dimanche 6 juin 2010

LA TURQUIE....ET LA "CAUSE" PALESTINIENNE

La Turquie et l'instrumentalisation de la cause palestinienne

Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a déjà déclaré que la Turquie avait pour objectif de rétablir l'empire Ottoman (lire).

L'armée a traditionnellement joué le rôle de gardienne de la laïcité dans ce pays, mais Erdogan a accusé des officiers de préparer un coup d'état et il a récemment arrêté l'ancien ministre de la justice en relation avec ce supposé complot. Les officiers ont été remplacés par des islamistes. L'armée turque n'est plus laïque, elle est passée sous l'influence des Frères musulmans.

D'autres acteurs aspirent aussi au rôle de grand calife d'un nouvel ordre islamique mondial, dont le Guide suprême de la révolution iranienne, l'ayatollah Ali Khameini qui voudrait incarner le Madhi, le 12e imam annonciateur de la victoire de l'islam sur Terre.


L'alliance opportuniste entre sunnites et chiites vise l'élimination de l'état d'Israël, mais elle ne saurait durer. Les hostilités reprendront, comme durant la guerre Iran-Irak. Les Perses et les Ottomans (y compris les Saoudiens, qui n'ont pas d'armée) ont des mentalités incompatibles.


Dans une tribune publiée dans La Presse d'aujourd'hui, David Benhoussan, professeur à l'Université du Québec, parle du virage islamiste de la Turquie, qui ne présage rien de bon pour la paix mondiale.



Erdoganonminaret

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Le virage de la Turquie,

par David Benhoussan

La nouvelle donne au Moyen-Orient est le rôle agissant de la Turquie. Lorsque le nouveau parti islamiste présidé par Recep Tayyip Erdogan a remporté un vote électoral majoritaire, toutes les assurances de modération ont été données en vue de calmer les inquiétudes du monde occidental.


Jusque-là, la Turquie avait vécu la laïcité complète depuis la fondation de l'État moderne de Turquie par Mustapha Kemal-Ataturk.

Toutefois, un glissement lent mais permanent montre que le gouvernement actuel se distance de plus en plus de l'image de modération qu'il a voulu projeter à son arrivée au pouvoir. [...]


Dans la flottille en route pour Gaza, se trouvaient bon nombre d'extrémistes turcs membres de l'association humanitaire à tendance islamiste, connue par son sigle IHH. [...]


Selon l'expert de la lutte antiterroriste français Jean Louis-Bruguière, cette organisation n'est qu'une couverture pour la conscription de djihadistes pour Al-Qaeda.

En laissant une telle organisation s'impliquer aussi ouvertement, le gouvernement turc devait être pertinemment conscient que la violence serait bel et bien présente dans les développements ultérieurs de la flottille en route pour Gaza. Cette manipulation s'est faite au détriment d'Israël, des Palestiniens, des pacifistes convaincus d'agir pour une cause humanitaire et de la Turquie.

Pour Israël comme pour l'Égypte, le blocus de Gaza vient arrêter l'infiltration d'armes meurtrières en provenance de l'Iran, tout comme cela a été fait au Liban.

Israël se doit d'inspecter les convois humanitaires avant de les transmettre. En aucun cas, un pays ne peut permettre de laisser des organisations tirer impunément des roquettes sur des populations civiles, et des mesures s'imposent. Les médias en font des gorges chaudes...

Pour les Palestiniens, ils ont longtemps fait l'objet d'instrumentalisation de la part des dictateurs de la région, et le sont encore par l'Iran qui leur fait miroiter des solutions radicales.

À Gaza, le Hamas joue le jeu de l'Iran qui fait tout pour torpiller tout accord de paix en perspective, politique qui n'a rien apporté aux Palestiniens au cours des dernières décennies. Or, l'instrumentalisation continue.


Pour les pacifistes convaincus d'agir pour une noble cause, ils ne s'attendaient sûrement pas à être l'otage d'extrémistes. Leur bonne volonté a été détournée à d'autres fins.

Pour la Turquie qui s'est vu fermer l'accès à l'Union européenne, l'emprise grandissante des islamistes ne laisse guère présager une coexistence harmonieuse.

Les exemples de la dictature iranienne ou celui d'une Algérie en guerre civile ont de quoi faire réfléchir.

Source : La Presse, 3 juin 2010

(jean-marislebraud.hautetfort.com)

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