HOMELIE DE SS LE PAPE BENOIT XVI
À Rome, Benoît XVI a condamné les violences religieuses :
Dans son homélie de la messe de Noël, Benoît XVI, dénonçant les « travestissements du sacré », s’est alarmé du refus contemporain de Dieu.
Le pape Benoît XVI, célébrant la messe de minuit à la Basilique Saint-Pierre de Rome, lundi 24 décembre 2012.
Évoquant
« la ville concrète de Bethléem », il a plaidé pour que « les chrétiens
puissent y maintenir leur demeure » et que « chrétiens et musulmans
construisent ensemble leur pays ».
Avec cet article
Habit liturgique utilisé par les papes jusqu’à Jean-Paul II, ce « bouclier de la foi qui protège l’Église », selon l’explication de Mgr Guido Marini, responsable des célébrations au Vatican, est tressé de fils d’or et d’argent qui symbolisent l’unité et l’indissolubilité des Églises latine et orientales, fardeau reposant sur les épaules du successeur de Pierre. Benoît XVI a souhaité le remettre à l’honneur. Et ce n’est sans doute pas un hasard s’il aura été question, dans son homélie, de ces Églises orientales aujourd’hui soumises à rude épreuve.
Cette homélie vient parachever les trois textes importants (1) rendus publics par le pape durant l’Avent. Rédigés de sa main d’enseignant, mais avec des mots simples, cet ensemble de quatre textes s’inscrit dans le cadre de l’Année de la foi, chacun revenant à l’essentiel de celle-ci : la présence de Dieu et la rencontre avec le Christ, dans sa double articulation concrète, quotidienne, et aussi spirituelle.
« si Marie et Joseph frappaient à ma porte ?»
C’est ainsi qu’il faut lire cette homélie de Noël , conçue en trois parties, à partir d’une question simple : que se passerait-il « si Marie et Joseph frappaient à ma porte » ?Le pape dessine trois réponses et un appel. La première réponse est très pratique : « La grande question morale de savoir comment chez nous se passent les choses concernant les personnes déplacées, les réfugiés et les immigrés, devient encore plus fondamentale : avons-nous vraiment de la place pour Dieu, quand il cherche à entrer chez nous ? »
Mais pour le pape, c’est bien la question de Dieu qui est en cause aujourd’hui : « Les méthodes de notre pensée sont organisées de manière qu’au fond, il ne doit pas exister. » Et il en déduit : « Nous sommes totalement ‘‘remplis’’ de nous-mêmes, si bien qu’il ne reste aucun espace pour Dieu. » Et c’est pourquoi, en déduit-il, « il n’y a pas d’espace non plus pour les autres, les enfants, les pauvres, les étrangers ».
Le lien entre la paix et la religion
Puis Benoît XVI a approfondi le lien entre la paix et la religion. S’inscrivant en faux contre l’hypothèse selon laquelle « le monothéisme serait la cause de la violence et des guerres », il reconnaît d’abord que dans l’histoire ont existé des « travestissements du sacré ». Mais, à nouveau, le pape affirme :« Si la lumière de Dieu s’éteint, la dignité divine de l’homme s’éteint aussi. Alors, il n’est plus l’image de Dieu que nous devons honorer en chacun, dans le faible, l’étranger, le pauvre. »
Enfin, l’appel très concret à la paix au Moyen-Orient, lancé en fin d’homélie, s’articule autour de « la ville concrète de Bethléem » et s’élargit en cercles géographiques concentriques, touchant Israéliens et Palestiniens, mais aussi Libanais, Syriens, Irakiens. En écho à son voyage au Liban, en septembre dernier, Benoît XVI souhaite que les chrétiens « puissent maintenir leur demeure », tout en « construisant ensemble leurs pays dans la paix de Dieu ». Il réitérera cet appel le lendemain, dans son message de Noël.
Quelques heures auparavant, comme chaque année, la nuit de Noël au Vatican avait débuté par un geste traditionnel, presque intime, du pape. Alors que la nuit tombait sur Rome, il s’est avancé dans l’obscurité à la fenêtre de son appartement, au troisième étage du palais pontifical, et a salué silencieusement plusieurs centaines de fidèles assemblés dans la nuit froide devant la crèche illuminée. Puis il a allumé une bougie, symbole de la lumière de Noël, en hommage à la crèche inaugurée au même moment sur la place Saint-Pierre.
« pour que cesse l’effusion de sang »
Le lendemain à midi, depuis la loge des Bénédictions, face à une foule très nombreuse rassemblée place Saint-Pierre, Benoît XVI a insisté sur « l’espérance fiable » à l’œuvre dans le monde, « même dans les moments et les situations les plus difficiles », car « la vérité a germé, portant amour, justice et paix ». Puis, parcourant les points chauds du monde, il a lancé plusieurs appels solennels. À la Syrie « pour que cesse l’effusion de sang ».Aux « nouveaux dirigeants de la République populaire de Chine », pour qu’ils « mettent en valeur l’apport des religions ». Mais =le pape s’est tourné aussi vers l’Égypte, le Mali, le Nigeria, le Congo, le Kenya, tous éprouvés par des conflits et des attentats sanglants. À l’image de ce tour du monde, la bénédiction Urbi et Orbi a été ensuite prononcée par Benoît XVI en 65 langues.
1) Le Message pour la journée mondiale de la paix, publié le 14 décembre ; la tribune publiée dans le « Financial Times » le 20 décembre, et les vœux à la Curie romaine le 21 décembre
µµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµ
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire