NAPOLEON, LE PETIT ?
Napoléon III, le pouvoir et le peuple
03 septembre 2013
Napoléon III n’a pas été aidé par les historiens de la IIIe République: son règne à été l’objet de mépris ou bien d’une légende noire. « Napoléon le petit », « Badinguet », « Nabot Léon », ce ne sont pas les adjectifs et les surnoms qui ont manqué aux détracteurs de l’Empereur.
Mais sait-on ce que pensait l’auteur de « L’extinction du paupérisme »
du rôle que devait jouer le gouvernement dans une société ? Que
pensait-il du suffrage universel ? Que pensait-il de l’Ancien Régime et
de la Révolution ?
Rôle du gouvernement
Rappelons tout d’abord que c’est sous
Napoléon III que la doctrine officielle de la famille Bonaparte a évolué
du napoléonisme – l’attachement à la personne de l’Empereur – au
bonapartisme, à savoir le fait de doter la société d’institutions
napoléoniennes.
Louis-Napoléon Bonaparte estimait ainsi
que le pouvoir pouvait beaucoup et dans beaucoup de domaines à condition
d’être cohérent et inflexible. Ainsi, note-t-il : « un gouvernement ne peut être fort que lorsque ses principes sont d’accord avec sa nature ». De plus, « si
au lieu de conduire, le gouvernement se laisse entraîner, il court à sa
perte et compromet la société au lieu de la protéger ». Quels
principes devaient nous garder de ces maux ? La force sans le
despotisme, la liberté sans l’anarchie et l’indépendance sans les
conquêtes !
Il fallait aussi doter la France
d’institutions fortes, d’un cadre précis et durable tout en laissant des
possibilités d’aménagement ; il fallait, « en engageant une action, laisser une place à l’imprévu dans les plans les mieux préparés ».
Ce sont ces prérogatives qui forgèrent la constitution de 1852.
Le suffrage universel
Louis-Napoléon Bonaparte avait davantage foi en le suffrage universel que bien des républicains et bien des socialistes.
Lorsque le socialiste Louis Blanc vint
lui rendre visite en 1843 dans la prison où Louis-Philippe l’avait
enfermé, le futur prince-président se montrait être le plus convaincu
des bienfaits de cette mesure. Louis Blanc se présentait comme un
défenseur du suffrage universel mais se montrait craintif quant à son
application car, selon lui, les masses – notamment les masses paysannes –
étaient encore trop peu éduquées pour pouvoir exercer ce droit.
Napoléon III était plus optimiste : il
pensait pouvoir diriger le peuple tout en l’instruisant, ce qu’il ne
manqua pas de faire avec son ministre de l’instruction publique, Victor
Duruy. « La liberté est comme un fleuve, disait l’empereur, pour qu’elle apporte l’abondance et non la dévastation, il faut lui creuser un lit large et profond. »
Doit-on aussi rappeler qu’il fut le premier président élu au suffrage universel masculin ?
Ancien Régime et République
Napoléon III est arrivé au pouvoir alors
que des forces centrifuges menaçaient de détruire la France, bloquée
dans un cycle « révolution contre-révolution ». Il entendait fédérer le
peuple autour de sa personne et autour de principes issus du
conservatisme et de la Révolution en les fondant dans une doctrine
cohérente.
Que retenait-il de la France monarchique
et de la France républicaine ? De la première, il emprunta le principe
dynastique, de la seconde, la souveraineté populaire tout en purgeant
les excès des deux courants. Notons que ce pragmatisme n’était en rien
relativiste, puisqu’il condamnait la restauration, qui octroyait « la liberté pour faire oublier la gloire » et « rétablissant les privilèges et la tendance de l’arbitraire .»
Enfin, Napoléon III a longuement hésité entre un Empire et une République consulaire. Dans ses Rêveries politiques de 1832, il évoquait un empereur de la République Française.
Conclusion
Napoléon III paraît aujourd’hui perdu
dans l’ombre de son oncle illustre. Il n’a pourtant pas démérité, car
s’il n’avait pas le génie militaire de Napoléon Ier, il fut l’initiateur
du progrès social – droit à l’instruction pour les filles, droit de
réunion, droit de grève… –, autant que de la prospérité économique. Il
fut véritablement l’empereur du peuple, satisfaisant les attentes des
deux extrémités sociales.
Sedan suffit-il à discréditer ce qui fût
bâti entre 1848 et 1870 ? Assurément non, ou bien il nous faudrait
aussi condamner la IIIe République !
Bastien Moselly
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire