LE DOUBLE JEU DE LA TURQUIE
La
frontière gréco-turque est devenue la principale porte d’entrée des
immigrés clandestins dans l’Union.
Leur présence exaspère les Grecs,
frappés par la crise. La Turquie joue un jeu trouble en
ayant, décidé de supprimer en 2010 les visas pour les ressortissants
de pays comme l’Iran, la Syrie, le Yémen, la Libye, le Liban, le Maroc
et la Tunisie.
Selon les chiffres fournis par le ministère de l’Intérieur grec, pas
loin de 100 000 clandestins ont été «interpellés» dans le pays en 2011.
La plupart sont toujours là.
Ils seraient près d’un million d’immigrés clandestins, hommes, femmes
et enfants, à être bloqués en Grèce (11 millions d’habitants) comme
Abdul Hachim. Pris au piège dans une nasse géographique,
une sorte d’immense Sangatte. «Notre pays est entouré de mers. Une fois arrivés
ici, ils sont coincés», explique Amalia Souli, une avocate
installée à Orestias (ville frontière avec la Turquie), spécialiste des
dossiers migratoires : «La frontière bulgare [accessible par la terre, NDLR] est, décrit-elle, très difficile à
franchir, c’est de la montagne. Et la Bulgarie ne
fait pas partie de l’espace Schengen, cela ne les intéresse pas.» […]
Même si le clandestin parvient à passer à travers les mailles
du filet et à atterrir à Paris ou Berlin, il sera renvoyé en Grèce à la
première arrestation. En vertu des règles fixées dans
l’Union par les conventions de Dublin, c’est le premier pays où le
migrant est entré qui doit traiter son cas.
«Que vont devenir ces gens ? Qu’est-ce qu’ils font une fois relâchés ?»,
s’interroge un fonctionnaire français en fin de mission. Son constat est sombre : «La Grèce est en train de devenir la prison de l’Europe.»
[…]
Le soir, dans certaines rues d’Omonia, quartier situé au coeur
d’Athènes, il n’est pas rare d’être obligé d’enjamber des corps de
toxicomanes pour pénétrer dans un immeuble ou tout simplement
passer son chemin. Dans cette capitale (près de 4 millions
d’habitants) dépourvue de banlieue, Omonia concentre les squats de
clandestins.
Drogue, prostitution, délinquance, sida : l’endroit est devenu une
sorte de zone grise. Mieux vaut ne pas y traîner. Les policiers (dont
les salaires ont été amputés de 30 % l’an dernier) avouent
leur inquiétude : «Nous sommes assis sur une bombe à
retardement, prévient l’un d’eux. Dans le domaine de la criminalité, tous les compteurs sont au rouge. Les home jackings, les cambriolages, les vols à l’arraché, tous les chiffres ont
explosé.» […]
Aux élections législatives du mois de juin, le parti néonazi Aube
dorée a obtenu près de 7 % des voix et dispose à présent de 18 députés
au Parlement.
Son programme est simple : expulsion sans condition des immigrés.
De la Thrace et d’Athènes.
Son programme est simple : expulsion sans condition des immigrés.
De la Thrace et d’Athènes.
(scoop.it)
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