LA FRANCE ...TERRE D'ASILE
Nissa Rebela | |
04 Jul 2010
Saturation des structures d’accueil pour les demandeurs d’asile
Avenue Thiers à Nice, la plateforme L’Olivier-ALC a dû se résoudre à prévenir d’emblée les primo-arrivants : « Il n’y a plus de possibilités d’hébergement ». (Photo C.C.)
Littéralement débordées par la demande, les Alpes-Maritimes n’arrivent plus à héberger les nouveaux arrivants
C’est une jeune maman avec trois enfants, dont un bébé de deux mois. Une petite famille tout juste arrivée d’Ingouchie. Une fois à Nice, on lui a signifié qu’il n’était plus possible d’héberger d’autres demandeurs d’asile. Finalement, pressés par les associations, les services de l’Etat lui ont accordé un toit mercredi soir. Pour quelques nuits au moins.
« Qu’on ait du mal à héberger des gens, c’est déjà arrivé. Mais avec de jeunes enfants, c’est la première fois », constate une militante du Réseau éducation sans frontières 06. Un cas révélateur du contexte actuel. Le message désormais véhiculé par les structures d’accueil est clair : la Côte d’Azur n’a plus les moyens d’accueillir les « primo-arrivants ».
1 394 personnes logées
« Il n’y aurait plus d’argent pour assurer l’hébergement, et plus de place dans les hôtels avec le début de la saison touristique », déplore Michel Courtoisier, de RESF 06. « Pourtant, le droit français – et européen – prévoit que les demandeurs d’asile soient hébergés, le temps de l’examen de leur dossier. »
C’est bien le cas en théorie. « Mais seulement dans la mesure des capacités d’hébergement, lesquelles sont désormais en voie de saturation dans les A.-M. », selon les services préfectoraux. Ceux-ci rappellent que « le flux d’arrivée des demandeurs d’asile est en constante et très forte augmentation depuis quatre ans », chiffres à l’appui : 1 394 personnes hébergées au 1er juin… contre 562 en septembre 2008.
« C’est l’un des départements qui a le plus subi cette augmentation des flux », constate Jean-François Ploquin, directeur de l’association Forum Réfugiés.
Le budget alloué à l’hébergement augmente en conséquence : environ 7,5 millions d’euros en 2010, contre 5,5 l’an dernier. Ce qui ne manque pas d’irriter certains contribuables, ainsi que nous l’ont signifié plusieurs lecteurs.
« Dispositif détourné »
Malgré cela, les services de l’Etat se retrouvent débordés. Nouvel épisode d’une crise qui dure depuis des mois. Cet hiver, plus de 60 immigrés fuyant la Corne de l’Afrique avaient occupé un ancien théâtre niçois, deux mois durant, avant d’obtenir un toit. Début juin, un gérant d’hôtel meublé avait délogé 23 familles tchétchènes, excédé de ne plus être payé depuis des mois.
Cette fois, l’Etat dit « stop ». Et pointe du doigt ceux qui « détournent le dispositif d’hébergement », en continuant à en bénéficier une fois obtenu le statut de réfugié.
La chasse aux abus va « s’intensifier dans les prochaines semaines ».
En attendant, les « primo-arrivants » doivent s’en remettre au soutien des associations... Ou de leurs compatriotes établis sur la Côte d’Azur.
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