LA SOLUTION : LES INVITER A CONTINER LEUR "VOYAGE"
L'hôte de Beauvau s'est aussitôt rendu sur place avec la garde des Sceaux, Christiane Taubira.
Après avoir exprimé son «sentiment de profonde tristesse», Manuel Valls
a rappelé que «ces squats, comme les campements de fortune, doivent
être évacués chaque fois qu'ils présentent, ici comme ailleurs, de vrais
dangers». Que pouvait-il dire d'autre? À Lyon, l'État a manifestement
agi trop tard. Voici des mois que les élus concernés par ces occupations
sauvages alertent sur les risques encourus. Comme celui de
Vigneux-sur-Seine (Essonne), dont le campement monstre, abritant près
d'un millier de malheureux, avait fini par être vidé en mars dernier,
avant d'essaimer un peu partout en Ile-de-France.
«On nous ment!»
Officiellement, les Roms sont 15.000 dans l'Hexagone.
«On nous ment! Ils sont bien plus nombreux», proteste Éric Ciotti,
le député UMP des Alpes-Maritimes. Combien au juste? «Sans doute le
double, voire le triple ;
de toute façon, les chiffres ne sont plus
publiés, tout comme ont disparu les bilans mensuels sur le nombre
d'implantations illicites et, plus encore, ceux sur les expulsions
effectivement réalisées. Ne restent que les coups de menton d'un
ministre qui ne maîtrise plus rien», estime, avec sévérité, cet élu
sarkozyste.
En Seine-Saint-Denis, département qui accueille la
plus forte concentration de Roms, les familles sont entassées le long de
voies ferrées et d'échangeurs d'autoroute, exposées à de sérieux
risques d'épidémie, sans parler des enfants qui, régulièrement, sont
heurtés par des voitures ou provoquent des accidents.
«C'est la France
des bidonvilles qu'avait combattue l'abbé Pierre», constate, effaré, Nicolas Dupont-Aignan, député maire de Yerres (Essonne).
Plus les moyens de loger
Selon
lui, «l'intégration pleine et entière des Roumains à l'Union
européenne, au 1er janvier 2014, c'est-à-dire dans quelques semaines, va
accentuer le problème». Lui milite pour la fermeture provisoire des
frontières, car, estime-t-il, «c'est par dizaines de milliers qu'ils
affluent désormais». L'élu souverainiste considère également qu'il
faudrait supprimer les aides européennes à la Roumanie,
pays qui a déjà reçu de Bruxelles 20 milliards d'euros en cinq ans pour
retenir et réadmettre ses nationaux et qui, selon lui, «ne fait rien ou
si peu».
Que faire des Roms déjà installés en France? La
politique du gouvernement Ayrault relève de la schizophrénie. D'un côté,
Manuel Valls affiche sa fermeté. De l'autre, pour faire vivre les
promesses de campagne de François Hollande, il a produit la circulaire
du 26 août 2012, qui impose, avant tout démantèlement de camp,
de procéder à un diagnostic social et de proposer des solutions
d'hébergement et d'insertion aux populations concernées. Or l'État pas
plus que les collectivités locales n'a les moyens de loger toutes ces
personnes en situation illégale. Mais voilà: la circulaire Valls a
accordé un nouveau droit à ces nouveaux arrivants, qu'ils se sont
empressés de faire respecter, en assignant, en avril dernier, le préfet
de Lyon, puis celui de l'Essonne. Qui ont dû plier face au juge.
Les préfets pourraient, en raison de risques imminents, expulser davantage de campements sans attendre.
Mais en application d'une doctrine Valls peut-être mal comprise, ils
préfèrent se retrancher derrière une décision de justice. Ce qui peut
prendre des mois.
«Juridiquement désarmés»
Quand bien même tombe une décision judiciaire d'expulsion, rien n'est réglé pour autant. Un grand préfet le confie au Figaro:
«L'éloignement est devenu quasi impossible, puisque la garde à vue au
seul motif que l'étranger serait en situation irrégulière est proscrite
par la Cour de cassation. Comment s'assurer que les personnes ne vont
pas disparaître? Un autre texte récent interdit par ailleurs de mettre
les familles en centre de rétention administrative. Nous sommes
juridiquement désarmés.»
Partout en France, les riverains de ces camps de la honte commencent à manifester des signes d'exaspération.
À
Marseille, en septembre 2012, des habitants d'une cité, eux-mêmes issus
de l'immigration, avaient expulsé manu militari des squatteurs roms, sous le regard impuissant de la police.
Plus récemment, à Villeneuve-d'Ascq
(Nord), les habitants de la zone pavillonnaire du Triolo, excédés par
les cambriolages en série, se sont mis à placarder sur les murs du
quartier les photos de jeunes Roumains qu'ils suspectaient d'être les
cambrioleurs.
Le dossier des Roms demeure le casse-tête du ministre de
l'Intérieur.
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