CIMETIERE DE "BOURG-LA-REINE: 11 Novembre 2008 2008 (1)

Mesdames, Messieurs, Chers Amis,
Aujourd’hui 11 Novembre 2008, nous voici rassemblés pour nous recueillir devant la tombe du Colonel Jean Bastien-Thiry et méditer sur le sens de son sacrifice.
Bastien-Thiry avait choisi le difficile chemin de l’honneur et du courage.
Le 11 Mars 1963, un homme de 35 ans tombait sous des balles françaises, foudroyé par un pouvoir que sa haute figure dépassait.
Il avait placé le respect et la défense d’un certain nombre de valeurs morales au dessus de sa personne, de sa situation personnelle et de sa sécurité.
La valeur profonde de son engagement, la noblesse de ses convictions, la fidélité à son idéal lui étaient dicté par sa seule conscience.
Il est mort sans haine et sans regret, offrant sa vie à la misère de ses frères de l’Armée crucifiée et à la douleur de ses frères de l’Algérie martyrisée.
Faut il rappeler ici une nouvelle fois l’étendue du drame algérien particulièrement après ce qu’il fut convenu d’appeler « Les accords d’Evian » où les adversaires de la France changeaient brusquement de camp. Cette guerre devenait franco-française avec son effroyable bilan : il y eu en effet plus de civils, Européens et Musulmans confondus, torturés, exécutés, enlevés ou portés disparus du 19 Mars au 31 Décembre 1962 que pendant les sept années précédentes.
Comment rester indifférent devant l’exode forcée d’un million de Français, le massacre programmé de dizaines de milliers de Harkis abandonnés dans des conditions déshonorantes pour la France.
En 1960 , grâce à son armée, la France était en position de force pour imposer une paix honorable et conforme aux intérêts supérieurs de la Nation. L’intégration était peut être une illusion mais elle ne manquait ni de générosité, ni de noblesse. Cela n’a pas été rendu possible que par l’obstination d’un homme, d’un seul homme et cela constitue une des plus grandes impostures de l’Histoire de ce pays.
Devant cette politique d’abandon, de mensonges,de reniements, des hommes se sont trouvés humiliés, trompés, bafoués. Il se sont révoltés comme l’explique l’un de leurs défenseurs parce qu’il ne leur avait pas été dit la vérité, parce que l’on voulait leur imposer le contraire de ce à quoi ils s’étaient engagés.
Ils se sont révoltés parce qu’on a rien expliqué, on n’a pas consolé, on n’a rien réparé.
On a préféré la haine au pardon, le désespoir à l’amour. Ils se sont révoltés, poussés par une réaction profonde de cœur et d’esprit contre une INJUSTICE.
- 1 -
Bastien-Thiry était de ceux-la .
Aujourd’hui 11 Novembre 2008, nous voici rassemblés pour nous recueillir devant la tombe du Colonel Jean Bastien-Thiry et méditer sur le sens de son sacrifice.
Bastien-Thiry avait choisi le difficile chemin de l’honneur et du courage.
Le 11 Mars 1963, un homme de 35 ans tombait sous des balles françaises, foudroyé par un pouvoir que sa haute figure dépassait.
Il avait placé le respect et la défense d’un certain nombre de valeurs morales au dessus de sa personne, de sa situation personnelle et de sa sécurité.
La valeur profonde de son engagement, la noblesse de ses convictions, la fidélité à son idéal lui étaient dicté par sa seule conscience.
Il est mort sans haine et sans regret, offrant sa vie à la misère de ses frères de l’Armée crucifiée et à la douleur de ses frères de l’Algérie martyrisée.
Faut il rappeler ici une nouvelle fois l’étendue du drame algérien particulièrement après ce qu’il fut convenu d’appeler « Les accords d’Evian » où les adversaires de la France changeaient brusquement de camp. Cette guerre devenait franco-française avec son effroyable bilan : il y eu en effet plus de civils, Européens et Musulmans confondus, torturés, exécutés, enlevés ou portés disparus du 19 Mars au 31 Décembre 1962 que pendant les sept années précédentes.
Comment rester indifférent devant l’exode forcée d’un million de Français, le massacre programmé de dizaines de milliers de Harkis abandonnés dans des conditions déshonorantes pour la France.
En 1960 , grâce à son armée, la France était en position de force pour imposer une paix honorable et conforme aux intérêts supérieurs de la Nation. L’intégration était peut être une illusion mais elle ne manquait ni de générosité, ni de noblesse. Cela n’a pas été rendu possible que par l’obstination d’un homme, d’un seul homme et cela constitue une des plus grandes impostures de l’Histoire de ce pays.
Devant cette politique d’abandon, de mensonges,de reniements, des hommes se sont trouvés humiliés, trompés, bafoués. Il se sont révoltés comme l’explique l’un de leurs défenseurs parce qu’il ne leur avait pas été dit la vérité, parce que l’on voulait leur imposer le contraire de ce à quoi ils s’étaient engagés.
Ils se sont révoltés parce qu’on a rien expliqué, on n’a pas consolé, on n’a rien réparé.
On a préféré la haine au pardon, le désespoir à l’amour. Ils se sont révoltés, poussés par une réaction profonde de cœur et d’esprit contre une INJUSTICE.
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Bastien-Thiry était de ceux-la .
Son amour de la justice, son respect de la vérité et de la parole donnée, l’on brutalement poussé, lui l’homme de réflexion, à passer à l’action.
Il était prêt dès le premier jour, prêt pour le service d’une juste cause , prêt pour le respect et la défense de valeurs morales menacées et qui étaient pour lui plus sacrées que celle de sa tranquillité et de sa vie.
Quelque soit les sentiments que l’on peut éprouver à l’égard des acteurs de l’attentat du Petit Clamart, personne ne peut nier qu’ils n’aient été guidés que par un seul mobile, l’amour de la Patrie. Nul intérêt ou calcul, nul désir de gloire, nulle ambition personnelle.
L’amour de la Patrie, c’est le plus désintéressé des amours humains puisque c’est pour lui que des hommes meurent encore de nos jours.
Sans doute, le Colonel Bastien-Thiry avait il eu la noble imprudence de contester la légitimité du pouvoir. En ce sens, la déclaration qu’il fit le 2 Février 1963 devant ses juges est sans appel.
Les raisons qu’il formule pour justifier son action sont plus que politiques…elles sont morales.
Cette déclaration, cet acte d’accusation, par son ampleur, la sérénité de son accent et l’importance des problèmes qu’elle soulevait, dérangeait le pouvoir et ses pitoyables serviteurs.
Pas de circonstances atténuantes pour Bastien-Thiry !
Pas de grâce présidentielle !
Jamais, depuis de longues années, un attentat politique n’ayant pas fait de victime, n’avait été sanctionné par une exécution capitale. L’Histoire est là pour nous le rappeler.
Ce refus du pardon, cette inhumanité face au drame qui se déroulait n’engendrait que haine et désespoir. Il fallait avant tout réconcilier les Français entre eux, accorder une amnistie large et généreuse. Si celle-ci avait été promulguée, il n’y aurait pas eu de Petit Clamart ! Bastien-Thiry faisait honneur à la France. Sa présence invisible restera à jamais gravée dans nos cœurs.
Aujourd’hui 11 Novembre 2008, 90ème anniversaire de l’Armistice de 1918. En profonde communion avec tous ceux tombés au Champ d’Honneur durant cette guerre et celles qui suivirent, hommage solennel leur est rendu ce jour partout en France.
Dans un petit village de Bourgogne, comme dans beaucoup d’autres, tous les ans, à cette date, on commémore le souvenir des enfants du pays Morts pour la France en Algérie.
L’un deux s’appelait Hubert, c’était mon frère. En Algérie depuis deux ans, il est tombé un soir quelque part à la frontière marocaine. Il avait 22 ans
Comme beaucoup d’autres jeunes de sa génération, il accomplissait simplement et dignement son devoir, celui de servir son pays la France, engagée dans une guerre qui ne disait pas son nom.
- 2 -
Dans cette guerre sans visage, combien de destins brisés, de vies sacrifiées, de familles effondrées ?
Doit on rappeler ici que plus de 2 700 000 appelés du contingent ou engagés volontaires ont servi en Algérie de 1954 à 1962.
Ils répondaient à leur tour à l’appel de la France comme l’avait fait leurs grand- pères puis leurs pères.
25000 d’entre eux y ont laissé leur jeunesse et leur vie.
Pour certains, la conviction sur la finalité de cette guerre faisait parfois défaut. Mais tous, tous servaient la France avec courage, abnégation et le sens du devoir.
Ils ont combattus l’ennemi mais ils ont aussi aidé, soigné, enseigné, construit, administré sans discrimination aucune.
Dans cette guerre qu’ils n’avaient ni voulue ni choisie, nos soldats accomplissaient leur devoir, faisant honneur à la mission qui leur avait été confiée. Ils donnèrent dans le sang et les larmes le meilleur d’eux-mêmes. Ils sont et resteront notre fierté.
Eux aussi ont été victimes d’une honteuse campagne de dénigrement. Eux aussi ont le sentiment d’avoir été trahis d’abord, insultés ensuite, réduits au silence pour finir.
Les mensonges officiels ont toujours cours, l’idéologie dominante pratiquant une désinformation la plus cynique qui soit. Véritable fond de commerce où l’on glorifie la rébellion , on accuse et condamne notre armée, on accable notre conscience de remords et de culpabilité, on travestit et manipule l’Histoire.
Cette Histoire, notre Histoire, ce n’est pas comme elle est écrite aujourd’hui. Cette Histoire s’écrira, comme toutes les Histoires, dans 50 ou 100 ans, le temps nécessaire pour une lecture apaisée de notre Histoire.
Le danger réside dans l’indifférence et l’oubli. Le voile de l’oubli ne doit pas être un second linceul pour cette génération sacrifiée. Aussi devons nous être fidèle à la Mémoire qui est la conscience de l’Histoire. La Mémoire se garde, la Mémoire se conserve, la Mémoire se transmet.
Lorsque la voix de ceux qui restent se sera tue, il reviendra à la jeunesse de France de prendre le relais de cette Mémoire. Ils le feront pour Bastien-Thiry, ils le feront pour mon frère, ils le feront pour vous leurs compagnons d’armes, ils le feront pour la France .
Il était prêt dès le premier jour, prêt pour le service d’une juste cause , prêt pour le respect et la défense de valeurs morales menacées et qui étaient pour lui plus sacrées que celle de sa tranquillité et de sa vie.
Quelque soit les sentiments que l’on peut éprouver à l’égard des acteurs de l’attentat du Petit Clamart, personne ne peut nier qu’ils n’aient été guidés que par un seul mobile, l’amour de la Patrie. Nul intérêt ou calcul, nul désir de gloire, nulle ambition personnelle.
L’amour de la Patrie, c’est le plus désintéressé des amours humains puisque c’est pour lui que des hommes meurent encore de nos jours.
Sans doute, le Colonel Bastien-Thiry avait il eu la noble imprudence de contester la légitimité du pouvoir. En ce sens, la déclaration qu’il fit le 2 Février 1963 devant ses juges est sans appel.
Les raisons qu’il formule pour justifier son action sont plus que politiques…elles sont morales.
Cette déclaration, cet acte d’accusation, par son ampleur, la sérénité de son accent et l’importance des problèmes qu’elle soulevait, dérangeait le pouvoir et ses pitoyables serviteurs.
Pas de circonstances atténuantes pour Bastien-Thiry !
Pas de grâce présidentielle !
Jamais, depuis de longues années, un attentat politique n’ayant pas fait de victime, n’avait été sanctionné par une exécution capitale. L’Histoire est là pour nous le rappeler.
Ce refus du pardon, cette inhumanité face au drame qui se déroulait n’engendrait que haine et désespoir. Il fallait avant tout réconcilier les Français entre eux, accorder une amnistie large et généreuse. Si celle-ci avait été promulguée, il n’y aurait pas eu de Petit Clamart ! Bastien-Thiry faisait honneur à la France. Sa présence invisible restera à jamais gravée dans nos cœurs.
Aujourd’hui 11 Novembre 2008, 90ème anniversaire de l’Armistice de 1918. En profonde communion avec tous ceux tombés au Champ d’Honneur durant cette guerre et celles qui suivirent, hommage solennel leur est rendu ce jour partout en France.
Dans un petit village de Bourgogne, comme dans beaucoup d’autres, tous les ans, à cette date, on commémore le souvenir des enfants du pays Morts pour la France en Algérie.
L’un deux s’appelait Hubert, c’était mon frère. En Algérie depuis deux ans, il est tombé un soir quelque part à la frontière marocaine. Il avait 22 ans
Comme beaucoup d’autres jeunes de sa génération, il accomplissait simplement et dignement son devoir, celui de servir son pays la France, engagée dans une guerre qui ne disait pas son nom.
- 2 -
Dans cette guerre sans visage, combien de destins brisés, de vies sacrifiées, de familles effondrées ?
Doit on rappeler ici que plus de 2 700 000 appelés du contingent ou engagés volontaires ont servi en Algérie de 1954 à 1962.
Ils répondaient à leur tour à l’appel de la France comme l’avait fait leurs grand- pères puis leurs pères.
25000 d’entre eux y ont laissé leur jeunesse et leur vie.
Pour certains, la conviction sur la finalité de cette guerre faisait parfois défaut. Mais tous, tous servaient la France avec courage, abnégation et le sens du devoir.
Ils ont combattus l’ennemi mais ils ont aussi aidé, soigné, enseigné, construit, administré sans discrimination aucune.
Dans cette guerre qu’ils n’avaient ni voulue ni choisie, nos soldats accomplissaient leur devoir, faisant honneur à la mission qui leur avait été confiée. Ils donnèrent dans le sang et les larmes le meilleur d’eux-mêmes. Ils sont et resteront notre fierté.
Eux aussi ont été victimes d’une honteuse campagne de dénigrement. Eux aussi ont le sentiment d’avoir été trahis d’abord, insultés ensuite, réduits au silence pour finir.
Les mensonges officiels ont toujours cours, l’idéologie dominante pratiquant une désinformation la plus cynique qui soit. Véritable fond de commerce où l’on glorifie la rébellion , on accuse et condamne notre armée, on accable notre conscience de remords et de culpabilité, on travestit et manipule l’Histoire.
Cette Histoire, notre Histoire, ce n’est pas comme elle est écrite aujourd’hui. Cette Histoire s’écrira, comme toutes les Histoires, dans 50 ou 100 ans, le temps nécessaire pour une lecture apaisée de notre Histoire.
Le danger réside dans l’indifférence et l’oubli. Le voile de l’oubli ne doit pas être un second linceul pour cette génération sacrifiée. Aussi devons nous être fidèle à la Mémoire qui est la conscience de l’Histoire. La Mémoire se garde, la Mémoire se conserve, la Mémoire se transmet.
Lorsque la voix de ceux qui restent se sera tue, il reviendra à la jeunesse de France de prendre le relais de cette Mémoire. Ils le feront pour Bastien-Thiry, ils le feront pour mon frère, ils le feront pour vous leurs compagnons d’armes, ils le feront pour la France .
Olivier Deborne
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