UN IMMENSE ECRIVAIN -ET UN MEC INFECT !
Louis-Ferdinand Céline à Siegmaringen
Publié le 29/12/2012
par konigsberg
Peut-être
pas encore se vanter, Siegmaringen?... pourtant quel pittoresque
séjour!... vous vous diriez en opérette... le décor parfait... vous
attendez les sopranos, les ténors légers... pour les échos, toute la
forêt!... dix, vingt montagnes d'arbres !... Forêt Noire, déboulées de
sapins, cataractes... votre plateau, la scène, la ville, si jolie
fignolée, rose, verte, un peu bonbon, demi-pistache, cabarets, hôtels,
boutiques, biscornus pour « metteur en scène »... tout style « baroque
boche » et « Cheval blanc »... vous entendez déjà l'orchestre !... le
plus bluffant : le Château!... la pièce comme montée de la ville... stuc
et carton-pâte !... pourtant... pourtant vous amèneriez le tout :
Château, bourg, Danube, place Pigalle ! quel monde vous auriez !...
autre chose d'engouement que le Ciel, le Néant et l'à Gil!... (1) les «
tourist-cars » qu'il vous faudrait !... les brigades de la P. P. ! ce
serait fou, le monde, et payant !
Nous là je dois dire
l'endroit fut triste... touristes certainement ! mais spéciaux... trop
de gales, trop peu de pain et trop de R. A. F. au-dessus!... et l'armée
Leclerc tout près... avançante... ses Sénégalais à coupe-coupe... pour
nos têtes !... pas les têtes à Dache!... je lis là actuellement tous nos
« quotidiens » pleurer sur le sort des pauvres Hongrois... si on nous
avait reçus comme eux ! tant larmoyé sur nos détresses, on l'aurait eu
belle, je vous dis ! dansé des drôles de claquettes ! s'ils avaient eu
au prose l'article 75 ces pathétiques fuyards hongrois Coty les
garderait pas souper!... merde!... s'ils étaient simples Français de
France il les ferait vite couper en deux!... en dix s'ils étaient
mutilos! surtout médaillés militaires ! la sensibilité française s'émeut
que pour tout ce qu'est bien anti-elle! ennemis avérés; tout son cœur!
masochisse à mort !
Exilé volontaire en Argentine, Robert Le Vigan meurt le 12 octobre 1972.
En 1943, il avait adhéré au Parti Populaire Français de Jacques Doriot et rejoint Louis-Ferdinand Céline à Sigmaringen en 1944.
Cette fuite avec l’écrivain en Allemagne pour échapper à la sanglante Épuration est décrite en détails par Céline dans « Nord » et « Rigodon » dont Le Vigan est un des protagonistes aux côtés de Lili, la compagne de Céline, et du chat Bébert.
Marginal et excentrique : « Il dormait » , rapporte Madeleine Renaud, » avec une hache et un vélo, pour se défendre et s’enfuir« .
.
Nous là dans les mansardes, caves, les sous d'escaliers, bien crevant
la faim, je vous assure pas d'Opérette!... un plateau de condamnés à
mort !... 1142 !... je savais exactement le nombre...
Je vous
reparlerai de ce pittoresque séjour! pas seulement ville d'eau et
tourisme... formidablement historique !... Haut-Lieu!... mordez
Château!... stuc, bricolage, déginganderie tous les styles, tourelles,
cheminées, gargouilles... pas à croire !... super-Hollywood !... toutes
les époques, depuis la fonte des neiges, l'étranglement du Danube, la
mort du dragon, la vidoire de Saint Fidelis , jusqu'à Guillaume Il et
Goering.
De nous autres, tous là, Bichelonne avait la plus
grosse tête, pas seulement qu'il était champion de Polytechnique et des
Mines... Histoire ! Géotechnie !... pardon !... un vrai cybernétique
tout seul ! s'il a fallu qu'il nous explique le quoi du pour ! les
biscornuteries du Château! toutes ! qu'il penchait plutôt sud que
nord?... si il savait? pourquoi les cheminées, créneaux, pont-levis,
vermoulus, inclinaient eux plutôt ouest?... foutu berceau Hohenzollern!
pardi! juché qu'il était sur son roc ! ... traviole ! biscornu de
partout !... dehors !... dedans ! ... toutes ses chambres, dédales,
labyrinthes, tout! tout prêt à basculer à l'eau depuis quatorze siècles
!... quand vous irez vous saurez !... repaire berceau du plus fort
élevage de fieffés rapaces loups d'Europe ! la rigolade de ce Haut-Lieu!
et qu'il vacillait je vous le dis sous les escadres qu'arrêtaient pas,
des mille et mille « forteresses », pour Dresde, Munich, Augsburg... de
jour, de nuit... que tous les petits vitraux pétaient, sautaient au
fleuve !... vous verrez !...
Louis-Ferdinand Céline, D'un château l'autre, 1957.
Sur le sujet :
A voir :
>>> Lucette à Sigmaringen, émission Le Fond et la forme de 1971.
A lire :
>>> Céline, Degrelle et quelques autres à Sigmaringen
via www.lepetitcelinien.com
(konisberg.centerglog.net)
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Faussement calomnié par Louis-Ferdinand Céline : "LE JUIF HARRY BAUR TOURNE A BERLIN" il sera arrêté à Paris, par la gestapo en 1942, sous
l'ordre de Joseph Goebbels.
Né catholique, de parents alsaciens, Harry Baur est au sommet de la gloire quand la France est occupée.
Ses tortionnaires ayant finalement conclu qu'il ne l'était pas, il est libéré quatre mois plus tard, ne pesant plus qu'une quarantaine de kilos (il en pesait auparavant une centaine). Il ne se remettra jamais des tortures subies lors de son emprisonnement...
Ses obsèques eurent lieu à St Philippe du Roule en présence du Tout-Paris du cinéma et du théâtre. Ainsi pris fin tragiquement autant que prématurément la
carrière du grandiose interprète de Jean Valjean ou de Beethoven. Il
repose à Montmartre, au cimetière Saint-Vincent, ou sa tombe demeure une
des plus visitées.


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