ET LE TRAFIC DES CHIENS PAR LES ROMS ?
Si le nombre de vols de chiens et de chats pour
l'expérimentation a diminué, le trafic d'animaux, au troisième rang des
négoces illégaux, continue de se développer.
Pour la directrice de la
cellule, la raison en est simple: «Il y a une absence quasi-totale de
répression et les bénéfices qu'en retirent les trafiquants sont
incroyables.» Aucune raison donc d'arrêter. «Il faut savoir qu'un
trafiquant paiera moins d'amendes qu'un voleur de voitures»,
affirme-t-elle. Un chihuahua acheté entre 250 et 400 euros en Slovaquie
est revendu entre 1000 et 3000 euros dans les animaleries françaises.
Chaque année, 700.000 chiots seraient ainsi vendus en France en dehors
de tout circuit officiel. Le travail de la CAT a permis de faire tomber
de gros importateurs mais depuis beaucoup de petits se sont implantés.
Yeux crevés et marchandise
«En
quatre ou cinq ans, nous avons constaté une augmentation de la
maltraitance au sein des élevages français, révèle Brigitte
Piquetpellorce.
Ce sont les chiens qui sont le plus touchés. Certains
sont élevés en batterie, en dehors de tout respect des normes.» Les
profits sont tels que le nombre d'élevages tend à augmenter et avec lui
les maltraitances. Au sein de l'un d'eux, la CAT a découvert, par
exemple, 181 chiens et chats vivant dans des conditions «épouvantables»,
raconte l'enquêtrice. «Il faisait -10 degrés dehors. Des chiens
faméliques grelottaient. Certains avaient les yeux collés par le pus.
D'autres étaient enfermés dans un hangar, dans l'obscurité totale.
Certaines bêtes n'avaient jamais vu la couleur du jour, décrit-elle. Un
grillage avait été posé à l'intérieur sur lequel des chiens s'étaient
crevé les yeux. Les chiennes, prévues pour la reproduction, avaient des
tumeurs énormes aux mamelles.»
Dans un autre élevage, concernant
pas moins de 700 chiens reproducteurs, aucune norme n'est respectée. «Il
faut savoir qu'en France, les autorité tolèrent la vente d'une portée
par an par femelle. Dans ce genre d'élevage, la cadence est beaucoup
plus serrée», indique encore Brigitte Piquetpellorce.
Aujourd'hui,
la SPA attend des pouvoirs publics «un meilleur encadrement du commerce
des animaux grâce à une traçabilité à partir de leur naissance,
l'interdiction des élevages intensifs et davantage de sanctions
dissuasives.»
L'association souhaite également un suivi des animaux
invendus. «En animalerie, soit ils sont soldés soit ils partent à la
reproduction. Et quand ils sont trop vieux, on les laisse mourir dans
l'arrière-boutique comme de la marchandise périmée», déclare la
directrice du CAT. Dans le meilleur des cas, ils se retrouvent dans un
refuge de l'association. «Nous sommes le service après-vente de ces
marchands de vies», ironise Brigitte Piquetpellorce.
Une justice trop lente
Selon
Brigitte Piquetpellorce, les fonctionnaires de la DDCSPP (Direction
départementale de la cohésion sociale et de la protection de la
population, ex-Direction départementale des services vétérinaires), qui
doivent contrôler les élevages, minimisent presque systématiquement les
plaintes que dépose la cellule de la SPA. «Dans l'Est de la France, nous
avions déposé plainte contre un éleveur. La DDCSPP a dit que tout
allait bien, alors qu'en réalité les chiens étaient battus à coups de
fusil», dénonce-t-elle.
La directrice du CAT regrette aussi «une
justice trop lente» et «trop peu adaptée aux animaux». Malgré tout, elle
se félicite de «quelques affaires dont les sanctions peuvent être
dissuasives.» À Chigné, en Maine-et-Loire, un éleveur a été condamné à
deux ans de prison ferme et sa femme à 12 mois de prison avec sursis,
après que les enquêteurs ont découvert des animaux maltraités, blessés
et malades. Le couple a écopé de 80.000 euros d'amende et a été interdit
d'exercice.
La cellule anti-trafic de la SPA continue son combat.
Créée en janvier 1993, elle est constituée de six salariés permanents,
dont deux anciens gendarmes. S'ils enquêtent principalement en France,
leurs investigations dépassent parfois les frontières pour remonter
certaines filières, surtout en Belgique et dans les pays de l'Europe de
l'Est. N'ayant pas autorité à agir seuls, les membres de la CAT
travaillent en étroite collaboration avec les gendarmes, les policiers,
les douaniers et les procureurs.
- Animaux/internet: la SPA met en garde
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- Trafic international de chiots démantelé par les douanes
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