DE LA FOLIE COMME STRATEGIE D'ATTAQUE ...OU DE DEFENSE
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samedi 26 septembre 2009
LA FOLIE, C'EST QUOI ?
***Blog-Notes N° 61
C'est une question que l'on me posait souvent, lorsque, dans les années 70, je travaillais (bénévolement), comme "Contrôleur Judiciaire".Je répondais généralement que si je le savais, je ne serais pas au TGI de Paris, mais à l'Académie Française.
Etant spécialisé dans la Toxicomanie (Fondateur, avec un ancien Magistrat, Jean Dintilhac, et un ancien militaire, Le Cdt Perrette, de l'Association "Aide aux Jeunes Toxicomanes en Détention" (A.J.T.D.), puis Secrétaire-général du Centre DIDRO (Documention Information DROgue),
j'ai été amené à réfléchir -et à m'exprimer, sur ce qui à l'époque, était l' article 64 du Code Pénal (aujourd'hui art. 121-1 du CP), c'est-à-dire sur la "responsabilité pénale" des malades mentaux.
Bien que n'étant pas stricto sensu un expert près des tribunaux, le Président de la XVIème Chambre (qui connaît des délits et des crimes commis par des toxicomanes), sollicitait généralement mon avis, avant d'accorder une mise en liberté "sous contrôle judiciaire".
Par ailleurs, il m'arrivait fréquemment de demander au Juge d'instruction qui m'avait "confié" un contrôle judiciaire, de placer, pour quelques semaines -à titre disciplinaire- à "Villejuif", un jeune qui n'observait pas les conditions du contrôle.
Rappelons que l'UMD (Unité pour Malades Difficiles) "Henri Colin" du CHS de Villejuif, est l'un des quatre centres (avec "Cadillac", "Monfavet" et "Sarreguemines"), qui accueille des détenus présentant des problèmes "psy".
J'ai beaucoup lu, à l'époque, (y compris l' Histoire de la folie à l'époque classique" et "Surveiller et punir" de Michel Foucault), sur ce que l'on appelle "la maladie mentale".
C'est à l'occasion du "Séminaire sur les jeunes et l'usage des drogues dans les pays industrialisés",organisé (à Sèvres), en 1973, par l'UNESCO, où j'étais l'un des deux délégués de la France (le deuxième étant le Dr Francis Curtet, adjoint du Dr Claude Olievenstein, Directeur de l'Hôpital Marmottan), que j'ai eu l'occasion, lors de mes interventions, de formuler le fond de ma pensée, sur ce sujet très controversé.
Inutile de préciser que mon opinion était très minoritaire, et que le Dr Curtet fut chaleureusement applaudi, lorsqu'il s'exclama à la tribune, s'adressant à moi, "Schweitzer, vous êtes aussi fait pour vous occuper de toxicomanes, que moi pour être clochard !".
Quoi qu'il en soit, voici la traduction (je me suis exprimé en anglais à ce colloque international), -et le résumé, de ma principale intervention (que l'on peut retrouver dans le "rapport" de l'Unesco) :
Il convient tout d'abord, de souligner -particulièrement à l'intention des délégués anglo-saxons- que la psychiatrie française est exclusivement d'inspiration freudienne et psychanalytique.
Et que par conséquent, la théorie qui sous-tend toutes les approches thérapeutiques (en particulier, concernant les toxicomanes), est basée sur une conception freudienne de la maladie mentale.
Tout ce qui a été mis en place, en France, ces dix dernières années, est basé sur la doxa freudienne; et lorsque j'ai proposé à M. Michel Poniatowski (alors Ministre de la santé), de créer une "Communauté thérapeutique", inspirée des Centres "Synanon" (fondés en californie, en 1958, par le Dr Chuck Dederich, qui s'inspirait lui-même des communautés d 'Alcooliques Anonymes), le Dr Claude Olievenstein s'y était formellement opposé - me traitant au passage....de néo-fasciste.
Ce Centre n'a donc jamais vu le jour !
Je voudrais tout d'abord rappeler au freudiens, post-freudiens et autre néo-freudiens, qui pontifient sur la maladie mentale, que le grand Sigmund lui-même, ne s'est jamais présenté comme un spécialiste de la psychose (vulgairement appelée "folie"), mais plutôt de la névrose, et plus particulièrement de l'hystérie.
Il était venu à la Salpêtrière, étudier l'hypnose avec Jean-Martin Charcot (où il a rencontré "Blanche", la patiente favorite du maître -qui devait prêter son nom à l'héroïne "d'un tramway nommé désir").
Ayant essayé -sans succès- d'hypnotiser les hystériques de Charcot -ainsi que celles de Bernheim (à Nancy), il retourna à Vienne, où il inventa...à la place, la Psychanalyse, qui, contrairement à l'hypnose, ne demande pas d'aptitude particulière, et commença immédiatement à exercer ses talents (cette fois-ci, avec beaucoup de succès), sur les hystériques de la haute société autrichienne.
Sur la psychose, proprement dite, ou les "états limites" (borderline), l'étiquette généralement apposée aux toxicos, il écrivit peu : "L'homme aux loups" (in "Cinq psychanalyse"), en 1909 et "L'inquiétante étrangeté" (das Unheilmliche), en 1919.
Son épigone, Jacques Lacan, dont la thèse de doctorat portait pourtant sur la paranoïa, n'a rien dit de vraiment très intéressant sur ce sujet.
En fait, la psychanalyse n'a rien de fondamental à dire sur la folie : les psychanalystes ne savent pas vraiment ce qu'est la folie.
Personne ne sait ce qu'est la folie -et donc ne peut soigner la folie.
On ne sait en réalité que "stabiliser" les "malades" mentaux -et cela uniquement depuis 1952, date à laquelle les Docteurs Laborit, Delay et Denicker synthétisèrent la première molécule neuroleptique, la chlorpromazine (largactil).
On arrive donc à "calmer" les "malades" (lorsqu'ils veulent bien prendre leurs médicaments...) : on soigne donc le symptôme -pas la "maladie".
Depuis les "aliénistes" du XIXème siècle, on connaît la Psychopathie :
Le britannique Pritchard l'avait baptisée "folie morale" (moral insanity), le français Morel l'appelera "dégénérescence nerveuse", Magnan "déséquilibre psychique" et c'est à l'allemand Kraepelin (l'inventeur de la nosographie psychiatrique), que nous devons le terme "psychopathie".
A l'ère des euphémismes, le DSM 4 en fera la "personnalité antisociale" ...
On a donc beaucoup changé les noms, depuis Pritchard, mais on ne soigne toujours pas, à ce jour, la Psychopathie.
Pourquoi ?
Et bien tout simplement, parce que l'on ne peut soigner qu'une "maladie" -et que la psychose et la psychopathie, ne sont pas des maladies.
APPROCHE ETHOLOGIQUE DE LA MALADIE MENTALE
L'Ethologie est une science peu connue en France.
Et cela d'autant plus que la seule faculté où cette discipline est enseignée, Lyon II, est dirigée par un psychanalyste, qui se fait passer pour un éthologue : j'ai nommé Boris Cyrulnik...
L'Ethologie (grec ethos: moeurs), comme tout le monde le sait -sauf les psychiatres français- essaye de comprendre le comportement humain,en étudiant celui de nos ancêtres les animaux, comme la dominance, les parades nuptiales ou encore le territoire. (on ne peut donc être à la fois "créationniste" et "éthologue").
On peut probablement dire que Konrad Lorenz est le fondateur, en europe, de l'Ethologie. (cf K.Lorenz "De l'agression"- 1966) ("Les fondements de l'Ethologie" -1984).
Vus à la lumière de l'Ethologie (et de la biosophie : cf Dr Jack Baillet "De retour de Babel"-2003), les soi-disant "troubles" psychiques, apparaissent non pas comme une pathologie, pour laquelle le sujet n'encoure aucune responsabilité (au sens de l'art 121-1 du CP: "N'est pas responsable la personne qui est atteinte, au moment des faits, d'un trouble psychique ayant aboli son discernement"), mais comme un comportement délibérément adopté : une stratégie d'attaque -ou de défense, un moyen découvert intuitivement, par certains individus particulièrement violents (que l'on appelle généralement "psychopathes"), pour obtenir ce que la "société" leur refuse -et surtout pour pouvoir imposer impunément leur volonté de puissance.
Contrairement à ce que prétendent les belles âmes, les "malades" mentaux violents, savent parfaitement ce qu'ils font : on peut, par exemple vérifier, chaque jour, en psychiatrie, que ces personnes ne s'attaquent -comme tout prédateur- qu'à ceux qui leur sont physiquement inférieurs (de frêles infirmières psychiatriques, plutôt que des agents hospitaliers "baraqués").
Leur Loi, c'est la loi de la jungle; la loi du plus fort.
Et cela, ça ne se soigne pas.
Ma solution, concernant la gestion des Centres psychiatriques pour malades violents : se débarrasser des Psychiatres, psychologues, psychothérapeutes, et autres psychanalystes, et les remplacer par des CRS.
Jean-Pierre Pagès-Schweitzer
P.S. feu Claude Olievenstein avait parfaitement raison : je suis un facho !
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