vendredi 29 novembre 2013

TIBEHIRINE

Tibéhirine: Alger donne son feu vert pour l'exhumation des moines assassinés


Le juge Marc Trévidic.
INFO LE FIGARO -

 Le juge Trévidic pourrait se rendre fin février ou début mars en Algérie avec une équipe d'experts français pour procéder à l'autopsie des crânes des religieux assassinés. 

En revanche, il ne pourra assister à l'audition d'une vingtaine de témoins cités dans le cadre la commission rogatoire internationale.

Une lueur d'espoir. Dix-huit ans après l'assassinat des sept moines de Tibéhirine, enlevés dans leur monastère dans la nuit du 26 au 27 mars 1996, les autorités algériennes ont donné leur feu vert pour l'exhumation des têtes des religieux français de l'ordre de Citeaux retrouvées deux mois plus tard sur une route de montagne. Selon nos informations, le juge antiterroriste Marc Trévidic, qui s'est rendu à Alger de lundi à mercredi dernier, a obtenu l'assurance de ses homologues locaux se pouvoir mener, avec l'assistance d'une équipe de techniciens français, à l'autopsie des crânes afin de déterminer les circonstances dans lesquelles ont été perpétrés les crimes barbares. Un médecin légiste, un anthropologue, un expert en empreintes génétiques, un radiologue ainsi qu'un photographe de l'identité judiciaire devraient participer à cette mission. D'un commun accord, les travaux d'expertise médico-légale seront effectués en présence d'enquêteurs et de scientifiques algériens.

Dans l'entourage du magistrat, on se félicite du «très bon accueil» qui lui a été réservé et de «l'esprit constructif» qui pourrait permettre de faire le jour à ce qui est convenu d'appeler une véritable affaire d'État.

Confirmer ou réfuter définitivement la thèse officielle

Outre d'éventuelles traces suspectes de perforations par balles, les experts pourront procéder à une ultime série d'expertises permettant de savoir si les décapitations des victimes sont post ou ante mortem. En d'autres termes, il s'agit de confirmer ou au contraire réfuter définitivement la thèse officielle d'un acte du Groupe islamique armé (GIA), privilégiée par Alger après une revendication de l'émir Djamel Zitouni au lendemain du septuple assassinats. Reste à savoir si le poids des années n'a toutefois pas effacé les traces.

Les Algériens, rassurants, ont promis de mettre à disposition tout le matériel radiologique nécessaire aux examens. Au besoin, les autorités françaises pourraient aussi affréter du matériel sophistiqué depuis la France par avion cargo. «Dans la mesure où Tibéhirine se situe à environ 1000 mètres d'altitude et que les hivers y ont très rigoureux, le juge Trévidic et l'équipe qu'il met sur pied devront peut être attendre au moins la fin février avant de se rendre sur place», confie au Figaro une source proche du dossier. Sur place, la mission, méticuleuse, durera quatre ou cinq jours.

Pour l'heure, la procédure française ne dispose que de clichés des têtes des victimes, photographiées légèrement de profil effectuées par les gendarmes de Médéa à l'époque de la macabre découverte. Officiellement, les autorités algériennes ont depuis lors toujours prétendu n'avoir jamais pratiqué d'autopsie, ni de radiographie. Le juge souhaite aussi s'assurer que les restes humaines sont bel et bien ceux des religieux en faisant des comparaisons génétiques avec des échantillons prélevées sur des membres de leur famille.

Recueillir les témoignages de vingt-deux témoins

«Au mépris de toute logique judiciaire, ce massacre hors du commun n'avait, à l'origine, jamais fait l'objet de la moindre ouverture d'enquête préliminaire, ni d'une quelconque analyse médico-légale, confiait il y a quelques mois au Figaro une source judiciaire. Il a fallu la constitution d'une partie civile en 2003 pour qu'une information judiciaire soit ouverte…» Alors que le dossier semblait s'enliser, ce feu vert d'Alger est considéré comme une signe très positif. Défiant les Cassandre qui lui prédisaient l'impasse, le juge Trévidic avait déjà réussi à pratiquer de précieuses expertises balistiques au Rwanda en septembre 2010.

Dans le cadre de la commission rogatoire internationale qu'il a délivrée en décembre 2011, Trévidic souhaite aussi recueillir les témoignages de vingt-deux témoins qui, pour l'heure, n'ont jamais été interrogés directement par des magistrats français. 

Parmi eux figurent notamment de présumés «geôliers» soupçonnés d'avoir transporté ou séquestré les prisonniers dans une maison surnommée el-Dar el-Hamra («la Maison rouge»), au lieu-dit de Tala es-Ser dans la région de Médéa, ainsi que d'anciens repentis islamistes du GIA.

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