jeudi 6 septembre 2012

LE PATRIARCHE DES SYRIAQUES CATHOLIQUES


L’Union européenne se moque du sort des chrétiens d’Orient

ignace Ephrem

Le patriarche des syriaques catholiques du Liban, Ignace Ephrem Joseph III, dresse un portrait sans concession du degré d’abandon dans lequel se trouvent les chrétiens d’Orient.

Le patriarche de Beyrouth a qualifié d’ « hypocrisie », dans une interview accordée à  l’agence AINA (version française) l’attitude des nations occidentales : « Pour de nombreux gouvernements, il s’agit principalement d’intérêts économiques. Il ne se préoccupent pas vraiment du sort des Chrétiens du Moyen-Orient. Tout au plus plaideront-ils pour une égalité devant la loi et l’observance des droits de l’homme pour tous, y compris dans les pays où le soi-disant «Printemps arabe» n’a pas eu lieu. Il s’agit principalement de la sauvegarde de la liberté de conscience et de croyance pour tous. Mais cette égalité devant la loi n’existe pas. C’est cela qui menace sérieusement notre survie dans la région ».

L’islam ne tolère pas la liberté religieuse

Ignace Ephrem Joseph III a souligné encore la différence entre les garanties légales écrites, à destination des puissances occidentales et la réalité de la situation pratique. Les chrétiens sont traités comme des étrangers et privés peu à peu de leurs droits. « Les questions de droit déterminent la vie pratique. Elles constituent le cadre de la dignité humaine. Nos jeunes gens ne veulent pas mendier le droit de pouvoir travailler et vivre dans leur propre pays. En Irak, ils me demandent: Que devons-nous faire? Où sommes-nous encore en sécurité? 

Quant à la vie pratique, elle se présente comme suit : Lorsqu’un jeune homme chrétien tombe amoureux d’une jeune femme musulmane et qu’elle l’aime aussi, il doit se convertir à l’islam pour pouvoir l’épouser. Où est la liberté de culte dans tout cela ? Prenons un autre exemple : Nous avons accueilli ici une famille venue d’Iran, dont les membres souhaitent être baptisés. Mais ils risquent leur vie en agissant ainsi. Où est la liberté de religion dans ce cas ? L’islam ne tolère pas les conversions vers d’autres religions. 

La situation se présente de manière similaire en Turquie. 

Nous pouvons y observer les conséquences d’une liberté qui n’est valable que sur le papier. Les biens des chrétiens y ont été confisqués, de nombreuses églises ont été détruites. Mais les chrétiens vivaient en Asie mineure bien avant les musulmans.

En Irak aussi, leurs droits sont officiellement reconnus, mais personne ne les protège, personne n’agit contre la persécution des chrétiens. 

Et maintenant la Syrie. Là aussi, notre présence est menacée ».

Pas de dialogue

Le chef de l’église syriaque est convaincu que l’Union européenne fait fausse route en soutenant les «rebelles » syriens. « Cela n’a rien d’une prise de parti pour ou contre Assad ou l’un des autres potentats de la région. C’est une question de droits identiques pour tous. C’est une question relevant de la primauté des droits de l’homme et non de la primauté d’une religion. L’intégration et la coexistence ne peuvent fonctionner que si la première primauté est respectée. 

Je l’ai dit au gouvernement français à Paris et je vous le répète. À long terme, l’islam fondamental refuse le dialogue d’égal à égal. 

Si l’Union européenne prenait au sérieux ses principes des droits de l’homme, elle s’engagerait ouvertement en faveur de l’avenir des jeunes générations dans cette région du monde. Mais nous sommes confrontés à beaucoup d’opportunisme économique ».

(lesobservateurs.ch)
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