un lien quelconque. D'ailleurs, à ce jour les Français semblent se préoccuper très peu de ce scrutin.
Nous nous trouvons en présence d'une avancée juridique importante.
On s'apprête à créer un nouveau délit, celui de "participation à un groupe ayant commis des violences sur des personnes ou des biens".
Il sera passible de trois ans de prison et de 45 000 euros d'amende.
Ceci ambitionne donc d'affiner le bon vieux concept d'association de malfaiteurs, titre cinquième article 450 de notre nouveau code pénal permettant d'infliger des peines beaucoup plus lourdes, allant jusqu'à 10 ans de prison.
Dans le contexte, je ne me joindrai certes pas à la cohorte de ceux qui dénigreront les efforts sans doute méritoires de M. Estrosi.
Celui-ci déclarait le 16 avril sur I-Télé :
"Il faut être à la fois ferme et juste - ferme avec les voyous et les délinquants et juste avec tous les concitoyens qui ne comprennent plus de les voir rester dans la plus stricte impunité. (…) Or, depuis plusieurs années, on constate une évolution constante de la délinquance.
On est passé des vols à la portière, des agressions, des violences à la personne, à une organisation en bandes.
"C'est pourquoi le texte en préparation visera "les casseurs, les bandes qui s'en prennent aux honnêtes citoyens qui font tranquillement leurs courses dans la rue, les groupes qui s'attaquent aux enseignants dans un établissement scolaire ou encore ceux qui utilisent des chiens comme armes de menace et de chantage et ceux qui portent aujourd'hui des cagoules, des casques dans les manifestations."
"une nouvelle loi, c'est d'abord une nouvelle manière pour Nicolas Sarkozy de communiquer.
C'est sa spécialité dans le domaine de la sécurité, il communique beaucoup.
Nous constatons que depuis qu'il a été ministre de l'Intérieur, Nicolas Sarkozy a passé 23 lois ou décrets, c'est la 23e sur les bandes.
Est-ce qu'aujourd'hui ce pays est plus sûr ?
Non.".
Polémique stérile, direz-vous, débat dans lequel le bilan des socialistes depuis 1981 me semble, pour être franc, encore moins présentable que les tentatives, même maladroites, d'une majorité même critiquable.
Si je pouvais m'autoriser moi, simple contribuable, à émettre un avis, je serais tenté de suggérer que l'application des lois pénales existantes servirait de manière autrement plus efficace au rétablissement de l'ordre public en France que la communication du législateur sur sa débordante activité.
Cela étant, je n'ignore pas non plus la responsabilité de notre médiocre magistrature dans l'impunité des voyous et des petits caïds, et par conséquent dans le discrédit de la loi elle-même.
JG Malliarakis
(insolent)
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