EPHEMERIDE MONARCHISTE
Ephéméride du 31 Octobre.
Vers 290 : Martyre de Saint Quentin.
Le 31 octobre est la date traditionnellement admise pour le martyre de Quentin - apôtre
originaire de Rome - qui eut lieu sous le règne des empereurs
Dioclétien et Maximien.. Quentin s'était rendu dans le nord de la Gaule,
durant la seconde moitié du IIIème siècle, pour l’évangéliser, en compagnie de Lucien, futur martyr de Beauvais...
Manuscrit du XIVème siècle, Le martyre de Saint Quentin...
1793 : Jacques Pierre Brissot, dit de Warville, est guillotiné.
De
tous ceux qui ont "fait" la Révolution, et qui ont abattu la royauté,
Brissot n'était certes pas le plus excité, le plus cruel, le plus
sanguinaire, le plus fou.... C'était peut-être, même, le plus
intelligent. Comme la plupart de ces Girondins, bourgeois enrichis et
esprits brillants, persuadés que leur heure était venue, et qu'après
l'élimination de fait de la noblesse par la Royauté, c'était
maintenant au tour de la Royauté elle-même de disparaître, pour leur
laisser la place, à eux, et à leur génie organisateur et rationnel.
Car,
c'est vrai, brillants et intelligents, ils l'étaient, les Girondins. Et
éloquents. Ils s'ennivrèrent eux-mêmes de leurs beaux discours, et se
persuadèrent eux-même que tant de talents - bien réels... -
devaient être employés pour tout mettre et tout remettre en ordre.
Mais
il y avait la Royauté. Depuis 1.000 ans, entre elle et le peuple,
malgré des mésententes, des brouilles, quelques assassinats et même des
révolutions (Etienne Marcel, la Fronde...) rien n'avait pu rompre "le charme séculaire de la Royauté", pour reprendre la si juste expression de Jaurès.
Et,
même en 89, même avec "la" Révolution, les esprits avisés voyaient bien
qu'il y avait toujours moyen que les choses tournent de différentes
manières : Robespierre, et Danton lui-même, ont failli, et auraient pu,
tourner du côté de la Cour; sans parler, évidemment de Mirabeau, dont on
peut dire, pour paraphraser Pascal : la vie de Mirabeau, si elle eut été moins courte, la face de la révolution en eut été changée....
Et c'est là qu'intervient, mais pour le pire, Brissot.
Ni Robespierre, ni Danton, ni Marat, ni personne n'avait trouvé le moyen de déraciner la Royauté du peuple. L'idée de génie, mais génie mis au service du mal,
fut trouvée par Brissot. C'est là que, n'étant ni le plus sanglant ni
le plus scélérat des révolutionnaires, il peut être regardé comme étant
probablement celui qui a réussi à mettre à bas l'édifice millénaire.
Lui, et pas les autres. Et, donc, de ce point de vue, lui qui ne fut pas
le pire dans son comportement personnel, fut bien le pire dans son
action, et dans ses résultats.
C'est probablement lui, le vrai tombeur de la monarchie.... Au fond, le seul, le vrai révolutionnaire....
En
effet, malgré tout, même malgré Varennes, Louis XVI restait "le roi".
Encore aimé par beaucoup, encore craint par d'autres, encore respecté
par la plupart : la Révolution n'était décidément pas possible tant
qu'il était là. Alors, dans le cerveau de Brissot, peut-être le plus
brillant de cette Assemblée, qui n'en manquait pas - en tout cas chez
les Girondins... - naquit l'idée "géniale", celle qui allait permettre
de tout renverser, et aux Girondins, enfin, de prendre le pouvoir et
d'organiser le monde, selon les principes de la Raison.
Il faut se souvenir que le renversement des alliances, chef d'oeuvre d'intelligence politique de la part d'une royauté française qu'on appellerait volontiers progressiste,
si le mot n'était pas connoté; il faut se souvenir, donc, que ce
renversement des alliances ne fut pas vraiment compris, et encore moins
partagé, par une bonne partie de l'opinion, et par ce qu'il faut bien
appeler, malgré leur aveuglement et leur erreur sur le sujet, une bonne
partie des élites. Louis XV, puis Louis XVI restèrent, sinon seuls, du
moins incompris d'une grande part du public qui, raisonnant au passé prolongé,
continuait par habitude, par facilité, par routine, bref, par
conservatisme, de voir en l'Autriche et en la personne des Habsbourgs
l'ennemi qu'elle et ils avaient effectivement été, pendant deux
siècles. La France étant sortie victorieuse de cette lutte si longue, il
fallait maintenant s'allier à l'adversaire vaincu d'hier, contre la
puissance montante, représentant le nouveau danger : la Prusse. Mais,
cette politique intelligente et visionnaire de la Cour de France, Louis
XV et Louis XVI ne réussirent pas à l'expliquer suffisamment, et en tout
cas à la faire partager.
Brissot
eut alors "l'idée" lumineuse, et, de tous les révolutionnaires,
empêtrés dans leurs discours grandiloquents, creux et souvent ridicules,
il fut le seul à l'avoir. Et c'est en cela qu'il peut être regardé,
probablement, comme nous l'avons dit plus haut, comme le vrai et le seul
père de la Révolution en tant que destructrice de la Royauté. Son
idée, lumineuse pour lui, qui ne rêvait que d'abattre la royauté, était
criminelle pour la France, mais il ne s'en rendit pas compte, malgré sa
grande intelligence, aveuglé qu'il était par ses talents multiples, et
persuadé qu'il était par ses capacités évidentes, qu'il était l'homme de
la situation. Elle était simple, cette idée, si simple qu'on s'étonne
que les autres grands ténors ne l'aient pas eu avant lui, ou en même
temps que lui : ni Danton, ni Marat, ni Robespierre, ni personne....;
cette idée consistait à mettre en opposition frontale l'action du roi et
les sentiments profonds du peuple. Comment ? En déclarant la guerre à
l'Autriche, tout simplement. Cette guerre serait forcément populaire
dans l'opinion, conservatrice, mais serait forcément combattue par le
Roi, qui en verrait toute l'absurdité, et son côté diamétralement opposé
aux intérêts profonds du peuple français. Faire s'opposser frontalement
le Roi et le Peuple, c'était pouvoir accuser le Roi de trahison et, là,
rompre "le charme séculaire". C'était machiavélique, c'était diabolique, mais c'était bien vu : et c'est en effet ce qui se passa....
L'intérêt national, le Bien commun,
étaient des notions étrangères à Brissot. Puissamment brilllant, il
n'imaginait pas une seconde que les choses pourraient lui échappper, et
il ne poursuivait qu'un but : éliminer la Royauté, qui, par sa seule
présence, l'empêchait, lui et les Girondins, de prendre, enfin, le
pouvoir, et d'organiser, enfin, le monde comme leur brillantisssime
intelligence l'imaginait.
Brissot
voulut donc la guerre, il la fit, et il avoua même que sa seule crainte
était que le Roi ne "trahisse" pas, c'est-à-dire ne s'y oppose pas. Et
c'est ainsi que, pris dans ce piège machiavélique, Louis XVI, qui ne
pouvait que s'opposer de toutes ses forces à cette folie, put être
présenté comme un traître à ceux qui étaient tout disposés à se laisser
berner. A partir de là, Louis XVI ne pouvait qu'être emporté, et Brissot
savourer "son" triomphe....
Une
guerre stupide, contraire aux intérêts les plus élémentaires et les
plus évidents de la Nation française; une guerre qui durera vingt-trois
ans; qui fera mourir un millions et demi de français, jeunes pour la
plupart; qui amènera par deux fois l'étranger dans Paris et l'invasion
du territoire; et qui laissera la France plus petite après la Révolution
qu'avant ....
Cest Brissot qui l'a pensé; c'est Brissot qui l'a voulu, c'et Brissot qui l'a fait...
Et c'est cette guerre qui a été le "levier" machiavélique ayant permis de faire tomber le Royauté....
Il ne le savoura pas longtemps. Malgré toute son intelligence, il n'avait sans doute pas assez médité la fable de l'appprenti sorcier.
Le mouvement qu'il déclencha le dépassa bien vite, au profit des
révolutionnaires vrais, les Robespierre, Marat, Danton et autres. Et,
lorsqu'il s'en rendit compte, on vit Brissot - faut-il en rire ou en
pleurer ? - tâcher de sauver ce Roi qu'il avait volontairement perdu,
pour prendre sa place, lorsqu'il se rendit compte, mais trop tard, que
ce ne serait pas lui qui prendrait sa place : il suivit d'à peine plus
de neuf mois sur l'échafaud ce bon Roi qu'il y avait fait envoyer......
Dans sa remarquable note Brissot la guerre, Bainville l'assassine une seconde fois, littérairement parlant, s'entend; mais, cette fois, c'est vraiment la bonne...
Dans notre Album Maîtres et témoins...(II) : Jacques Bainville voir la photo "Brissot la guerre".
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