C'EST AINSI QUE LA FRANCE REMERCIE SES VIEUX SERVITEURS
Un
bouquet de chrysanthèmes a été déposé dimanche sur le trottoir de la
rue Kellner, à Paris (XVIIe). C'est là
qu'est mort dans la nuit, probablement de froid, Bernard, un SDF de 59
ans, ancien légionnaire dont la santé s'était détériorée, se
souviennent les habitants du quartier.
"C'est
un coup de froid. Moi j'ai rien vu", reconnaît son dernier compagnon
d'infortune, Florent, qui a passé la
nuit à côté de lui devant le numéro 14, dans le renfoncement
d'immeuble où ils s'étaient installés depuis au moins deux ans, sans se
douter du drame qui se jouait.
Florent
ne savait presque rien de lui, sauf qu'il avait perdu sa femme à un
moment donné et que cette dernière
fumait beaucoup. "Je sais pas d'où il venait, mais il était gentil.
Des fois, il buvait un peu trop", dit le SDF, petit et mal rasé,
enfonçant son bonnet sur sa tête.
Bernard
ne voulait pas aller en centre d'hébergement, se souvient Jean-Luc, un
fonctionnaire qui dit le connaître
depuis 45 ans et venait le voir régulièrement dans ce quartier
populaire du nord de Paris. "Je l'ai connu légionnaire. Un grand
bonhomme comme ça, en galon, ça marque. Mais il a plongé dans
l'alcool, comme d'autres", raconte-t-il.
C'est
Jean-Pierre, un autre habitant du quartier, qui a découvert le décès:
"Je suis passé ce matin, J'ai dit
+bonjour+, personne n'a bougé. Je suis repassé plus tard. Là Florent a
bougé, mais Bernard, il avait un visage bizarre, tout blanc. J'ai
demandé à un monsieur d'appeler les pompiers".
Un colosse à barbe rousse
"Il m'avait raconté qu'il était né dans la rue, que sa mère avait accouché sur le trottoir, avenue de Saint-Ouen",
non loin de là où il est décédé, explique Bill, jeune chauffeur de taxi habitant l'immeuble attenant.
Le SDF, raconnaissable à sa barbe, sa moustache et ses cheveux roux, était dans le quartier depuis "au moins douze
ans", selon plusieurs témoignages.
Robin, qui habite l'immeuble voisin et voyait le SDF tous les jours, est atterré. "C'était quelqu'un de sympa. On
est marqué, forcément", dit-il, soulignant que "des commerçants l'appelaient même Monsieur Bernard".
"C'était quelqu'un d'érudit, il avait la tête sur les épaules", affirme-t-il, même s'il "buvait son coup de rouge
ou de rosé qu'il allait chercher au Franprix".
Les joueurs de pétanque se souviennent aussi de ce grand gaillard qu'ils fréquentaient peu: "Il était sans arrêt
alcoolisé, mais il ne faisait pas d'esclandre", raconte l'un d'eux.
Bernard
se confiait peu, mais tous connaissaient son passé de légionnaire. "On
l'appelait +le légionnaire+",
raconte Omar, qui se souvient qu'il s'installait "tous les jours sur
son banc et écoutait sa radio. On lui apportait régulièrement des
piles".
Ces
dernier temps, "il fallait l'accompagner à son banc. Son état s'était
dégradé. C'était un colosse avec une
grosse voix, mais il avait perdu peut-être 20 kilos en deux mois. Il y
a deux jours, il claquait des dents. Ma femme lui avai descendu une
couverture", raconte Robin.
Au pied d'une poubelle, vêtements, couvertures et valises sont entassés. "Ce sont les affaires de Bernard", dit
Florent, qui ne veut rien récupérer de ce qui reste de la vie de son compagnon de misère.
http://www.liberation.fr
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(lechevalierfrancois.over-blog.com)
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