"SALE FRANCAISE" !
Le Point.fr
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En exigeant un conseil de discipline pour deux de ses élèves, Sophie avait gagné un combat.
Mais les élèves sont loin de baisser la garde.
"Sale Française, sale pute !"
Pour Sophie (1), aucun doute n'est permis : c'est bien à elle que s'adressent ces insultes, proférées à la sortie du collège par des amis des deux jeunes qui ont été exclus définitivement la veille, lors d'un conseil de discipline.
La prof savait bien que le virage "post-exclusion" ne serait pas simple à négocier : c'est à sa ténacité qu'est due la mise au ban de ces élèves. Les autres enseignants de l'établissement, impressionnés par la défense et la détermination de leur collègue, l'avaient avertie : la semaine promettait d'être houleuse.
"C'était difficile à croire, puisque les exclusions ont eu lieu au sein d'une classe où les élèves se détestent. Lors du conseil de discipline, les délégués ont laissé leurs camardes accueillir leur sanction dans l'indifférence la plus totale", s'étonne-t-elle encore.
"Je ne crois pas être réellement menacée, mais il est certain que le discours de fermeté diffusé par le conseil de discipline n'a pas été compris, puisqu'ils m'insultent dès le lendemain de l'exclusion de leurs camarades !" s'emporte-t-elle. "J'en ai ras le bol, je n'ai plus du tout envie d'être gentille", affirme la jeune femme sur un ton désabusé. Il suffit d'ailleurs que la jolie brune évoque ses élèves pour que son éternel sourire s'efface instantanément. Ces insultes ne pouvaient donc rester sans réponse de sa part : Sophie s'est donc décidée à leur faire un rappel informel à la loi, rappelant aux élèves qu'ils encourent des sanctions pour "propos à caractère raciste" et "insultes à agents de la fonction publique".
Las ! Cette seule entrée en matière ne suffit pas. Rien que la semaine dernière, Sophie a rédigé une demi-douzaine de rapports, pour des raisons multiples : harcèlement de camarades, coups, refus de donner le carnet, insolence... "J'ai reproché à un élève de ne pas travailler, il a quitté mon cours en affirmant que cela lui ferait des vacances de ne pas me voir (sic). Un autre, à qui j'avais demandé de jeter son chewing-gum, s'est exécuté avant d'en reprendre un nouveau immédiatement et ostensiblement.
Certains se plaignent de l'arbitraire de la justice. Même les bons élèves me regardent de travers et me prennent de haut", déplore Sophie, qui a du mal à réaliser que des élèves puissent aller aussi loin dans le défi de l'autorité.
"L'issue du conseil de discipline avait fait l'effet d'une bouffée d'air pour les profs : ils se sont mis à rédiger des rapports lorsque le comportement d'un élève l'exigeait et se sentaient moins étouffés, plus libres de ce qu'ils ressentaient", remarque Sophie. Mais l'ambiance est tellement mauvaise dans le collège que cela transpire malgré tout du côté des enseignants. La fin du trimestre promet d'être mouvementée.
Pour Sophie (1), aucun doute n'est permis : c'est bien à elle que s'adressent ces insultes, proférées à la sortie du collège par des amis des deux jeunes qui ont été exclus définitivement la veille, lors d'un conseil de discipline.
La prof savait bien que le virage "post-exclusion" ne serait pas simple à négocier : c'est à sa ténacité qu'est due la mise au ban de ces élèves. Les autres enseignants de l'établissement, impressionnés par la défense et la détermination de leur collègue, l'avaient avertie : la semaine promettait d'être houleuse.
"C'était difficile à croire, puisque les exclusions ont eu lieu au sein d'une classe où les élèves se détestent. Lors du conseil de discipline, les délégués ont laissé leurs camardes accueillir leur sanction dans l'indifférence la plus totale", s'étonne-t-elle encore.
Rappel à la loi
Sophie décide de ne pas relever les insultes, fait mine de ne pas avoir entendu et continue son chemin, pour éviter de faire monter davantage la pression. La jeune prof décide toutefois d'en parler au principal entre deux portes, au cas où d'autres problèmes de cet acabit venaient à arriver. Surprise : le chef d'établissement, d'habitude plutôt enclin à minimiser les faits pour éviter de faire des vagues, exige un rapport de l'enseignante, qualifiant les faits de "graves". Et ses collègues de surenchérir en insistant pour l'escorter jusqu'au RER tous les soirs jusqu'aux prochaines vacances."Je ne crois pas être réellement menacée, mais il est certain que le discours de fermeté diffusé par le conseil de discipline n'a pas été compris, puisqu'ils m'insultent dès le lendemain de l'exclusion de leurs camarades !" s'emporte-t-elle. "J'en ai ras le bol, je n'ai plus du tout envie d'être gentille", affirme la jeune femme sur un ton désabusé. Il suffit d'ailleurs que la jolie brune évoque ses élèves pour que son éternel sourire s'efface instantanément. Ces insultes ne pouvaient donc rester sans réponse de sa part : Sophie s'est donc décidée à leur faire un rappel informel à la loi, rappelant aux élèves qu'ils encourent des sanctions pour "propos à caractère raciste" et "insultes à agents de la fonction publique".
"Ça me fera des vacances de ne pas vous voir"
Pour renforcer son image de professeur intraitable, Sophie a compris que tout se joue à l'entrée dans la salle de classe. Le rituel qu'elle a imposé, en exigeant que tous ses élèves lui donnent leur carnet de correspondance avant de franchir le seuil de la porte, lui permet de jauger les forces en présence : "Il y a ceux qui veulent enfreindre la règle tout en la respectant, en forçant le passage et en ne tendant leur carnet qu'après leur entrée, ceux qui se mettent en queue de peloton systématiquement, pour être les derniers à entrer, ceux qui sont sages (souvent des filles) : leurs carnets préparés à l'avance, elles osent un "bonjour" poli, fait suffisamment rare pour être souligné. Il y a enfin ceux qui traînent pour prendre du retard et que l'on est pourtant bien obligé d'attendre." La typologie de son auditoire établie, Sophie peut enfin commencer son cours, et pas toujours sous les meilleurs auspices.Las ! Cette seule entrée en matière ne suffit pas. Rien que la semaine dernière, Sophie a rédigé une demi-douzaine de rapports, pour des raisons multiples : harcèlement de camarades, coups, refus de donner le carnet, insolence... "J'ai reproché à un élève de ne pas travailler, il a quitté mon cours en affirmant que cela lui ferait des vacances de ne pas me voir (sic). Un autre, à qui j'avais demandé de jeter son chewing-gum, s'est exécuté avant d'en reprendre un nouveau immédiatement et ostensiblement.
Certains se plaignent de l'arbitraire de la justice. Même les bons élèves me regardent de travers et me prennent de haut", déplore Sophie, qui a du mal à réaliser que des élèves puissent aller aussi loin dans le défi de l'autorité.
"L'issue du conseil de discipline avait fait l'effet d'une bouffée d'air pour les profs : ils se sont mis à rédiger des rapports lorsque le comportement d'un élève l'exigeait et se sentaient moins étouffés, plus libres de ce qu'ils ressentaient", remarque Sophie. Mais l'ambiance est tellement mauvaise dans le collège que cela transpire malgré tout du côté des enseignants. La fin du trimestre promet d'être mouvementée.
(1) Le prénom a été modifié.
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