mardi 23 octobre 2007

QUELQUES REMARQUES SUR "LE VRAI VISAGE DE L'ISLAM"********Blog-note N° 11

Dans son excellent -et très courageux- livre, "LE VRAI VISAGE DE L'ISLAM" (publié chez "KYROLLOS" 4, Cité de Noyers 53250 Javron-les-chapelles tel: 0243321407), Michel ALCADER évoque, entre autres, les origines "dogmatiques" de l'Islam, qu'il fait remonter à l'une des sectes judéo-chrétiennes de la période anté-nicéenne (avant le Concile de Nicée de 325 AD, qui définira le "credo" catholique), les EBIONITES, ainsi que ses origines "historiques".

Je ne suis en aucune façon compétent pour traiter des origines "historiques" de l'Islam, et je ne me permettrai que d'exprimer, modestement, dans ma conclusion quelques réserves sur le chapitre "analyse historique" (pp25 à 31) de son livre, lors de ma conclusion.

Par contre, ayant suivi, pendant un semestre (seulement...), les cours d' H.-J. SCHOEPS, à l' Université d'ERLANGEN, près de Nuremberg, (où j'exerçais, pour financer mon séjour, les fonctions de Maître d'internat), et, pendant un an,ceux, à Paris, d'Oscar CULLMANN (Ecole Pratique des Hautes Etudes -Vème section-Sciences Religieuses) - c'est-à-dire les deux grands spécialistes des Ebionites - j'ai l' audace de m'estimer en mesure de pouvoir dire deux ou trois petites choses sur ceux qui s'attirèrent les foudres des principaux hérésiologues de l'époque: Saint Irénée, Tertullien, Origène, Hippolyte, Eusèbe et Epiphane.

Un blog n'étant pas une "Revue savante", ces quelques remarques ne peuvent constituer qu'une tentative de "vulgarisation scientifique" (si tant est que l'on puisse considérer l'Histoire,comme une science).

Il semble évident aujourd'hui qu'il faille rechercher les sources du Christianisme -et de l'ISLAM- du côté du Judaïsme (et non pas, comme on l'a longtemps pensé, des "Religions à Mystères" du monde gréco-romain (cf mon "regretté" maître Pierre GEOLTRAIN, décédé en 2004).

Je vois personnellement deux causes principales à l'émergence de ces deux mouvements de réforme du Judaïsme, que constituent le Christianisme (réforme qualifiée de "progressiste" par Renan ) et de l' Islam (qualifié de "rétrograde et réactionnaire" par le même auteur) :le PROBLEME DU MAL d'une part, et l' OBSSESSION EXEGETIQUE des "Léttrés" juifs d'autre part.

Le PROBLEME DU MAL a toujours été (et demeure), de JOB à TEILHARD de CHARDIN, en passant par ST-THOMAS d' AQUIN, la pierre d'achoppement de tous les théologiens (professionnels...ou amateurs): Comment un Dieu BON (tout amour) et miséricordieux, omniscient et omnipotent, peut-il tolérer autant de souffrance, au sein de sa création ?

Je n'évoquerai pas ici les différentes "solutions" proposées -ce n'est pas notre propos. Je me bornerai à souligner qu'aucune d'entre elles n'est vraiment satisfaisante (tout en rappelant que "pour le croyant, il n'y a pas de question, et pour l'incroyant, il n'y a pas de réponse).

Des "sceptiques" juifs suggérèrent qu'il avait en fait "DEUX POUVOIRS" (grec: dynamis) au Ciel (heb: chtei rechouiot be-chamaïn) :Un Dieu BON ...et un Dieu MAUVAIS (dénommé "démiurge").
Etant donné que ces "hérétiques" proposaient un SALUT obtenu, non par la FOI, ni par les OEUVRES, mais grâce à une CONNAISSANCE (grec: gnosis), ésotérique, les historiens des Religions les dénommèrent GNOSTIQUES.

Les Rabbins, quant à eux, utilisèrent le vocable "MINIM" :il s'appliquait à la fois aux "Mystiques de la Merkabah" (qui pratiquaient l'ascension, en état d'extase, au "7ème ciel" cf St Paul 2 Cor 12:2 et Mohammad -sourate LIII:10; et I. Gruenwald "Apocalytic and merkabah mysticism"), aux Samaritains, aux Judéo-chrétiens...et aux Chrétiens.

Le Dieu "méchant" était donc le CREATEUR de cet univers d'injustice et de souffrance (Dieu, le Père) et le Dieu d'Amour était son "Vice-régent", son "Archange-principal", "Metatron", "Michaël", "Gabriel", son "serviteur souffrant", son "Fils bien-aimé"...son Messie-Prophète (grec: Christos).
Un CHRIST (heb: machiah=oint,sauveur), qui , au cours des temps s'était "incarné" successivement en ADAM, ABRAHAM, NOE, MOISE...et JESUS. C'est ce qu'on appelle la PROPHETOLOGIE -rejetée par la grande Eglise à NICEE, elle sera reprise par les auteurs d' AL QUR'AN (le CORAN), en y rajoutant le Prophète MOHAMMAD, le "vrai" prophète -puisque le dernier (le "sceau" des prophètes).

Si ces élucubrations "angélo-christologiques" et "prophètologiques" peuvent se rattacher à des SECTES Judéo-chrétiennes, comme les "NAZOREENS" ...et bien sûr les EBIONITES (qui professaient une christologie "DOCETIQUE" ,considérant que le Verbe ne s'était pas vraiment "fait chair" mais qu'il n'avait pris que l'APPARENCE (grec:dokein) d'un homme -St Paul Phil 2:7- et cf Henri CORBIN "Le paradoxe du monothéisme"), elles sont surtout l'oeuvre d'exégètes juifs, de la période du second temple, qui apparemment n'avaient rien d'autre à faire de la journée,que de produire un nombre incalculable (ils ont pour la plupart été perdus ou détruits) d'écrits exégétiques appelés MIDRASCH (plur: midrashim); dont beaucoup d' "EVANGILES", comme l'EVANGILE DES EBIONITES ou l' EVANGILE SELON LES HEBREUX (tous les deux perdus): C'est ce qu'on appelle la LITTERATURE APOCRYPHE (P.Géoltrain disait "la FABLE APOCRYPHE").

Elle est la source principale du Coran, en particulier en ce qui concerne JESUS (Isa), mentionné 70 fois et sa Mère (Maryam):17 fois.

Le verset 157 de la Sourate IV confirme bien les origines judéo-chrétiennes et docétiques (christo-angélologiques -cf H.Corbin op. cit.) de l'ISLAM :
"Mais ils ne l'ont pas tué;ils ne l'ont pas crucifié, cela leur est seulement "apparu" (grec:dokein) ainsi".

Michel ALCADER a donc raison de dire (après H.Corbin et H-J SCHOEPS: "Theologie u. Geschichte des Judenchristentums") que les "premiers musulmans étaient les adeptes de l'une des sectes hérétiques,appelés EBIONITES (p26)" (et "Nazôréens" dans le Coran).
²
Par contre, je suis moins convaincu lorqu'il voit également dans l'EBIONISME, l'origine du caractère belliqueux et conquérant de l'Islam (p29)...donc du JIHAD.

Rappelons que le MESSIANISME JUIF a connu deux phases: un Messianisme "militaire" dit Messianisme "ROYAL". Il exprimait l'attente d'un Messie, non pas "conquérant", mais "résistant", qui les délivrerait du joug des envahisseurs étrangers (babyloniens,grecs et enfin romains).
Lorsque le roi CYRUS délivre les juifs de la captivité babylonienne, il est qualifié de MESSIE (heb:maschiah =oint/sauveur) par ESAIE (45:1) :"Ainsi parle l'Eternel à son Oint/Messie, à Cyrus".

Mais la défaite du dernier Messie en date, Simeon BAR KOCHBA, à Massada, en 135 AD (où, plutôt que de tomber entre les mains des romains, les ZELOTES, qui tenaient la forteresse de BETHAR, préférèrent se suicider), mit fin à l'attente d'un Messie "royal" et les "darshanim" (auteurs des fameux "midrashim"), commencèrent à spéculer sur un Messie "SPIRITUEL" qui les délivrerait "du MAL" (libera nos a malo) et leur donnerait accès à la vie éternelle (pour les juifs:"au monde à venir").

Les EBIONITES (de l'hebreu:ebionim =pauvres),et que l'on situe géographiquement à KOKABE, près du lac de Tibériade, n'étaient pas, semble-t-il, de gens "belliqueux". Ils prêchaient la pauvreté ("évangélique") et s'opposaient farouchement aux sacrifices d'animaux.
Enfin, ils attribuèrent leurs écrits "pseudo-épigraphiques" au 4ème Evêque de Rome "CLEMENT" (ou en hébreu ZACHEE, ce qui signifie "le doux"). (cf O. CULLMANN " Le problème littéraire et historique du roman pseudo-clémentin").

Je suggère donc de chercher ailleurs que dans les spéculations midrachiques ou chez les judéo-chrétiens des trois premiers siècles, l'origine du caractère agressif et menaçant
dans les coeurs des incrédules
.....leur demeure sera le Feu.Quel affreux séjour!" sourates III:151, ou II:190, ou encore IV:89: "tuez-les partout...."-pour n'en citer que quelques-unes),du LIVRE SAINT de l' Islam -utilisé de nos jours, par les plus radicaux, pour justifier la BARBARIE que nous connaissons.

Jean-Pierre PAGèS-SCHWEITZER

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