mercredi 21 mai 2014

POURQUOI PAS ?

Manolis Glezos, le résistant grec qui veut faire payer l’Allemagne

Le héros de la résistance grecque contre les nazis veut obtenir de Berlin le remboursement du prêt forcé accordé en 1941 au IIIe Reich.

21/5/14 

Manolis Glezos, 92 ans, au Parlement grec (AFP).

Manolis Glezos, 92 ans, au Parlement grec (AFP).


Il a une chevelure d’un blanc immaculé et une moustache de résistant gaulois. Sa vie incarne à elle seule tous les combats du pays, toutes les luttes de la gauche, toutes ses vicissitudes. À moins de 18 ans, il décroche en mai 1944 le drapeau nazi de l’Acropole. Aujourd’hui, à 92 ans, il porte les couleurs de la gauche radicale grecque, Syriza, aux élections européennes.

Si Manolis Glezos lâche son fauteuil de député pour celui d’eurodéputé, c’est pour monter d’un cran dans sa dernière bataille, celle qui lui tient à cœur depuis des années : le remboursement par l’Allemagne du prêt forcé que la Grèce vaincue a dû accorder en 1941 au IIIe Reich.

Jusqu’à présent, Berlin a fait la sourde oreille. Mais Manolis Glezos, soutenu par l’ensemble du pays, persiste. Cette affaire doit être portée au cœur de l’Europe, aux portes de l’Allemagne. « Je me dois de représenter mes camarades fusillés ou morts dans les combats », a-t-il souligné, le jour où il a annoncé sa candidature pour le Parlement européen.

Une question de justice et d’honneur

Si les négociations aboutissent, Athènes pourrait toucher de Berlin 70 milliards d’euros, en appliquant à ce prêt forcé un taux d’intérêt standard courant sur six décennies. Une somme très supérieure aux 33 milliards que la Grèce doit aujourd’hui aux banques allemandes.

Manolis Glezos, dont le frère a été fusillé par les nazis, n’a pas l’esprit revanchard, mais il veut que l’Allemagne reconnaisse sa responsabilité et agisse en conséquence. « C’est une question de justice et d’honneur pour les Allemands eux-mêmes », martèle-t-il.

Malgré son âge, Manolis Glezos est de toutes les manifestations contre la rigueur imposée au pays en échange de l’aide européenne. « À l’époque terrible où nous vivons, je n’ai pas le droit d’être absent. Et les batailles d’aujourd’hui se livrent tant dans la rue qu’au Parlement européen. »

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