jeudi 24 juin 2010

LE CIRQUE D'HIVER ::: MAIS OU SONT LES CLOWNS D'ANTAN ?



(à gauche
le mime JPPS)


(à droite: Achille ZAVATTA)

(Paul Cézanne, Pierrot et Arlequin, personnages de la Commedia dell'arte à l'origine du clown blanc et de l'August)

(Alex et Zavatta)












Il y a 65 ans...Mon cousin (Jean Chartier) et moi, nous faufilions régulièrement par l'entrée des artistes (rue de Crussol), et assistions gratuitement au spectacle du Cirque Bouglione.

Une fois rentrés à la maison, Jean recevait le martinet -moi, non.

Mon cousin était en quelque sorte, mon "whipping boy" : ma grand-mère maternelle, qui nous élevait tous les deux (dans le culte du Maréchal), avait des instructions strictes de ma mère, lui interdisant formellement de me toucher.

Mais je pleurais quand même, car j'aimais beaucoup mon cousin.

Le jeudi suivant, nous étions de retour au cirque.

Ce petit manège n'avait pas échappé à tous le monde; un clown nous avait repéré.

Et un jour, il nous mis la main au collet.

Après nous avoir copieusement sermonné, il nous donna rendez-vous, après le spectacle,dans un café situé en face du cirque (aujourd'hui remplacé par une Banque).

A partir de ce jour, il nous offrit un chocolat chaud après chacune de nos "expéditions".

Ce clown s'appelait Achille Zavatta.

Zavatta était l'AUGUSTE, et Alex (Alexandre Bugny de Brailly) le CLOWN BLANC.

Ces deux clowns (de l'allemand:Klönne -paysan balourd, comme le "Pierrot" de Dom Juan), ainsi que leur compère "Monsieur Loyal", ont depuis cette époque, été pour moi, le véritable paradigme du Cirque.

Aujourd'hui, les clowns ne me font plus rire -et Monsieur Loyal manque, à mon avis, totalement de charisme .(Le premier M.Loyal, fut Anselme Loyal-1753-1826.C'est cependant son petit-fils Théodore, qui fut le premier Présentateur-Régisseur au Cirque d'Hiver).

J'ai trouvé le numéro de domptage (lions) plutôt triste (comparé à celui du Cirque PINDER, où, grâce à Monsieur Delanoë, je me rends tous les ans).

Colette trouvait les acrobates très "sexys" : Elle aurait été déçue par ceux qui se produisent, en ce moment, au Cirque d'Hiver...

Enfin, il y a beaucoup trop de danseurs (pratiquement un numéro sur deux) . On est à la limite du music-hall !

Les clowns du Pinder ne sont pas très drôles non plus.

Et l'on peut s'interroger sur les raison profondes, qui pourraient être à l'origine de cette catastrophe culturelle.

Le Paillasse est le descendant direct des acteurs de la commedia dell'arte, qui en France, devint la Comédie Italienne, avant qu'un certain Jean-Baptise Poquelin (lui-même, ancien acteur de la commedia), ne la détrône, en produisant sur la base de ces "slapstick comedies", des pièces beaucoup plus sophistiquées : Arpagon est un "pantalone" plus élaboré; Dom Juan, un "capitano" ayant acquis de la profondeur, voire une certaine spiritualité (Il "assume" et prend la main du Commandeur).

L'acteur de la commedia était un artiste complet : il devait pouvoir improviser (les scenarii n'étant que des "canevas") et ils disposait de florilèges de citations, à placer au moment opportun. C'était un jongleur, un acrobate, un écuyer..et aussi un musicien.

C'est peut-être trop demander aujourd'hui, dans notre République médiocratique française, ou l'on trouve son baccalauréat dans une pochette surprise, et où l'on pourra bientôt entrer à Saint-Cyr ou à Polytechnique, sur simple présentation d'un acte de naissance, délivré dans une commune du 9-3.

La famille Bouglione ne va probablement pas apprécier mon article. j'en suis moult marry.

je finirai cependant sur un compliment.

Le recrutement du "chef de barrière", mon ami Stéphane, fut fort judicieux !

Ce "Chef des accessoiristes" travaille dans la coulisse.

Il supervise tous le show : Il doit faire monter et démonter la cage aux fauves, dans un temps record. Il aide tous les artistes, en leur fournissant -au bon moment- tous leurs accessoires.

Il aide le dompteur, en surveillant les fauves et en ouvrant la trappe lorsqu'ils ne sont plus requis. Il facilite l'entrée et la sortie de piste des chevaux.

Il voit tout. Rien ne lui échappe : c'est l'oeil du maître, selon La fontaine.

Et en tout cela, Stéphane excelle.

Si j'avais l'outrecuidance de donner un conseil à la famille Bouglione, je leur suggérerais d'ouvrir davantage leurs spectacles, à des artistes ne faisant pas partie de la famille.

...Et surtout je confierais à l'un d'entre eux (qui pourrait être le jeune Sampion III), la mission de parcourir l'Europe, (et pourquoi pas, les Amériques), à la recherche de "réincarnations" d'Alex et de Zavata.

Jean-Pierre Pagès-Schweitzer

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