LE "SUKUK", VOUS CONNAISSEZ ?
Le projet de David Cameron
d’émettre des obligations conformes à la charia ouvre la porte à la mise
en application de la loi islamique au sein du gouvernement, prévient un
important dignitaire religieux.
Dr
Michael Nazir-Ali [image ci-contre], ancien évêque de Rochester, a
déclaré que le projet de faire de la Grande-Bretagne le premier pays
non-musulman à émettre une obligation conforme à la charia pourrait
déclencher une série de «conséquences imprévues».
La semaine dernière, le Premier ministre
a exposé le projet de Londres d’émettre un sukuk, une forme
d’obligation conforme à la loi islamique qui contourne l’interdiction du
«riba», ou intérêts.
Les obligations, qui vaudront autour de
200 millions de livres sterling, paieraient un rendement fixe basé sur
le profit généré par un actif sous-jacent, comme les immeubles du
gouvernement.
S'exprimant lors du Forum islamique
économique mondial à Londres mardi, M. Cameron a déclaré qu’il voulait
que Londres soit avec Dubaï l'une des «grandes capitales de la finance
islamique». Le Premier ministre a indiqué aux dirigeants économiques et
politiques de pays musulmans que la Grande-Bretagne commettrait une
«erreur» de refuser leurs capitaux alors que «la finance islamique croît
50% plus rapidement que le secteur bancaire traditionnel ».
Le Dr Nazir-Ali, détenteur de la double
nationalité britannique et pakistanaise, a toutefois servi une mise en
garde : «Ce projet signifie que le gouvernement lui-même sera soumis à
la charia en relation avec ces obligations. Pour l’instant, les sommes
en cause sont plutôt modestes, mais quelle croissance y aura-t-il ? Il y
a beaucoup de capitaux disponibles et la finance islamique pourrait se
développer assez rapidement, en sorte que des préoccupations relatives à
la conformité à la charia concerneraient une partie importante du
système financier britannique». Il a ajouté : «Avant d’adopter des
mesures susceptibles d’avoir des conséquences imprévues, il faudrait un
débat public plus large, une meilleure explication de ce que cela
implique».
Nazir-Ali a dit qu’un débat public
devrait notamment aborder la question de savoir si des juges de la
charia devraient être autorisés à statuer sur les litiges relatifs aux
placements garantis par le gouvernement. «Des experts de la charia sont
consultés pour l’élaboration de ces produits financiers. Y a-t-il eu des
discussions à savoir si l’on peut consulter de tels experts, et si l’on
peut avoir comme politique officielle de s’en remettre à leurs
décisions ? ».
La plus importante politicienne
musulmane britannique, la baronne Warsi, ministre responsable des
affaires religieuses, co-présidente du nouveau groupe de travail sur la
finance islamique du gouvernement, a déclaré au Telegraph que «la religion a un rôle à jouer dans notre programme de croissance».
Le Muslim Council of Britain s’est
félicité du projet de M. Cameron, le qualifiant de «jalon important pour
la communauté». Farooq Murad, secrétaire général du Council, a déclaré :
«L'émission de sukuks permettra à tous d’épargner de l'argent au moyen
de placements plus sûrs conformément aux principes islamiques.
Les fonds
de pension et de placement islamiques pourront également utiliser les
sukuk pour équilibrer leurs portefeuilles, conduisant à un plus grand
choix sur les marchés»
.
Source : Bishop fears sharia bonds pave way for more Islamic law, Telegraph, 2 novembre 2013. Extrait traduit par Poste de veille
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