UNE GRANDE FAMILLE ETEINTE
La Tour-Maubourg, un nom oublié de notre Histoire ?
par Françoise Buy Rebaud
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es
Parisiens seuls le connaitraient ils encore, sans le rattacher à rien??
Comment une association a su éviter la démolition de la demeure d'une
grande famille éteinte, et faire revivre ce nom.
Le
domaine de Maubourg, à mi-chemin entre Saint-Étienne et Le Puy, sur la
commune de Saint-Maurice-de-Lignon, est le berceau d'une importante
baronnie diocésaine du Velay à partir du XVIe siècle, qui englobait
également le château de La Tour et Sainte-Sigolène.
L'importance
du site tient, entre autres, à ce qu'il se situait sur une voie reliant
Retournac sur les bords de la Loire à Saint-Pierre-de-Bœuf sur les
rives du Rhône. "L'allée historique" qui mène à l'entrée principale du château est une infime partie de cette ancienne voie.¢
Il
en reste un ensemble de parcs ("grand parc et petit parc") de 33
hectares, entouré d'un mur de pierres, qui comprennent plusieurs arbres
remarquables, un hêtre de quatre siècles et deux chênes de plus de trois
siècles. Le petit parc a été édifié sur les plans d'un paysagiste
anglais du début du XIXe.
Les
bâtiments consistent en une tour, vestige de l'ancien château, une
glacière, construction assez rare dans cette partie de la France, une
orangerie, édifiée au XVIIIe siècle par le Maréchal de la Tour-Maubourg
et le château, composé de quatre bâtiments entourant une cour
rectangulaire. Le château, la tour, la glacière, l'orangerie ainsi que
la chapelle funéraire du cimetière de Saint-Maurice-de-Lignon ont été
inscrits sur l'inventaire supplémentaire des monuments historiques en
2007.
L'entrée
d'honneur se trouve sur la façade ouest. À gauche se situe le grand
escalier puis, dans l'aile nord, les pièces de service. À droite de
l'entrée, des salles de réception : une antichambre, la salle à manger,
une suite de trois salons, une grande pièce et la bibliothèque sur la
façade est. Sur cette même façade est, après un passage vouté permettant
l'accès à la cour intérieure, se trouve la chapelle.
À
l'étage, au-dessus des salles de réception se trouve la chambre du
marquis suivie par la chambre de Lafayette, des chambres d'apparat et
des salons, et à l'angle de l'aile sud et de l'aile est, la chambre de
la marquise. Les décors antérieurs aux transformations du XXe siècle
menées par les Houillères de la Loire ne subsistent que dans la
bibliothèque, la grande salle et la chapelle. On peut également admirer
les cheminées et les parquets en orme ou en merisier.
Ce
château a été édifié au début du XIXe siècle. L'ancien château, détruit
sous la Révolution, se composait de trois tours (la plus ancienne
devait remonter au XIe siècle) et de corps de bâtiments. Les générations
qui s'y sont succédé recouvrent deux familles, les Malet pendant
le Moyen Âge, puis les Faÿ, à partir du XVIe siècle.
DES ORIGINES AU XVIE SIÈCLE : LE TEMPS DE LA FONDATION
Nous
disposons de peu d’information sur les origines du fief de Maubourg.
Au xie siècle, la famille Malet en rend hommage à l’évêque du Puy mais
les origines du site sont beaucoup plus anciennes. Un membre de cette
famille, Étienne Malet sera Abbé de La Chaise-Dieu de 1347 à 1350 puis
évêque d’Elne en 1350 et 1351 et enfin de Tortose de 1351 à 1356.
En
1527, Marguerite, dernière descendante de la famille Malet, épouse
Christophe de Faÿ, petit-fils d’un Chambellan du roi Charles VII.
Telle
est l'origine des Faÿ de la Tour-Maubourg (nom orthographié également
Faÿ de Latour-Maubourg).
Les
Faÿ constituent une très ancienne famille originaire des confins
du Velay et du Vivarais ; certains de ses membres participeront à
la 1re Croisade. La branche aînée s'éteint avec Philippa de Faÿ, mariée
vers 1185 à Aymar de Poitiers, comte de Valentinois. Mais de nombreuses
branches cadettes subsisteront.
Arnaud
de Faÿ, seigneur de Chapteuil épouse en 1320 l'héritière de Peyraud et
sera le père de Guillaume, Seigneur de Chapteuil et de Peyraud, grand
bailli du Vivarais et du Forez, maître d'hôtel du duc d'Anjou, tué à la
bataille de Brignais en 1361. Ses descendants sont à l'origine des
Faÿ-Peyraud et des Faÿ-Solignac. Arnaud aura un autre fils, Raymond,
bisaïeul d'Artaud, Seigneur de Lherm et de Saint-Quentin, Chambellan du
roi Charles VII. Artaud est à l'origine des Faÿ-Gerlande et des Faÿ de
Latour-Maubourg.
Une
vingtaine de Chevaliers de l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem sont
également issus de la famille et beaucoup laisseront leur vie au cours
de combats. Deux d'entre eux occuperont l’importante fonction de Grand
Prieur d’Auvergne, Pons de Faÿ en 1309 et Raynaud de Faÿ de 1347 à 1351.
Quant
à Marguerite, charitable, mais trop zélée aux yeux de son mari, une
tradition longtemps orale rapporte l’événement suivant : Un matin de
janvier, Marguerite sort de bonne heure porter des provisions à une
famille nécessiteuse. Chemin faisant, elle se retrouve face à son mari,
parti chasser. Interrogée sur ce qu'elle transporte sous son manteau,
elle répond, troublée : "Oh, ce ne sont que quelques fleurs". À ce
moment-là, une brassée de roses et de marguerites tombent au sol,
embaumant l'air de leur parfum !
Un
événement proche se retrouve dans la vie de Sainte Élisabeth de
Hongrie. Marguerite aurait été enterrée sur les lieux du miracle. La
chapelle, reconstruite au xixe siècle, existe toujours, assez éloignée
du château.
À
la génération suivante, Jean de Faÿ de la Tour-Maubourg, Sénéchal du
Velay et Maréchal Général des Logis de la cavalerie de France
sous Charles IX organisera la défense de la ville du Puy-en-Velay contre
les armées protestantes du Baron des Adrets. Son épouse, Marguerite du
Peloux, lui donnera treize enfants.
XVIIE SIÈCLE : L'ÉGLISE ET L'ORDRE DE SAINT-JEAN DE JÉRUSALEM
Par
la suite, Maubourg recevra à plusieurs reprises la visite de Saint Jean
François Régis, "une sainte amitié l'unissait aux la Tour Maubourg". Un
des fils de la famille de Maubourg aurait par la suite bénéficié d’une
guérison devant la tombe de Jean François Régis.
À
la fin du XVIe siècle Jean de Faÿ est évêque de Poitiers de 1571 à 1577
et au début du XVIIe siècle, Paul Antoine de Faÿ de Peyraud est évêque,
d'Uzès de 1621 à 1633. Deux autres membres de la famille (prénommés
Guillaume et Nicolas) seront prieurs de Chamalières et un autre, Jean de
Faÿ de la Tour-Maubourg, chevalier de Malte sera Grand Bailli de Lyon
de 1644 à 1650. Deux membres d'une autre branche de la famille, Juste et
Charles de Faÿ de Gerlande, chevaliers de Malte seront également Grand
Bailli de Lyon, le premier de 1633 à 1644, le second de 1660 à 1666. En
1642, le Grand Bailli de Morée (Péloponnèse), Jean de Faÿ de Peyraud
(autre branche de la famille...) est tué dans un combat contre les
Turcs.
Jean
Hector de Faÿ de la Tour-Maubourg, dit « Le Commandeur de Latour » sera
un des plus célèbres chevaliers de Malte de son époque.
Commandeur de
Chambéry et de Sète, il commande en 1667 un bataillon de 400 chevaliers
de Malte au siège de Candie. Il en a laissé une citation manuscrite. Par
la suite, il dirige les troupes de l'Ordre de Malte associées à celles
de la République de Venise et des États pontificaux en Morée. Il sera
tué dans un siège victorieux à Coron en 1685 ; il est enterré dans la
cathédrale Saint-Jean Baptiste de La Valette.
En 1462 un membre de la
famille Faÿ, commandant les troupes de l’ordre de Malte, avait déjà été
tué au cours d’un combat victorieux contre les Turcs en Morée, ce qui
fera dire plus tard : « On se demandait ce qui était le plus fatal, la
Morée à la famille de Faÿ ou la famille de Faÿ à la Morée ».¢
Françoise Buy Rebaud
Cercle Hernaniùùùùùùùùùùùùùùùùùùùùùùùùùùùùùùùù
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