lundi 2 septembre 2013

LE 1er REGIMENT DE HUSSARDS PARACHUTISTES

Soldats d’hier et d’aujourd’hui : le hussard



Le 4e régiment De Hussards À Friedland.
Le 4e régiment De Hussards À Friedland.



Vienne, 1683. Le grand vizir Kara Mustafa de l’empire Ottoman est aux portes de la ville, à la tête de 180 000 hommes prêts à faire tomber la capitale du Saint Empire Romain Germanique. 

Les janissaires, soldats d’élite de l’armée turque, avancent. Soudain, un vrombissement mystérieux s’élève des hauteurs alentour. D’un seul coup, une horde de cavaliers ailés brandissant de longues lances fondent en rangs serrés sur les troupes du grand vizir. Le bruit caractéristique qu’ils émettent effraye les chevaux et sème la terreur dans le cœur des hommes. Rapidement, ils répandent le chaos jusque dans le campement ottoman, c’est la débâcle, Vienne est sauvée de l’Islam pour la seconde fois. 


Mais qui sont ces cavaliers ? Sont-ils des anges envoyés sur Terre pour défendre la chrétienté ? Non. Ce sont les célèbres hussards polonais du roi Jean III Sobieski, allié des Autrichiens contre l’envahisseur Turc, cavaliers d’élite par excellence. Unité primordiale dans toutes les armées, sous des appellations parfois différentes, le hussard a été un symbole de prestige et une clé des victoires des armées modernes.

Origines


Le terme « hussard » nous vient des mots hongrois hùsz (vingt) et àr (paye). 
À l’origine, les hussards auraient donc été des cavaliers recrutés par le roi de Hongrie Mathias Corvin (1458-1490) vers 1458 pour combattre les Turcs. 

Or, depuis le Moyen Âge, chaque village devait fournir au souverain des cavaliers montés, équipés et armés, à raison d’un homme pour vingt manses –  une manse vaut une tenure. Les premiers hussards en tant que tels apparaissent dans les armées du roi Mathias Ier de Hongrie en 1485 lors de la guerre qui l’oppose à l’Empire Ottoman. Les hussards sont rapidement copiés par de nombreuses armées, et notamment par l’armée polonaise, qui grâce à ses hussards ailés restera invaincue pendant 123 ans. La réputation des Hongrois en tant qu’hussards se répandit, et les Autrichiens recrutèrent des hussards hongrois dans leurs armées, ainsi que les Français à partir de 1637 alors que le pays est engagé dans la guerre de Trente Ans.

Emploi des hussards et équipement


Dans toutes les armées qui les emplois, sauf les polonais, les hussards sont assimilés à la cavalerie légère. Leur rôle est de collecter des renseignements, trouver de la nourriture pour le reste de l’armée en menant des raids sur les villages ennemis – ou non –. Au combat, les hussards ont pour mission d’harceler l’ennemi, de s’emparer des batteries d’artillerie et de les enclouer, c’est à dire d’obstruer la lumière, le conduit permettant la mise à feu, à l’aide d’un clou, et de poursuivre l’ennemi l’épée dans les reins, pour l’empêcher de se regrouper et a fortiori pour le démoraliser. Les hussards devinrent vite une troupe d’élite, aux uniformes colorés et finement brodés. Ils étaient équipés d’un sabre, qui pendait bas derrière les jambes, ainsi qu’un pistolet et une carabine, au cas où le cavalier ait à combattre au sol.

Les hussards dans l’armée française


Le Hussard de Géricault.
Le Hussard de Géricault.

En 1692, par capitulation, le roi Louis XIV créa un régiment de hussards hongrois et allemands. L’évolution de la guerre moderne au XVIIIe siècle obligea les rois successifs à multiplier les régiments de hussards, tant leur intérêt tactique était croissant. En 1789, la France dispose de six régiments de hussards, qui avant de porter des numéros, portaient le nom de leur colonel – les hussards de Bercheny par exemple, qui devient le 1er régiment de hussards en 1791. Lors de la Révolution, peu de ces cavaliers émigrent, hormis chez les officiers, hormis le 4e hussards ex-Saxe, qui émigra d’un bloc le 15 mai 1792. Sous le Directoire, on compte treize régiments, dix en 1803 et quatorze en 1814.


Sous l’Ancien Régime, le recrutement s’effectue majoritairement parmi les troupes slaves et germaniques. À la fin du XVIIIe siècle, ce sont les régions germanophones de la France (Alsace, Lorraine, Barrois) qui fournissent le plus gros des troupes de hussards (84 pour cent). Les officiers sont majoritairement des nobles, comme on peut s’y attendre. Selon les chiffres donnés par A. Corvisier, 66 pour cent des officiers de hussards sont nobles ou réputés tels, alors que 43 pour cent des lieutenants et grades subalternes sont occupés par des non nobles ou de petits nobles.


Plusieurs régiments de hussards sont restés célèbres, comme par exemple les hussards de la mort, tout de noir vêtus, arborant une tête de mort sur leur sabretache, le mirliton et les avant-bras, comme les fameux hussards « Tötenkopf » prussiens. Cet escadron deviendra par la suite le 14e de chasseurs à cheval, mais conservera son uniforme caractéristique. Beaucoup de grands généraux d’Empire ont servi dans les hussards, comme le général Lasalle, chef de la « brigade infernale » et mort au champ d’honneur le 6 juillet 1809, à Wagram.


De nos jours, il ne reste en activité que quatre régiments de hussards en France, des régiments blindés, comme le 1er RHP – régiment de hussards parachutistes – de Tarbes.
Sources :

  • « Les hussards et la France », ouvrage collectif coédité par le musée de l’Armée et les éditions Complexe, Paris, 1993, 253 p. 

Nicolas Champion

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