mercredi 2 février 2011






Ephéméride du 2 Février.



C’est surprenant mais c’est ainsi : il y a une bonne vingtaine de jours, dans l’année, pendant lesquels il ne s’est pas passé grand’chose ( voire rien du tout…) ; du moins pas grand’chose de notable et vraiment digne d’intérêt.

Nous en profiterons donc, dans notre évocation historico-culturelle de notre Histoire, de nos Racines, pour donner un tour plus civilisationnel à notre balade dans le temps ; et nous évoquerons ces jours-là des faits plus généraux, qui ne se sont pas produits sur un seul jour (comme une naissance ou une bataille) mais qui recouvrent une période plus longue.

Ces jours creux seront donc prétexte à des Evocations : Quand la Terreur s’est abattue sur Notre-Dame de Paris. Quand le Consul Caïus Marius a sauvé Rome et la Civilisation en écrasant, en Provence, les Cimbres et les Teutons. Quand Le Nôtre a imposé les Jardins à la Française . Quand Léonard de Vinci s'est installé au Clos Lucé. Quand Louis XIV a fait de Versailles un triple poème : humaniste, politique et chrétien. Quand la cathédrale saint Pierre de Beauvais a reçu, au XIII° siècle, son extraordinaire vitrail du "Miracle de Théophile" etc.......

Aujourd'hui, et puisque nous avons évoqué hier la fin des Capétiens directs, voici un essai de Bilan des Capétiens, proposé par Michel Mourre, dans son incontournable Dictionnaire Encyclopédique d'Histoire......

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"...La réussite des Capétiens, bien étonnante si l'on songe au minuscule domaine d'Hugues Capet, entouré de puissants féodaux, s'explique par plusieurs raisons.

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Les Capétiens créèrent une dynastie héréditaire. L'élection mit longtemps à disparaître mais elle prit assez vite la forme d'un consentement des grands. Par un heureux hasard, les Capétiens, de 987 à 1316, eurent toujours un fils pour leur succéder à leur mort. Jusqu'à Philippe Auguste, ils désignèrent et firent couronner l'héritier de leur vivant. La disparition de cette coutume au début du XIII° siècle montre que le principe de l'hérédité monarchique était désormais incontesté.

La plupart des Capétiens directs eurent aussi la chance de régner longtemps ( Robert II, trente-cinq ans; Henri I°, vingt-neuf ans; Philippe I°, quarante-huit ans; Philippe Auguste, quarante-trois ans; Saint Louis, quarante-quatre ans; Philippe le Bel, vingt-neuf ans ).

A cette longévité personnelle s'ajoutait un sens profond de la tradition, un sentiment de solidarité étroite avec leurs prédécesseurs, comme si "la dynastie n'était pas seulement une suite de princes issus les uns des autres, mais une suite de volontés ne formant qu'une volonté" (G. Dupont-Ferrier).

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Le Donjon de Vincennes (1361).

Héréditaire, la succession capétienne fut en outre sévèrement monarchique : il n'y eut plus désormais qu'un seul roi, alors qu'on avait connu sous les Mérovingiens des tétrarchies ( les fils et les petits-fils de Clovis ), sous les Carolingiens des triarchies ( Pépin le Bref et ses deux fils ), et des dyarchies ( Carloman et Charlemagne, Louis III et Carloman II, Eudes et Charles le Simple ).

Un autre caractère de la succession capétienne, la masculinité, triompha en 1316, à la mort de Jean I° le Posthume, ainsi qu'en 1328, à l'extinction des Capétiens directs, suivie par l'avènement de Philippe VI de Valois, issu de la branche cadette.

Imbus de l'esprit de tradition, les Capétiens se distinguèrent pour la plupart par un réalisme un peu étroit mais fécond. Alors que les Plantagenêts tentèrent de construire un État franco-anglais sans avoir sûrement établi leur autorité en Angleterre même; alors que les Hohenstauffen, aux prises avec une puissante féodalité allemande, dispensèrent le meilleur de leurs forces en Italie, les Capétiens, tels des paysans arrondissant peu à peu leur champ, se bornèrent volontairement à l'idée simple de faire la France, d'être maîtres chez eux, en se gardant de toute conquête excentrique, en participant même très peu aux Croisades.

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Abbaye de Royaumont.

Leur grand souci fut d'affermir et d'élargir leur puissance foncière initiale, le domaine royal, par tous les moyens : mariages, accords divers, héritages, achâts, conquêtes. A l'avènement d'Hugues Capet, ce domaine royal, fait d'élèments disparates, éparpillés entre Senlis et Compiègne au nord et la région d'Orléans au sud, avait une superficie totale qui ne dépassait pas celle de l'un de nos départements. Il était trois et cinq fois plus petit que, respectivement, les duchés vassaux de Normandie et de Guyenne. En 1328, seules la Flandre, la Bretagne, l'Aquitaine et la Bourgogne se trouvaient encore, à l'intérieur du royaume, en dehors du domaine royal.

Tirant une force particulière du sacre, s'appuyant sur l'Église, les Capétiens exercèrent à fond leurs prérogatives de suzerain pour étendre leur autorité au détriment des féodaux. Contre ces derniers, ils scellèrent, dès le XI° siècle, l'alliance étroite du roi et du peuple, qui se manifesta avec éclat lors de la victoire de Bouvines, en 1214.

Sans invoquer un idéal inaccessible, comme les souverains du Saint Empire, les Capétiens surent s'imposer avec une efficacité patiente, quotidienne, comme les champions intransigeants de l'ordre et de la justice. Ils assirent également leur popularité sur la fierté nationale, sur leur refus radical d'admettre, au temporel, aucune autorité supérieure à la leur, que ce fut celle de l'empereur - car ils se proclamaient successeurs directs de Charlemagne et "empereurs dans leur royaume" - ou celle du pape -car leur sacre leur conférait le pouvoir directement de Dieu seul. Ainsi l'absolutisme demeura-t-il toujours dans le droit fil de la pensée capétienne."

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Les fonts baptismaux de Poissy,

où fut baptisé Saint Louis.

Publié dans Ephéméride....Ou: Balade dans notre Culture. ¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤

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