AU PCF ON CONTINUE A PORTER LES VALISES !
Le PC toujours pour les fellaghas : une divine surprise ?...
Il y a maintenant cinq
ans, Jacqueline Rouillon-Dambreville, maire communiste de Saint-Ouen, baptisait
une rue du nom de Nadia Guendouz, terroriste du FLN.
Dans
la foulée, Nicole Guiraud, victime mutilée du FLN à l’âge de dix ans dans l’attentat
contre le « Milk Bar », lui envoyait la lettre de protestation
ci-dessous.
Rappelons que cet attentat commis le 30 septembre 1956 fit trois
morts et cinquante blessés dont douze amputés. Mais la mairie « coco »
s’en contrefiche royalement : la plaque est toujours en place.
Les ‘’porteurs de valises’’ par Raymond MUELLE. (*)
Comment des journalistes, des artistes, des prêtres,
des militants catholiques, en sont-ils venus à se faire les complices
du FLN.
Lorsque éclate la rébellion du 1er novembre
1954, les nationalistes algériens disposent déjà
de sérieuses connivences dans l'opinion métropolitaine,
ainsi que dans certains milieux européens d'Algérie. En
France, à partir de médias anticolonialistes, des journalistes
engagés, comme Claude Bourdet, Gilles Martinet, Roger Stéphane
de France Observateur, Hervé Bourges et Georges Suffert de Témoignage
chrétien, poursuivent un combat entamé contre l’armée
française en Indochine. En Algérie, le professeur Mandouze,
cofondateur de Témoignage chrétien, le docteur Chaulet,
l’abbé Scotto et d'autres religieux ont favorisé le travail
d'un couple de professeurs, les Jeanson, qui aboutira à la parution,
en 1 955, de l’Algérie hors la loi, pamphlet qui entend prouver
la légitimité du FLN.
Cette agitation médiatico-intellectuelle va susciter
la création de ce qu'on appellera «la nouvelle gauche»,
où l'on trouve chrétiens et marxistes, trotskistes et
francs maçons, syndicalistes et communistes dissidents. On y
rencontre Robert Barrat, journaliste à Témoignage chrétien,
ancien secrétaire général du Centre catholique
des intellectuels français, Jacques Berthelet, ancien séminariste,
Roger Colas de l'Action catholique, le professeur Henri Marrou. Les
ex-communistes mettront sur pied, en novembre 1955, un «Comité
d'action des intellectuels contre la poursuite de la guerre en Algérie»
auquel participeront Mauriac et Sartre.
L’attitude ambiguë des communistes mérite
qu'on s'y arrête. D'emblée, le Parti communiste algérien
fournit à la rébellion les premiers fabricants de bombes
(Alvarez à Oran, Yveton à Alger) les premières
poseuses de bombes d'Alger (Danielle Minne, Raymonde Peschard). Mais
le FLN refusera la constitution de maquis communistes (l'aspirant déserteur
Maillot et Laban sont rapidement neutralisés).
En métropole, le PCF refuse initialement toute
participation officielle aux actions du FLN, se contentant de soutenir
par sa presse les militants du PCA. Il interdit même la désertion
de ses adhérents appelés sous les drapeaux, se bornant
à conseiller l'insoumission. Cela n'empêche pas des actions
individuelles. Le 15 janvier 1956, la police saisit à Nice 600
pistolets, provenant de la manufacture d'armes de Bayonne, destinés
à être expédiés clandestinement en Algérie
par des militants communistes. Ce qui n'empêchera pas le PCF de
voter, le 12 mars 1956, les pouvoirs spéciaux à Guy Mollet
qui, après avoir tergiversé, entreprend la «guerre
d'Algérie».
Dès le début de 1956, on enregistre justement
les signes d'une gangrène se manifestant par la multiplicité
d'aides au FLN.
Chez les progressistes chrétiens, les journalistes
et les prêtres fournissent un contingent important. La police
identifiera rapidement plusieurs prêtres de la Mission de France
dont certains prêtres ouvriers. Jean Urvoas et Robert Davezies
ainsi que l'abbé Boudouresque, se feront particulièrement
remarquer.
Mais il faut ajouter des noms appartenant aux milieux
libertaires et trotskistes, ainsi que des cadres du PC et de la CGT,
agissant à titre personnel. Dans cette mouvance, on peut citer
Michel Raptis, alias Pablo, Maurice Craipeau, Henri Benoist, qui imprimera
El Moudjahid...
En novembre 1955, le professeur Mandouze est arrêté
ainsi qu'Anne-Marie Chauletet et Cécile Verdusant. Robert Barrat
organise défense et pétitions, soutenu par François
Mauriac et Jean Marie Domenach. Les inculpés sont rapidement
libérés.
Jacques Berthelet, un des organisateurs des manifestations
de rappelés tente de regrouper en Suisse des déserteurs
et des insoumis. Sa «clientèle» ne dépassera
jamais la dizaine, mais son réseau de passage de la frontière
sera utilisé à d'autres fins par l'organisation qui va
se mettre en place après l'arrestation de Louanchi et Lebjaoui,
responsables de la Fédération de France du FLN. A la demande
d'Omar Boudaoud, le nouveau responsable du FLN en France, cette organisation
clandestine se constituera rapidement autour de Francis Jeanson, gérant
des Temps Modernes et proche de Jean Paul Sartre.
La prise en main efficace de la population immigrée,
astreinte au paiement de la «cotisation» et d'amendes diverses,
va provoquer un afflux grandissant de trésorerie. De province,
les valises de billets sont acheminées vers Paris. Une partie
des sommes collectées est utilisée sur place, en particulier
pour la rémunération et le défraiement des «
agents » permanents. Le reste, volumineux, est acheminé
vers la Suisse, soit par la valise diplomatique tunisienne, soit par
des moyens clandestins. Cette trésorerie nécessite de
nombreux porteurs, très souvent féminins. Les valises
pouvant d'ailleurs aussi bien receler des armes. Ainsi naîtront
« les porteurs de valises », et l'appellation s'étendra
à tous ceux qui, d'une manière ou d'une autre, aideront
la rébellion. Les difficultés rencontrées conduiront
à rechercher d'autres solutions pour les transferts financiers.
Elles seront fournies par Henri Curiel, juif égyptien, membre
du PCI, dont les relations bancaires internationales seront utilisées.
En 1957, la victoire des paras sur les terroristes de
la bataille d'Alger provoque une intense campagne sur le thème
de la «torture». Avec l'affaire Audin (la disparition d'un
professeur de mathématiques d'Alger appartenant au PC), la condamnation
à mort de la poseuse de bombes Djamila Bouhired, se multiplient
les comités où se font remarquer Madeleine Rebérioux,
Pierre Vidal Naquet et Georges Arnaud. Des campagnes de presse sont
orchestrées par L'Express, Témoignage chrétien,
France Observateur, Le Monde.
La police observe une recrudescence de passages clandestins
de la frontière espagnole. Il s'agit des«spécialistes»
de l’Organisation spéciale du FLN, formés dans les camps
du Maroc. L’abbé Davezies, Étienne Bolo, Jacques Vignes
participent activement au transport, à l'hébergement,
à la mise en place des tueurs envoyés par le GPRA pour
intervenir en France. En Algérie, une dizaine de prêtres
dont les abbés Scotto, Barthez et Cortes, ainsi que des religieux
de Notre Dame d'Afrique, sont impliqués dans les réseaux
de soutien. Seule, la peur du scandale évite à Monseigneur
Duval, archevêque d'Alger, d'être lui-même inculpé.
Parmi les progressistes chrétiens, les protestants
ne sont pas en reste. En mars 1958, le pasteur Mathiot est inculpé
avec une équipe de fidèles: responsable de boîtes
aux lettres, de dépôts d'armes, de collectes de fonds,
d'hébergement et de complicités diverses avec les terroristes.
Les événements de mai juin 1958 et l'arrivée
au pouvoir du général De Gaulle vont bouleverser la donne.
Le FLN, intensifiant la guerre, a besoin de complicités plus
actives, mieux organisées.
En octobre, l'affaire du séminaire du Prado fait
la une des journaux. La police a découvert que des prêtres
de la région lyonnaise couvrent une véritable trésorerie
au profit du FLN. Plusieurs ecclésiastiques, l'abbé Carteron,
le RP Chaize, le curé Magnin sont inculpés. Comme à
l' accoutumée, l'affaire n'ira pas loin.
Les complices du FLN constituent désormais une
nébuleuse relativement importante, coordonnée par Francis
Jeanson. Le monde du spectacle, comédiens, chanteurs, techniciens,
fournit un contingent où l'on retrouve les noms de Jacques Charby,
André Thorent, Marina Vlady ou Serge Reggiani. Françoise
Sagan se vantera plus tard d'avoir mis sa jaguar à disposition.
D'autres noms s'ajoutent à ceux déjà
connus. Bernard Pingaud, Marcel Péju, Claude et Jacques Lanzmann,
Vercors, Georges Arnaud, Simone de Beauvoir, qui prête sa voiture
à la cause. Jérôme Lindon fait paraître La
Gangrène, pamphlet accusant les tortures policières.
Le 20 juillet 1959, les journaux font état de quinze
arrestations de terroristes à Lyon. L’opération permet
de découvrir des dépôts d'armes et de saisir des
plans de sabotage. Avec le responsable musulman de la wilaya est arrêtée
Josette Augay, européenne, mère de famille, égérie
du chef des saboteurs. D'autres arrestations suivent sur tout le territoire.
Au grand dam de la police, les complices français
du FLN bénéficient de protections à des niveaux
élevés. Ainsi, au moment où, sous la responsabilité
du Premier ministre, Michel Debré, le Service Action est engagé
dans des opérations de contre terrorisme sur le territoire national,
le garde des Sceaux, Edmond Michelet, et son cabinet, participent activement
à la protection des porteurs de valises. Joseph Rovan, du cabinet
de Michelet, en témoignera, faisant état de filières
personnelles entre le garde des Sceaux et le GPRA à Tunis. Certains
affirment d'ailleurs que, par ce canal, le GPRA a été
informé de la démarche de Si Salah avant De Gaulle lui
même. Un autre membre de ce cabinet, Gaston Gosselin, se vantera
d'avoir informé les prisonniers de l'existence de micros dans
leurs cellules du fort d'Aix. Il sera remplacé par Hervé
Bourges qui, en 1962, choisira de prendre la nationalité algérienne.
Dans ses confidences, Rovan se félicitera du soutien de Simone
Veil, à l'époque magistrat attaché au ministère
de la Justice, pour son rôle de protection des leaders FLN emprisonnés...
L’événement le plus notable du premier trimestre
1960 est la chute du réseau Jeanson. Depuis longtemps, la DST
était informée des agissements de ces clandestins amateurs.
Si Jeanson lui-même échappe à la rafle, en quelques
jours, une trentaine de ses comparses sont mis momentanément
hors d'état de nuire.
Les documents saisis chez Cécile Decugis, maîtresse
du responsable de la wilaya III, apportent la preuve de l'emploi systématique
des femmes européennes soumises à une emprise sexuelle.
Peu après, l'abbé Corre, de la Mission de
France, est arrêté ainsi que deux passeurs du « Mouvement
jeune Résistance », à la frontière suisse.
Les accusés les plus compromis réclament
l'intervention de Me Roland Dumas. Ce dernier, après une période
d'observation prudente, a décidé de soutenir Jeanson.
Dans la tourmente qui vient d'éclater, il informe son client
des progrès de l'enquête policière en cours, ce
qui lui permet de prendre des mesures indispensables.
De nouvelles arrestations et le procès de l'écrivain
Georges Arnaud, compromis avec Jeanson, favorisent une agitation politico
médiatique intense. Les prises de position du Parti Socialiste
Unifié (PSU), qui vient de naître, celles de l'Union Nationale
des Etudiants de France (UNEF), du Syndicat Général de
l'Education Nationale (SGEN) se rejoignent. Georges Arnaud bénéficie
de l'appui d'un comité de soutien où l'on trouve Yvan
Audouard, Claude Estier, Armand Gatti, Joseph Kessel, Frédéric
Pottecher et, quelques pétitionnaires perpétuels, François
Maspero ou Pierre Vidal-Naquet.
Le procès du « réseau Jeanson »
s'ouvre à Paris le 5 septembre 1 960. Six Algériens, dix-huit
Français comparaissent. Ils sont défendus par vingt-six
avocats. Roland Dumas en est le chef d'orchestre. Sa stratégie
consiste à faire durer le procès le plus longtemps possible
en utilisant la procédure. Le but est de ridiculiser les membres
du tribunal et les discréditer aux yeux de l'opinion. Ce sera
une parfaite réussite.
Une lettre de soutien de Jean-Paul Sartre fournira aux
accusés l'approbation médiatisée de cet intellectuel
incontournable. On saura plus tard que cette lettre était un
faux, rédigé par Marcel Péju. Qu'importe.
Les remous sont profonds dans l'opinion publique apparente.
L’intelligentsia de gauche témoigne son soutien aux porteurs
de valises avec Le Manifeste des 121, une profession de foi dont les
signataires ne sont pas tous des porteurs de valises, mais des sympathisants
souvent abusés. On trouve, à côté d'intellectuels
engagés, des personnalités connues du grand public: Michel
Butor, Clara Malraux, Tristan Tzara, François Chatelet, Madeleine
Rebérioux, Laurent Schwartz, Danielle Delorme, Simone Signoret,
François Truffaut, Jean-François Revel, Claude Roy, etc.
Cette pétition provoque la riposte du «Manifeste
des deux cents intellectuels français», où l'on
trouve les noms de Jean Dutourd, Rémy, Antoine Blondin, Jacques
Laurent, Roland Dorgelès, Pierre de Bénouville, du professeur
Richet, et d'autres.
La déclaration du chef de l'État, le 5 septembre
1960, jour de l'ouverture du procès, «L'Algérie
algérienne est en marche», ajoute à la confusion.
Les forces de l'ordre n'en continuent pas moins leur travail.
Henri Curiel est arrêté le 26 octobre avec son état
major immédiat. En novembre, une cinquantaine d'autres porteurs
de valises sont arrêtés en Bretagne et en Normandie. Étienne
Bolo tombe aux mains de la police en décembre.
Les premiers jours de 1961 sont marqués par les
résultats du référendum relatif à l'autodétermination
algérienne, qui renforcent la détermination du FLN et
de ses auxiliaires français. Ces derniers volent maintenant vers
la victoire. En ce printemps 1961, le FLN est pressé de voir
aboutir les négociations qui lui sont favorables. Il augmente
encore sa pression terroriste, multipliant les assassinats et les sabotages,
resserrant un peu plus son emprise sur la population immigrée.
La direction de la wilaya III décide une manifestation spectaculaire,
le 17 octobre, à Paris. Elle est brisée par la police
(1).
Vaille que vaille, la police et la justice poursuivent
leur mission. Les arrestations continuent et les jugements des tribunaux
aussi, de plus en plus indulgents.
Le 19 mars 1962, les accords d'Évian sont signés.
Au cours des négociations, le FLN a obtenu que les porteurs de
valises bénéficient de l'indulgence la plus grande. Toutes
les actions policières sont interrompues.
Quarante ans après, les anciens «porteurs
de valises» et leurs émules sont devenus influents dans
les instances du pouvoir et des médias. Alors que certains ont
honnêtement reconnu s'être fourvoyés, d'autres constituent
un puissant lobby nullement désintéressé au service
du pouvoir algérien.
(1) L'affaire de la répression de la manifestation
organisée par le FLN à Paris, le 17 octobre 1961, est
un excellent exemple du travail de désinformation poursuivi longtemps
après par les «porteurs de valises» et leurs émules.
Lancée à l’automne 2000 par le parti communiste, elle
avait pour ambition de faire de cette répression un «crime
contre l'humanité». Rien de moins! L’accusation reposait
sur un ouvrage partial et fantaisiste de Jean Luc Einaudi qui évaluait
le nombre des victimes à 200 ou 300. L'enquête impartiale
menée par Jean Paul Brunet (Police contre FLN. Le drame d'octobre
1961, Flammarion, 2000) a prouvé que la répression de
cette action de guerre du FLN s'est soldée tout au plus par 30
à 50 victimes.
(*) Ecrivain militaire, Raymond MUELLE est l’auteur de
plusieurs livres, notamment La Guerre d’Algérie en France (Presses
de la Cité, 1994). Tout jeune, il rejoint clandestinement l’Afrique
du Nord en 1941. Il participe ensuite aux combats de la Résistance
et de la Libération, aux campagnes d’Indochine et d’Algérie.
Il quitte l’armée en 1962 alors qu’il est chef de bataillon au 11e Choc. Il vient de publier Le Commando de l’impossible aux éditions Trésor du patrimoine.
Il quitte l’armée en 1962 alors qu’il est chef de bataillon au 11e Choc. Il vient de publier Le Commando de l’impossible aux éditions Trésor du patrimoine.
Nous remercions vivement La Nouvelle Revue d’Histoire
qui nous a aimablement autorisés à reproduire l’article
du remarquable dossier de son N° 8 de septembre-octobre 2003.
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(francepresseinfos.com)
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