LE 1er REGIMENT DE HUSSARDS PARACHUTISTES
Soldats d’hier et d’aujourd’hui : le hussard
| 30 août 2013
Vienne, 1683. Le grand vizir
Kara Mustafa de l’empire Ottoman est aux portes de la ville, à la tête
de 180 000 hommes prêts à faire tomber la capitale du Saint Empire
Romain Germanique.
Les janissaires, soldats d’élite de l’armée turque,
avancent. Soudain, un vrombissement mystérieux s’élève
des hauteurs alentour. D’un seul coup, une horde de cavaliers ailés
brandissant de longues lances fondent en rangs serrés sur les troupes du
grand vizir. Le bruit caractéristique qu’ils émettent effraye
les chevaux et sème la terreur dans le cœur des hommes. Rapidement, ils
répandent le chaos jusque dans le campement ottoman, c’est la débâcle,
Vienne est sauvée de l’Islam pour la seconde fois.
Mais qui sont ces cavaliers ? Sont-ils
des anges envoyés sur Terre pour défendre la chrétienté ? Non. Ce sont
les célèbres hussards polonais du roi Jean III Sobieski, allié des
Autrichiens contre l’envahisseur Turc, cavaliers d’élite par excellence.
Unité primordiale dans toutes les armées, sous des appellations parfois
différentes, le hussard a été un symbole de prestige et une clé des
victoires des armées modernes.
Origines
Le terme « hussard » nous vient des mots hongrois hùsz (vingt) et àr (paye).
À l’origine, les hussards auraient donc été des cavaliers recrutés par
le roi de Hongrie Mathias Corvin (1458-1490) vers 1458 pour combattre
les Turcs.
Or, depuis le Moyen Âge, chaque village devait fournir au
souverain des cavaliers montés, équipés et armés, à raison d’un homme
pour vingt manses – une manse vaut une tenure. Les premiers hussards en
tant que tels apparaissent dans les armées du roi Mathias Ier de
Hongrie en 1485 lors de la guerre qui l’oppose à l’Empire Ottoman. Les
hussards sont rapidement copiés par de nombreuses armées, et notamment
par l’armée polonaise, qui grâce à ses hussards ailés restera invaincue
pendant 123 ans. La réputation des Hongrois en tant qu’hussards se
répandit, et les Autrichiens recrutèrent des hussards hongrois dans
leurs armées, ainsi que les Français à partir de 1637 alors que le pays
est engagé dans la guerre de Trente Ans.
Emploi des hussards et équipement
Dans toutes les armées qui les emplois,
sauf les polonais, les hussards sont assimilés à la cavalerie légère.
Leur rôle est de collecter des renseignements, trouver de la nourriture
pour le reste de l’armée en menant des raids sur les villages ennemis –
ou non –. Au combat, les hussards ont pour mission d’harceler l’ennemi,
de s’emparer des batteries d’artillerie et de les enclouer, c’est à dire
d’obstruer la lumière, le conduit permettant la mise à feu, à l’aide
d’un clou, et de poursuivre l’ennemi l’épée dans les reins, pour
l’empêcher de se regrouper et a fortiori pour le démoraliser. Les
hussards devinrent vite une troupe d’élite, aux uniformes colorés et
finement brodés. Ils étaient équipés d’un sabre, qui pendait bas
derrière les jambes, ainsi qu’un pistolet et une carabine, au cas où le
cavalier ait à combattre au sol.
Les hussards dans l’armée française
En 1692, par capitulation, le roi Louis
XIV créa un régiment de hussards hongrois et allemands. L’évolution de
la guerre moderne au XVIIIe siècle obligea les rois successifs à
multiplier les régiments de hussards, tant leur intérêt tactique était
croissant. En 1789, la France dispose de six régiments de hussards, qui
avant de porter des numéros, portaient le nom de leur colonel – les
hussards de Bercheny par exemple, qui devient le 1er régiment de
hussards en 1791. Lors de la Révolution, peu de ces cavaliers émigrent,
hormis chez les officiers, hormis le 4e hussards ex-Saxe, qui émigra
d’un bloc le 15 mai 1792. Sous le Directoire, on compte treize
régiments, dix en 1803 et quatorze en 1814.
Sous l’Ancien Régime, le recrutement
s’effectue majoritairement parmi les troupes slaves et germaniques. À la
fin du XVIIIe siècle, ce sont les régions germanophones de la France
(Alsace, Lorraine, Barrois) qui fournissent le plus gros des troupes de
hussards (84 pour cent). Les officiers sont majoritairement des nobles,
comme on peut s’y attendre. Selon les chiffres donnés par A. Corvisier,
66 pour cent des officiers de hussards sont nobles ou réputés tels,
alors que 43 pour cent des lieutenants et grades subalternes sont
occupés par des non nobles ou de petits nobles.
Plusieurs régiments de hussards sont
restés célèbres, comme par exemple les hussards de la mort, tout de noir
vêtus, arborant une tête de mort sur leur sabretache, le mirliton et
les avant-bras, comme les fameux hussards « Tötenkopf » prussiens. Cet
escadron deviendra par la suite le 14e de chasseurs à cheval, mais
conservera son uniforme caractéristique. Beaucoup de grands généraux
d’Empire ont servi dans les hussards, comme le général Lasalle, chef de
la « brigade infernale » et mort au champ d’honneur le 6 juillet 1809, à
Wagram.
De nos jours, il ne reste en activité
que quatre régiments de hussards en France, des régiments blindés, comme
le 1er RHP – régiment de hussards parachutistes – de Tarbes.
Sources :- « Les hussards et la France », ouvrage collectif coédité par le musée de l’Armée et les éditions Complexe, Paris, 1993, 253 p.
Nicolas Champion
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