mercredi 27 février 2013

CES BRAVES MUZZ (LE PASTEUR BEHNAM IRANI)


Behnam Irani, condamné il y a cinq ans : une lente peine capitale sans sentence

La situation du pasteur Behnam Irani, un ancien musulman, est toujours critique, cinq ans après sa condamnation à autant d’années de prison pour « activités contre la sécurité nationale ». 

La sanction est devenue effective depuis le 31 mai 2011 quand ce chrétien a été incarcéré à la prison de Ghezal Hesar.

Battu par ses co-détenus et ses gardiens, le pasteur se voit refuser toute assistance médicale alors que son état de santé est précaire. Le risque de décès est réel.

Behnam Irani avec son fils, Adriel, avant son incarcération. (Present Truth Ministry)
Behnam Irani avec son fils, Adriel, avant son incarcération. (Present Truth Ministries)

Behnam Irani avait été arrêté le 14 avril 2010 et condamné à un an de prison en janvier 2011, avec une libération prévue pour le 20 octobre de la même année, puisqu’il avait déjà passé plusieurs mois en détention en attendant son procès. Trois jours avant sa sortie, les autorités ont prolongé la durée de sa réclusion, utilisant à cette fin les cinq années de prison avec sursis auxquelles il avait été condamné le 23 février 2008 pour « activités contre la sécurité nationale ». Ce procès avait eu lieu suite à l’arrestation du pasteur, en 2006, pendant un service religieux pour ses activités cultuelles. 

Depuis, la situation de Behnam Irani s’aggrave du fait des mauvais traitements dont l’absence de soins pour son ulcère à l’estomac et ses problèmes de côlon qui lui occasionnent des saignements.
 Le détenu n’a pas accès au dispensaire de la prison, car les Renseignements Généraux ont demandé aux médecins de ne pas réagir à sa situation.
 Behnam Irani est à peine capable de marcher et reste alité.


La politique dissimulée de lynchage de la justice iranienne

La peine de mort pour apostasie, abandon de l’islam en l’occurrence, en Iran, a été médiatisée suite à la condamnation à la pendaison du pasteur Youcef Nadarkhani.  

Les protestations de divers gouvernements d’Etats occidentaux ont sauvé la vie du pasteur, sans que le risque qu’il se fasse assassiner comme le pasteur Dibaj, également libéré grâce à une campagne internationale, ne soit effacé.

Si l’apostasie est interdite, le prosélytisme religieux non musulman est également un motif de condamnation, officiellement pour des motifs d’ordre public ou de sécurité nationale. 


Le pasteur Farshid Fathi a lui été condamné en mai 2012 à six ans de prison pour « atteinte à la sécurité nationale, intelligence avec l’ennemi et propagande religieuse » après avoir été arrêté pour avoir distribué des exemplaires de la Bible. 

Mais outre les condamnations sous de faux prétextes, l’application des peines peut se distinguer des jugements rendus. 

Durant leur détention, ces chrétiens subissent diverses exactions,  risquant parfois la mort même quand aucune sentence capitale n’a été prononcée. 


Condamné à huit ans de prison fin janvier 2013, le pasteur Saïd Abedini affirme, dans une lettre, subir d’horribles pressions, parfois insupportables, dont la finalité est de lui prouver que sa foi est vide et sans réalité.

Si l’opportunité du châtiment capital est du ressort des Etats, encore faut-il, pour qu’elle se justifie, que les condamnations soient proportionnelles aux actes sanctionnés et que la justice soit exempte d’une hypocrisie consistant à infliger des condamnations à l’issue potentiellement capitale qui ne disent pas leur nom.
Le poète persan médiéval Khosrovi avait écrit ces quelques vers aussi susceptibles de définir  la peine capitale non officielle au nom de la religion :

« Combien d’êtres blessés par les coups du destin !
On ne voit pas le trait, mais ils sont terrassés.
Combien de prisonniers de caprices du sort !
Leurs liens restent cachés, mais ils y sont rivés.
Combien d’assassinats le Ciel a commis !
Le sang ne coule pas, mais les morts sont nombreux. » (1)

Téhéran n’a pas paraphé la Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants et n’en connaît non seulement pas la lettre mais non plus pas l’esprit. De la même manière qu’il ignore souverainement le Pacte international relatif aux droits civils et politiques de 1966 qu’il a ratifié en 1975, dont l’article 10 dispose que « Toute personne privée de sa liberté est traitée avec humanité et avec le respect de la dignité inhérente à la personne humaine. »

 On ne voit aucun trait de plume officiel de la justice dans le vécu pénal du pasteur Irani, il risque toutefois bien d’être terrassé par la volonté d’une justice allant sournoisement au-delà de sa propre sentence en le plaçant dans une situation de lynchage à petit feu.


(1) Z. Safa, Anthologie de la poésie persane (Xe-XXe siècle), Connaissance de l’Orient, Gallimard/Unesco, 1964, p. 58.

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