SOLIDARITE HARKIS
Un couple pied-noir demande 9 millions d'euros à l'État
«Le transfert forcé de population est un crime
contre l'humanité», a plaidé leur avocat, Me Jacques Bernadet, en
faisant notamment référence à l'article 7 du Statut de Rome, texte
fondateur de la Cour pénale internationale (CPI). Un million de rapatriés et des dizaines de milliers de harkis
persécutés par le Front de libération nationale (FLN) algérien après
les accords d'Évian du 18 mars 1962 avaient dû regagner la France «dans
un climat d'épouvante», se souvient le couple. «En 1962, la France de
Charles de Gaulle ne peut pas ignorer que l'objectif du FLN est
d'exterminer la population française. Il y a complicité d'épuration
ethnique», affirme la voix de ces pieds-noirs qui «eurent pour tout
choix la valise ou le cercueil».
Le 28 janvier, le tribunal
administratif (TA) de Pau a rejeté la requête des époux Asnar, un rejet
non pas fondé sur une appréciation concernant le fond mais sur
l'incompétence de la juridiction administrative, s'agissant d'accords
internationaux. Ce que conteste vivement Me Jacques Bernadet, qui, se
fondant sur un arrêt de 2001 du Conseil d'État, estime que les accords d'Évian
ne sont pas des accords internationaux. L'incompétence du TA a aussi
porté sur son impossibilité à juger des actes accomplis par les services
de police judiciaire, faisant référence aux actions de la «mission C»
(C pour choc, NDLR), qui avaient pour objet le démantèlement de l'OAS.
«Il ne s'agit pas d'actes de police judiciaire mais d'assassins qui ont
procédé à des exactions et des enlèvements!» conteste Me Bernadet.
Le comité des droits de l'homme de l'ONU saisi
Enfin,
le TA a estimé que le transfert forcé de population «n'était pas à
l'époque classé parmi les crimes contre l'humanité». «Alors on se fout
de la convention de Genève de 1951 et du statut de Nuremberg de 1945?
rétorque Me Bernadet. Ce qui a fait partie du droit positif français
pour condamner les Papon et autres Barbie ne fait plus partie du droit
aujourd'hui?»
Déterminés, l'avocat et le couple ont décidé de
poursuivre leurs actions en faisant appel. Ils vont saisir la Cour
administrative d'appel (CAA) de Bordeaux mais aussi engager d'autres
procédures devant les instances internationales, notamment le comité des
droits de l'homme de l'ONU.
Par ailleurs, une plainte déposée en
juillet dernier pour «crime contre l'humanité», «complicité de
génocide» et «apologie de crime contre l'humanité» visant Abdelaziz Bouteflika,
président de l'Algérie, Hocine Aït Ahmed, un des leaders du FLN, mais
aussi Hervé Bourges, François Hollande et le président de l'Assemblée
nationale, Claude Bartolone, est toujours à l'étude. Pour ces deux
derniers, le couple de pieds-noirs estime qu'ils se sont rendus
coupables d'«apologie de crime contre l'humanité», lors de voyages
officiels le 22 décembre 2012 et le 11 mars 2013 en rendant
respectivement hommage à Maurice Audin, militant communiste engagé aux
côtés du FLN, et en se recueillant sur le monument érigé en la mémoire
des hommes du FLN,
avec dépôt de gerbe et minute de silence. Classée sans suite par le
procureur de la République de Paris, elle fait aussi aujourd'hui l'objet
d'un recours.
- Harkis: la France reponsable selon Sarkozy
- François Meyer, au nom de tous les harkis
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